mardi 30 juin 2009

dimanche 28 juin 2009

La peugeot 504 coupé et cabriolet


Imposante voiture présentée en septembre 1968 (à l'origine, elle devait être présenté en mai ...), la berline 504 représente les valeurs traditionnelles de sérieux et de robustesse de la marque. Si elle remplace la 404, dont son moteur est dérivé, la 504 présente un gabarit plus important que sa devancière, tandis que la cylindrée passe de 1600 à 1800 cm3. Qu'on ne s'y trompe pas, ces 200 cm3 traduisent beaucoup plus qu'il n'y parait. C'est un changement de catégorie.

Fidèle à sa politique de déclinaison de gamme, Peugeot ne tarde pas à dévoiler, au salon de Genève de 1969, ses versions les plus luxueuses. En cabriolet comme en coupé, la 504 connaît une véritable métamorphose esthétique. A l’image de leurs homologues dérivés de la 404, mais plus encore que ces derniers, ces modèles n'ont plus rien de commun avec les formes de la berline — contrairement aux cabriolets 203 et 403.

Avec le cabriolet, la 504 se métamorphose et le décor change du tout au tout. La prude fille de Sochaux apparaît sous les traits d'une séduisante italienne, qui s’inscrit dans la lignée des réalisations de Pininfarina pour Peugeot. Remarquable synthèse de sobriété et d’élégance, le cabriolet apparaît comme l’un des plus séduisants de la production sochalienne.
Le mois d'août 1983 met un terme à la production du cabriolet, qui disparaît du catalogue avec l’ensemble de la gamme 504.

Avec le cabriolet 504, nous sommes loin de l'esprit du roadster anglais. Confortable, le cabriolet 504 est aussi très élégant. La pureté du trait et l'absence de concession à la mode permet à son design de résister au temps et de conserver sa modernité. Pininfarina s'est surpassé dans le classicisme pour son fidèle client francomtois. On ne relève aucune note agressive dans ces lignes sages. On remarque particulièrement la symétrie entre les parties avant et arrière. Seuls les feux arrière disposés en biais apportent une note de fantaisie.

Le cabriolet reprend la structure de la berline. L'empat- tement a toutefois été réduit de 19 centimètres et la voie arrière élargie de 5 centimètres. Bien que plus court de treize centimètres, le cabriolet 504 affiche sensiblement le même poids que la berline, ce qui n'est pas surprenant s'agissant d’une voiture de carrossier — les carrosseries sont fabriquées à Turin. Il bénéficie d’un généreux coffre à bagages d'une capacité supérieure à 300 dm3. Quant à la capote, elle se révèle d’un maniement aisé, une qualité rare à l’époque pour les capotes manuelles.

La faiblesse principale du cabriolet 504 tient à sa grande sensibilité à la corrosion. Celle-ci trouve sa source à la fois dans la mauvaise conception du système d'écoulement des eaux et dans la médiocre protection des tôles qui n'ont bénéficié que tardivement du traitement anticorrosion. Avant tout achat, Il convient de procéder à une inspection en règle de tous les corps creux et parties basses de la carrosserie (jupes, bas de caisse, bas des ailes et planchers). La partie frontale du capot est également vulnérable en raison d'une gouttière interne où l'eau stagne. De même, se méfier des ourlets et replis de tôle comme les bordures d'ailes. Tous les points de pénétration possible de l'eau doivent être vérifiés, tels que les joints de pare-brise et de lunette arrière, ainsi que les pieds de portes. L'eau s'accumule également dans une partie creuse du plancher située sous le sac à capote.

Le cabriolet 504 offre le privilège de quatre vraies places confortables. Il est même l’un des rares en Europe à proposer cet avantage. C’est une voiture confortable et bourgeoise née pour le voyage et s’adressant à des couples installés dotés d’une progéniture.
L’intérieur se révèle moins chaleureux que celui du coupé et quelques bruits aérodynamiques sont à mettre au compte de la capote. Bien dessinés, les sièges offrent une bonne assise et l’on bénéficie d’une généreuse habitabilité à l‘avant. Plus limitées, les places arrière peuvent néanmoins accueillir deux passagers adultes dans de bonnes conditions.

