Le prix Sarah-Siddons va être attribué à la meilleure actrice de théâtre de l'année. Eve Harrington le gagne et toute l'assemblée l'applaudit, sauf deux femmes. Le film est un long flashback qui nous apprend tout sur Eve.
La légende de la scène théâtrale new-yorkaise, Margo Channing, reçoit dans sa loge une admiratrice, Eve, qui est venue à chaque représentation de la pièce en cours. Le fiancé de Margo, Bill Sampson, metteur en scène de la pièce, part le soir même travailler à Hollywood pour plusieurs semaines.
Apitoyée par le destin tragique d'Eve, Margo la prend sous son aile comme secrétaire particulière. De fil en aiguille, Eve prend de plus en plus d'importance en devenant à la fois la sœur, la mère, l'amie, l'avocat et la gardienne de Margo. Au retour de Bill, éclate la première scène de jalousie de Margo car celui-là l'a négligée et s'est d'abord occupé d'Eve.
Une prochaine pièce est en préparation et Margo est évidemment pressentie pour le rôle principal malgré le fait qu'il s'agisse d'une femme d'une vingtaine d'années alors que Margo a 40 ans. Eve, envieuse d'un succès semblable à celui de son idole Margo, réussit à remplacer sa doublure. Elle arrive à ses fins en allant donner la réplique à une jeune actrice lors d'une audition : on ne remarque qu'elle. Elle place ses pions, patiemment.
Comme Margo devient de plus en plus insupportable en raison de sa jalousie, sa meilleure amie Karen Richards, femme de Lloyd, auteur des pièces de théâtre interprétées par Margo, décide de lui jouer un tour. Au retour d'un week-end, Margo rate son train – pas par accident –, et ne peut pas jouer au théâtre. Eve la remplace. La presse est présente ce soir-là et, le lendemain dans les journaux, fait presque un triomphe à Eve. En particulier le redouté critique Addison DeWitt, qui publie une interview d'Eve critiquant ces actrices plus âgées qui continuent à vouloir se cantonner dans des rôles de jeunes premières.
Des liens se créent entre Eve et DeWitt pendant que d'autres se désagrègent, entre Margo et Eve. Margo et Bill annoncent qu'ils vont se marier. Une sorte de chantage permet à Eve d'obtenir le rôle principal dans la nouvelle pièce de Lloyd.
Eve fait ensuite tomber celui-ci dans ses griffes et informe même DeWitt qu'ils vont se marier. DeWitt, fasciné par Eve et soucieux de conserver l'influence qu'il a sur sa carrière, lui fait renoncer à ses projets. Quelques heures avant la grande première, il lui fait comprendre qu'elle lui appartient, elle et sa carrière, qui ne font plus qu'une, car il a découvert des informations sur son passé et exerce un chantage à son tour.
Eve gagne le prix Sarah Siddon. Ce même soir, elle découvre chez elle une jeune actrice et admiratrice : celle-ci commence à s'occuper des affaires d'Eve figurant ainsi la fermeture de la boucle du destin ...
"All About Eve" est le film culte par excellence. Quelle chance ai-je eu d'avoir des parents qui me permettaient de regarder le "Ciné Club" sur la 3. Si vous ne l'avez jamais vu, je vous invite à le découvrir. Il a quelques défauts forcément, il est par exemple un peu académique, mais j'ai vraiment découvert un joyau, un film regorgeant de moments mémorables et de scènes d’anthologie ou les savoureux dialogues appuient là où ça fait mal. Tous les comédiens jouent merveilleusement bien avec une mention spéciale, bien sûr, à l’immense Bette Davis. Dans une courte scène, on y voit Marilyn Monroe dont le magnétisme crève déjà l’écran.
Ne laissant rien au hasard, les producteurs ont apporté beaucoup de soin au look du film. La direction artistique restitue à la perfection la splendeur des demeures de stars et les somptueux costumes reflètent avec une chaleureuse nostalgie cette époque révolue. "All About Eve" fait partie de ces grands classiques qu’on peut voir et revoir avec un plaisir neuf à chaque fois.
Pour le cinéaste américain Joseph L. Mankiewicz, tout individu est un acteur qui joue un rôle dans le seul but d'atteindre la gloire, la reconnaissance, la fortune, en un mot le pouvoir auquel il aspire. Son oeuvre, attentive aux méandres de l'esprit humain, s'attache à l'observation minutieuse de ses moindres écarts. Aucun film n'a atteint une telle maîtrise dans l'art de faire tomber les masques et les illusions que son "All about Eve", récit d'une ambition dévorante et d'un machiavélisme sinistrement communs.
Récompensé par cinq Oscars en 1950 (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur second rôle masculin, meilleur son et meilleur scénario), il décrit sans complaisance ni artifice l'ascension d'une jeune actrice aux dents longues, prête à toutes les trahisons pour détrôner la star incontestée de la scène théâtrale new-yorkaise. Avec des rôles qui semblent avoir été écrits sur mesure pour les monstres sacrés qui les incarnent, des dialogues ciselés et une trame aussi palpitante que désespérante, Mankiewicz a donné l'une des plus belles études de moeurs du cinéma hollywoodien.
Bette Davis à propos d’Ève : "Dès le premier tour de manivelle aucun film ne me donna autant de satisfaction… Ce fut un grand film, dirigé par un grand metteur en scène, avec une distribution idéale… Après la projection, je pus dire à Joe (Joseph Mankiewicz), qu’il m’avait ressuscitée."
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