On retrouve dans l’habitacle le même parti pris de sobriété que celui de la berline. L'ensemble apparaît banal et il faudra attendre longtemps pour constater de significatifs progrès dans ce domaine. Si on remarque la présence de lève-vitres électriques en série, peu courants à l’époque, il manque un compte-tours au tableau de bord. D'inspiration typiquement Peugeot, la finition de ce dernier, en particulier son fond à l’aspect métallique, sent l'économie. Ce qui paraît surprenant vu le caractère hors série de ces modèles et leur prix élevé.
La version 2 litres lancée au salon de Paris de 1970 voit l'apparition d'un compte-tours au tableau de bord.
Un nouvel intérieur marron et beige remplace l'ancien de couleur noire sur le millésime 1975.

Au salon de 1979, l’habitacle reçoit un traitement vraiment digne du design de la voiture, avec des boiseries à base d'essences nobles.
Une refonte du tableau de bord intervient en 1982. Orné désormais de deux grands cadrans abritant le tachymètre et le compte-tours, l'ensemble a beaucoup d'allure. Mais il est bien tard !

Le cabriolet 504 est un modèle spécifique doté d'un comportement routier qui lui est propre. La tenue de route apparaît comme l’un des points forts de la voiture, d’une remarquable homogénéité. Les éloges vont à la tenue de cap, ainsi qu’au comportement en courbes où le cabriolet s’inscrit parfaitement dans la trajectoire qu’on lui assigne.

On en vient naturellement à souhaiter une motorisation plus en rapport avec ses capacités routières. Même la version V6 paraît en dessous des limites d’exploitation, ce qui contribue à renforcer le sentiment de sécurité au volant. Il convient néanmoins de faire preuve de vigilance sur sol mouillé, où les roues motrices peuvent amorcer des mouvements de décrochage, qui seraient plus aisément contrôlables avec une direction moins démultipliée.

Le prix d'un cabriolet 504 dépend beaucoup de l'état de sa carrosserie, compte tenu du problème de corrosion. Pour un exemplaire en très bon état du modèle quatre cylindres, la cote s’établit à 12 000 €. Il faudra mettre au moins 2000 € de plus pour acquérir le rare V6 (977 exemplaires produits), malgré son appétit glouton (carburateurs et boîte à quatre vitesses).Le cabriolet 504 offre l’avantage d’être utilisable au quotidien, à l’image d’une voiture moderne — qu’il est d’ailleurs. Le soumettre à un tel usage ne présente aucune difficulté, comme le prouvent certains membres de « L’Amicale 504 CC » qui ne possèdent pas d’autre véhicule « moderne » aux yeux des assureurs. A condition d’être scrupuleusement entretenu, il dépassera largement les 200 000 kilomètres au compteur.

En produisant le cabriolet 504 dans une période bouleversée, Peugeot a eu le mérite de persister dans une voie que d’autres jugeaient condamnée. Le cabriolet était alors appelé à disparaître du marché, la plupart des grands constructeurs y renonçant. Le premier mérite de la voiture est donc d’exister.

Elégant et confortable, le cabriolet 504 affiche une personnalité bourgeoise dénuée de caractère sportif. « Aurait pu mieux faire », telle serait l’appréciation que l’on pourrait porter sur le modèle, justifiée par une mécanique trop proche de la berline. C’est une trentaine de chevaux qui manque au deux litres injection pour porter la lourde carrosserie. Pourquoi avoir puni le cabriolet en le privant du V6 à partir du millésime 1978 ? Certes la période n’était pas favorable aux décapotables. On rêvera toujours d’un cabriolet boosté par le moteur turbo de la 505…

Un peu de douceur ...

!!!

A Copenhague, Jean Nouvel inaugure sa boîte à musique

L'architecte signe une audacieuse salle philharmonique dans la capitale danoise.

Habillé de noir de la tête au pied, Jean Nouvel, avec ses airs de dur à cuire cachés sous son chapeau, étonne autant qu'il agace. Tout est possible même l'impossible. Ce génial inventeur de formes qui a toujours osé briser les règles - quitte à déplaire - vient de le prouver une fois de plus avec le Concert Hall de Copenhague, inauguré, par la reine du Danemark.

À peine la générale terminée - manifeste d'une qualité acoustique exceptionnelle conçue par le Japonais Yasuhisa Toyota qui œuvre aussi avec Jean Nouvel pour la Philharmonie de Paris à la Villette -, les critiques commençaient à bruisser dans l'immense bâtiment de 25 000 mètres carrés, relié au siège de la radio danoise par un pont plutôt vilain. Notamment sur le coût de ce projet terriblement ambitieux qui s'élèverait à plus de 300 millions d'euros. Soit trois fois l'enveloppe prévue à l'origine du concours remporté en janvier 2002 par le lauréat 2008 du Pritzker Prize et son équipe.

Que l'on adore ou que l'on déteste ce gigantesque Concert Hall planté seul au milieu d'un terrain informe ou s'activent encore les grues et les bulldozers, la surprise est là. Avec le frisson d'émotion en plus quand ce cube bleu Klein s'illumine dans la nuit polaire, fouetté par le vent glacial. Comme un aimant, ce «blue screen» ou «écran bleu faisant référence à l'immatérialité, au rien», selon Jean Nouvel, vous attire de loin, depuis la ville située de l'autre côté d'un bras de mer et devient de plus en plus intense au fur et à mesure que l'on s'en rapproche. Sur ses parois recouvertes de voiles bleus tissés (ils n'occultent pas la vue intérieure vers l'horizon) sont projetés - quand la salle est en activité - des images géantes et changeantes de musiciens.

Entre l'architecture, le cinéma et l'art vidéo contemporain, il n'y a qu'un pas que Jean Nouvel a toujours voulu franchir. Pour cela, il a fait appel à son vieil ami et complice, Yan Kersalé, formidable sculpteur de la nuit par ses inventions lumineuses. Une approche chère à Jean Nouvel que l'on retrouvera dans ces projets futurs.

Sorte de mastaba égyptien, l'intérieur - avec ses trois studios d'enregistrement noir, rouge et bois - est tout aussi saisissant par la multiplicité de son vocabulaire volontairement frustre. Du béton pour les murs extérieurs, travaillé comme la peau d'un hippopotame scandé de petites pastilles de verre reflétant la lumière pour boucher les trous de coffrage. Du bois pour l'intérieur, pour respecter la tradition du design scandinave et être le plus performant en acoustique.

Organisée autour d'une scène centrale, asymétrique, la grande salle de 1 800 places contraste par ses couleurs chaudes - bois blonds, fauteuils velours orange et rouge - avec le cube extérieur bleu glace. «Dans l'opposition des lignes droites et des courbes, chacun y voit ce qu'il veut : des falaises aux dunes de sable du désert» explique Jean Nouvel. Copenhague marque le début d'une nouvelle typologie de salles qui sortent des modèles «boîte à chaussures» pour être des «structures enveloppantes» et «modulables». La philharmonie sur laquelle planche Nouvel - auteur déjà de l'Opéra de Lyon et de la salle de Lucerne - devrait être un modèle du genre.

Un peu de douceur ...

samedi 27 juin 2009

La Fête du Cinéma a 25 ans !

Pour sa vingt-cinquième édition, l'événement, qui permet de voir des films à tarif réduit, se déroule sur une semaine au lieu de trois jours.
La Fête du Cinéma a lancé sa vingt-cinquième édition samedi 27 juin. A l'occasion de son vingt-cinquième anniversaire, cet événement, qui permet au spectateur de voir à tarif réduit le nombre de films de son choix, se déroulera jusqu'au vendredi 3 juillet, soit quatre jours de plus que les éditions précédentes.

Pour l'achat d'une place au tarif habituel de la séance (plein ou réduit), chaque spectateur recevra une carte de la Fête du cinéma avec laquelle il pourra visionner autant de films qu'il le souhaite, moyennant uniquement la somme de 3 euros. L'opération se déroule partout en France.
Selon Marc Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français, depuis la première édition de la Fête du cinéma en 1985, "il y a eu 65 millions de spectateurs qui y ont participé, soit autant que la population française".

Pour la première fois, la Fête du Cinéma est à cheval sur deux semaines cinématographiques, élargissant ainsi le choix des spectateurs.
En 2008, 2,5 millions d'entrées avaient été enregistrées par les quelques 5.000 salles françaises lors des trois jours de la Fête du cinéma. Plus d'informations sur l'événement et les films à l'affiche sur le site officiel de la Fête du Cinéma.

Stiletto sous le marteau

Le 9 juillet prochain, "Pierre Bergé & associés" organise une vente aux enchères de prototypes de Roger Vivier.
C'est à ce " Fragonard de la chaussure " -son aimable surnom-, que l'on doit le Stiletto, ou le Pelerin, fameux vernis à boucle porté par Catherine Deneuve.
Attention tout de même : qui dit " prototype ", dit " pied unique ". Cette vente s'adresse donc aux véritables collectionneurs qui dans ce domaine, vont parfois jusqu'au fétichisme. La richesse de l'expérimentation de ce créateur autour du soulier, ne saurait les décevoir...

Après un long sommeil, la marque Vivier se réveille grâce au coup de crayon de Bruno Frisoni et à l'enthousiasme d'Inès de la Fressange. Une renaissance orchestrée par Diego Della Valle, le propriétaire de Tod's. Tous trois redonnent vie à l'esprit du créateur mythique de souliers haute couture.
Roger Vivier fut un chausseur talentueux. Ses créations ravirent les stars et les têtes couronnées des années 1930 jusqu'à la fin des années 1970. Son style ? Un mélange de sobriété et d'élégance aristocratique aussi facile à porter sous une minijupe pop art que le soir avec une petite robe noire. La marque Vivier renaît aujourd'hui sous l'impulsion du créateur Bruno Frisoni et de l'homme d'affaires italien Diego Della Valle qui l'a rachetée à la famille en 2002, quatre ans après la disparition du maître.

Elle ne pouvait laisser indifférent le pape de la chaussure italienne, lui-même petit-fils de cordonnier et fin connaisseur de la légende. Roger Vivier, l'homme qui savait aussi bien dessiner la sandale dorée du couronnement de la reine Elisabeth II que les boots de John Lennon ou les cuissardes noires de Brigitte Bardot sur sa Harley-Davidson.

Dans les années 1950, son savoir-faire et sa renommée lui valurent de devenir le créateur attitré des collections de Christian Dior. À l'époque, les femmes n'hésitent pas à assortir leurs souliers au tissu de leur robe ou de leur manteau. Il invente le talon " aiguille ", le " mini ", le " cambré " et le " virgule " qui s'incurve vers l'extérieur de la chaussure. Il met au goût du jour le bout carré, le bout turc, le bout " bec d'oiseau "...

Sa plus célèbre création demeure le très sage escarpin vernis à boucle dessiné pour la collection Mondrian d'Yves Saint Laurent en 1965 et immortalisé à l'écran dans "Belle de jour". Catherine Deneuve les enfile pour glisser vers l'adultère ! Vivier est d'ailleurs resté Le chausseur de l'actrice.
Si l'escarpin reste son exercice de style préféré - il le travaille dans toutes les matières, cuirs rares, tissus précieux -, il crée aussi de véritables souliers de contes de fées, recouverts de perles, sequins, brodés de soie, de fils d'or et d'argent ou de pierres fines. Après Mai 68, il travaille aussi les matériaux modernes, comme le plastique, le vinyle...

Aujourd'hui, la maison reprend vie sous les mains expertes et le regard affûté de Bruno Frisoni. Sa collection " Belle Vivier " n'est pas un simple clin d'oeil, mais un réel hommage à l'audacieux chausseur. Bruno Frisoni reprend la boucle qu'il décline sur des ballerines ou des escarpins, mais aussi sur toute une ligne de sacs et de petite maroquinerie. Tantôt chromée, tantôt en strass ou gansée de cuir, elle caracole aujourd'hui en tête des ventes.

" La version actuelle est plus rectangulaire que carrée et nous en avons arrondi les angles. Le talon de la chaussure est aussi plus plat. C'est la même image mais pas la même silhouette ", souligne le créateur. Il veille à conjuguer le style Vivier au présent. Pas de rééditions mais des interprétations. Comme cet escarpin ouvert à plume de bébé faisan répondant au nom spirituel de " Ma petite caille ", croisement d'un modèle de 1954 et d'une sandale en vinyle des années 1960. Porté par Nicole Kidman à une première, il a aussitôt été acheté (pour près de 8 500 euros) par une riche et jeune Chinoise.

Parallèlement aux modèles precious vendus entre 1 800 et 10 000 euros, la maison crée quelques modèles encore plus confidentiels estampillés " haute couture ", dont une première collection dévoilée l'été dernier. Réalisés avec le concours des ateliers Lemarié, Lesage ou Montex, le prix de ces véritables bijoux peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros. De quoi exercer les multiples facettes du talent de Bruno Frisoni.

Pour donner un second souffle à Vivier, le créateur s'est d'abord plongé dans les archives des musées. " Mais après je me suis lâché ", dit-il. L'essentiel était de respecter les lignes, de garder le mouvement et le mélange de références au XVIIIe siècle et de modernité des années 1960, qui caractérisait les créations Vivier. Il utilise peu le talon virgule, " plus jeune et sportswear ", et lui préfère pour l'instant le " choc, plus juste et moins énigmatique ". Surtout, il s'attelle à la construction d'une marque de " niche ", très haut de gamme, " au design classique ", aussi légitime dans les accessoires, sacs, gants, lunettes, petite maroquinerie, que dans les bijoux. Bruno Frisoni préfère privilégier sophistication et féminité plutôt que la mode pure.

L'homme aime dessiner. Il a toujours un carnet sur lui : pile des croquis pour Vivier, face ceux pour sa propre griffe. " Un dessin doit avoir de l'esprit. Je fais confiance au hasard, l'oeil toujours aux aguets. Parfois, c'est en voyant un vieux film que je vais trouver mon inspiration.
" Pour sa nouvelle collection automne-hiver, il est parti de l'ambiance des années 1980 à laquelle il a ajouté une touche années 1920. Comme la " Mary Jane ", des babies à talon de plastique laqué noir et semelle de caoutchouc, ou encore la sandale " Goldie ", une salomé en python argent ou satin prune. Quant au sac icône de la marque inspiré par la boucle de l'escarpin " Belle Vivier ", il se mue cet hiver en élégante pochette du soir.

Diego Della Valle a eu l'intelligence de laisser Bruno Frisoni s'approprier Vivier. Le patron italien reste discret en ne souhaitant pas apparaître médiatiquement aux côtés de sa nouvelle griffe. Il a confié l'aménagement des boutiques à l'ancien mannequin de Chanel, Inès de la Fressange. Celle du Faubourg-Saint-Honoré est décorée dans l'esprit de l'appartement parisien du maître, quai d'Orsay. Il aimait mélanger le style grand siècle au mobilier contemporain des années 1970 et 1980.

Installée à l'étage, la boutique associe une commode à bronze doré xviiie à des consoles Hervé Van der Straeten et des fauteuils Mies Van der Rohe en cuir argent. Sur les murs, des toiles de Poliakoff, Picasso, et, posées sur des tablettes laquées blanc, des chaussures, mises en scène comme le seraient des sculptures.

La boutique new-yorkaise, à l'angle de Madison et de la 68e Rue, tranche elle aussi avec les canons standardisés du luxe. On y retrouve cette atmosphère d'hôtel particulier où les meubles d'Hervé Van der Straeten côtoient bergères Louis XV et masques africains, donnant au lieu un supplément d'âme et un esprit couture. Les stars américaines raffolent. " Elles viennent elles-mêmes acheter leurs chaussures plutôt que d'envoyer leur styliste privé. C'est un signe ", remarque Inès de la Fressange qui y a croisé Sharon Stone, Naomi Campbell et Kate Winslet.

" En ouvrant aux États-Unis et à Londres, nous avons constaté que la marque était déjà devenue un statement, une référence. Ceux qui la portent sont fiers d'en faire un signe de reconnaissance ", raconte Bruno Frisoni. À New York, au printemps, il a monté les marches au bras de Jennifer Lopez à la soirée de lancement de l'exposition Paul Poiret au MET. En moins de deux semaines, les prévisions de ventes ont été doublées ! Après Paris, Hong Kong, Londres et New York, le rythme des ouvertures de boutiques devrait s'accélérer. Milan et Moscou sont dans les starting-blocks, une deuxième est prévue à Londres et peut-être à Paris.

Sans compter des projets au Moyen-Orient à Dubaï, au Qatar et, bien sûr, en Asie. Et pour mieux ancrer le renouveau de Vivier, la griffe parrainera l'exposition Edward Steichen au Jeu de Paume à Paris, d'octobre à décembre. Conservateur du Moma et photographe de Vogue et de Vanity Fair des années 1920 aux sixties, Steichen a imprimé sa marque sur la mode au même titre que Vivier, tous deux devenant pour leurs successeurs une inépuisable source d'inspiration.

Aux commandes de la maison, Anne-Line Hansen, la directrice générale de Roger Vivier, arrivée en janvier dernier de chez Giorgio Armani, veut développer des accessoires " couture ". " Il faut être très prudent lorsque l'on emploie ce terme, admet cette Danoise qui parle cinq langues. Ce n'est pas une formule. C'est le signe que nous nous attachons à satisfaire une clientèle très exigeante mais à la recherche de la pièce unique et consciente de la valeur du travail artisanal. "
Grâce à ces accessoires, elle espère relancer la grande tradition du chic, l'époque où une femme élégante ne serait jamais sortie sans gants ni sans un sac assorti à ses escarpins.
D'ailleurs, Roger Vivier lui-même était un accessoiriste de talent, lui qui pendant la guerre était devenu modiste outre-Atlantique. " Nous n'avons pas envie de faire ce que font les autres.

Nous cherchons à traduire de façon contemporaine de grands classiques en jouant sur l'étonnement ", livre cette jolie blonde en citant pêle-mêle le sac " Pillow " en forme de coussin, le " No couture " qui porte bien son nom, et le sac " Boîte de nuit ", une coque de plastique blanc orné de galuchat rouge.

La marque s'apprête à célébrer cet hiver son histoire au travers d'une exposition " From stiletto to revival " qui devrait débuter à Londres avant de partir à New York et Hong Kong.
" Je fais des choses avec un esprit élégant ", aimait à dire le maître. On comprend pourquoi Bruno Frisoni résume d'un mot son travail : sophistication. Le gardien du temple regrette l'aspect cash machine des accessoires et rêve de leur redonner leur allure d'antan. Un rêve en passe de devenir réalité.

Le talon Aiguille : dessiné en 1954, il part d'une forme Louis XV que Roger Vivier effile vers le bas, " pour terminer la silhouette d'un coup de crayon ", explique-t-il à l'époque alors qu'on lui prédit la mort certaine de " cette anomalie sociale qui finira comme le corset ". Le talon Choc : incurvé vers l'intérieur, il fait sensation lors de son lancement en 1959, d'où son attribut de " choc " trouvé par une journaliste du Harpers' Bazaar.

Formé d'un arc unique, grâce à une recherche poussée d'équilibre et un acier ultra-résistant, il frappe par la simplicité de son apparence, source même de son élégance. Le talon Virgule : fuyant sous le pied, puis s'incurvant vers l'arrière en une courbe souple et dynamique, il signe en 1963 la fin des talons aiguilles. Retravaillé en acier, en bois ou en cuir par Bruno Frisoni, il retrouve une seconde jeunesse.

Le château de Saint-Cloud

Les Gondi sont une famille de financiers florentins arrivés en France en 1543 à la suite de Catherine de Médicis. Dans les années 1570 – sans doute en 1577 – celle-ci offre à Jérôme de Gondi une maison à Saint-Cloud dénommée « hôtel d'Aulnay ». Autour de cette maison, Jérôme de Gondi fait bâtir un château de plan en « L » bordant une terrasse. La principale façade regarde le sud et l'aile s'achève par un pavillon d'où l'on embrasse une vue sur la Seine.

C'est dans le château de Jérôme de Gondi que, le 1er août 1589, Henri III, qui s'y est installé pour conduire le siège de Paris, tenu par les Ligueurs, est assassiné par le moine Jacques Clément. Henri IV y est reconnu roi.

Après la mort de Jérôme de Gondi en 1604, le château fut vendu en 1618 par son fils Jean-Baptiste II de Gondi à Jean de Bueil, comte de Sancerre. Mais ce dernier meurt peu après, en 1625, et Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, rachète le domaine et y fait faire des embellissements, notamment par Thomas Francine, qui travaille dans les jardins.

A la mort de Jean-François de Gondi en 1654, Philippe-Emmanuel de Gondi en devint propriétaire, puis son neveu Henri de Gondi, duc de Retz, qui vendit la propriété en 1655 à Barthélemy Hervart, financier d'origine allemande, intendant puis surintendant des Finances. Celui-ci agrandit le parc jusqu'à 12 hectares et fit faire à Saint-Cloud des travaux considérables dont on ignore à peu près tout. On sait seulement qu'il fit construire dans le parc une grande cascade, souvent confondue avec celle qui a été conservée, qui date de l'époque ultérieure.

Le 8 octobre 1658, Hervart organisa à Saint-Cloud une fête somptueuse en l'honneur du jeune Louis XIV, de Monsieur, duc d'Anjou, frère du roi, de leur mère Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin. Quelques jours plus tard, le 25 octobre 1658, Monsieur achète le domaine de Saint-Cloud pour 240 000 livres. On pense que cette vente a été imposée par Mazarin, qui contribuait ainsi à la politique de constitution d'un réseau de châteaux royaux dans l'Ouest parisien tout en faisant rendre gorge à un traitant enrichi à l'excès, trop heureux d'éviter ainsi le sort de Nicolas Fouquet.

Monsieur fait bâtir à Saint-Cloud depuis son acquisition jusqu'à sa mort en 1701. Les travaux sont dirigés par son architecte, Antoine Le Pautre, jusqu'à la mort de celui-ci en 1679, puis par son second, Jean Girard, maître maçon plutôt qu'architecte, et peut-être Thomas Gobert. Jules Hardouin-Mansart intervient à la fin du siècle. Le décor intérieur est confié aux peintres Jean Nocret et Pierre Mignard. Le jardin est redessiné par André Le Nôtre et le parc est considérablement agrandi, entre 1659 et 1695, quasiment jusqu'à l'emprise actuelle. Le montant des achats ainsi réalisés atteint 156 000 livres.
C'est au château de Saint-Cloud que meurt en 1670 la première femme de Monsieur, Henriette d'Angleterre, dont Bossuet a prononcé la très célèbre oraison funèbre (« Madame se meurt, Madame est morte. »).

En octobre 1678, de magnifique fêtes y sont données pendant cinq jours en l'honneur de Louis XIV, qui peut ainsi découvrir la somptuosité du château bâti par son frère.
Le 24 octobre 1784, le château de Saint-Cloud est acquis par Louis XVI pour la reine Marie-Antoinette. Celle-ci s'est persuadée que l'air de Saint-Cloud serait bon pour ses enfants. Peu avant sa mort, le duc d'Orléans, Louis-Philippe « le Gros », qui ne va plus à Saint-Cloud depuis son mariage morganatique avec Madame de Montesson, est contraint de céder le domaine au roi pour 6 millions de livres.

Marie-Antoinette fait transformer le château en 1787-1788 par son architecte attitré, Richard Mique. En 1790, Saint-Cloud est le cadre d'une entrevue célèbre entre Marie-Antoinette et Mirabeau.
C'est dans l'orangerie du château, devenu bien national, que se déroula le Coup d'État du 18 brumaire (10 novembre 1799) au cours duquel le Directoire fut supprimé au profit du Consulat .
Le 18 mai 1804, la proclamation de Napoléon Ier comme empereur des Français se déroula à Saint-Cloud. Napoléon en fit sa résidence préférée.

Le 1er décembre 1852, c'est à Saint-Cloud, dans la galerie d'Apollon, que Napoléon III, rééditant le geste de son oncle, se fait investir par les grands corps de l'État de la dignité impériale. Chaque année, au printemps et à l'automne, Napoléon III et Eugénie établissent leur cour à Saint-Cloud. C'est de Saint-Cloud, où il avait déclaré la guerre à la Prusse, que, le 28 juillet 1870, Napoléon III part pour l'armée.

Devenu quartier-général de l'armée allemande, le château est bombardé et incendié par les canons français du fort du Mont-Valérien pendant le siège de Paris le 13 octobre 1870, ses ruines furent rasées en 1891.
La dernière campagne de travaux importante est celle menée par Richard Mique pour Marie-Antoinette en 1787-1788. Il élargit le corps de logis et la moitié adjacente de l'aile gauche et refait les façades côté jardin de ces parties. Il fait démolir l'escalier construit par Hardouin-Mansart et construit un nouvel escalier en pierre pour accéder aux appartements de parade.

En revanche, les occupants ultérieurs de Saint-Cloud Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier et Napoléon III n'y font réaliser que des aménagements limités, essentiellement des travaux de décoration intérieure.

Napoléon Ier fait transfor -mer en salle du trône, le salon de Vénus, décoré par Lemoyne et Nocret. Napoléon III fait démolir l'orangerie en 1862. L'impératrice fait transformer en un salon de style Louis XVI l'ancienne chambre d'Henriette d'Angleterre.
Le domaine national de Saint-Cloud est aujourd'hui affecté au ministère de la culture et donné en gestion au Centre des monuments nationaux. Il est ouvert au public et il est même possible d'y circuler en voiture, moyennant l'acquittement d'une taxe.

Une association souhaite la reconstruction du château. S'inspirant directetement de l'actuelle construction (totalement auto-financée) du Château fort de Guédelon dans l'Yonne, cette association propose de reconstruire également le château de Saint-Cloud dans le cadre d'un parc d'attractions avec entrées payantes, lesquelles servant au financement des travaux.

N'étant pas situé en plein cœur de Paris mais à cinq kilomètres de la capitale, d'une part, se trouvant au milieu d'un espace vert de 460 ha, d'autre part, la reconstruction du château de Saint-Cloud apparaît à beaucoup - notamment pour des raisons urbanistiques - comme un projet plus réaliste que la reconstruction du palais des Tuileries.