mercredi 23 septembre 2009

Les meubles Le Corbusier

Charles-Edouard Jeanneret est resté célèbre dans l’histoire du Design sous le nom de Le Corbusier. Cet architecte originaire de Suisse romande naturalisé français s’illustrera à l’exposition Internationale des Arts Décoratifs, Le Corbusier dessine le Pavillon de l’Esprit Nouveau en 1925 (avec Amédée Ozenfant).
En 1928, c’est une révolution puisque le mobilier proposé est emblématique de ce qui deviendra le style international. Dès 1929 ils forment UAM Union des Artistes Modernes.

C’est le départ d’une série de meubles avec la collaboration de son cousin Pierre Jeanneret et Charlotte Perrinand.
Le fameux LC4 et les LC2 & LC3 vont devenir des classiques du mobilier moderne. La chaise longue LC4 de Le Corbusier est unique en son genre pour l’époque, Le Corbusier imagine ce meuble en 1928 pour la remise d’une villa dans la Ville d ‘Avray . Sur une structure chromé et base en acier noir mat, la chaise longue LC4 dispose de plusieurs positions, elle est recouverte de cuir ou de peau.

Que ce soit les tables ou encore les chaises ou tabourets Le Corbusier proposera de nombreux meubles. Durant la même période Le cobusier s’attaque au fauteuil Club Anglais et accouche de deux gammes complètes de canapés 2 et 3 places et de fauteuils Club, ce sont les LC2 et LC3.
Caractérisés par un grand formalisme géométrique, ces canapés et fauteuils imaginés par Le Corbusier utilisent des structures en acier tubulaire. Les coussins indépendants forment assise, dossier et accoudoirs, des rectangles de trailles différentes agencés pour devenir canapé ou fauteuil.
Le LC3 était réputé inconfortable, le LC2 s’en distinguait par l’ajout d’un coussin supplémentaire pour l’assise et d’un rembourrage plus abondant, les dimensions étaient réduites par rapport au LC3.

L’histoire rappel qu’en 1959 une version plus confortable du LC3 sera proposée, celle-ci fut imaginée en même temps que le LC3 premier du nom, mais par retenue initialement. C’est pourtant la version la plus appréciée des connaisseurs, plus “complète” au niveau du Design que les autres.

Le canapé LC5 F est un cas particulier, il s’agit d’une banquette destinée aux bureaux, dont les coussins qui composent le dossier son mobiles et permettent de transformer le canapé de Le Corbusier en lit de jour. A la différence des LC2 et LC3 les pieds du canapé LC5 F sont constitués de tubes coudés.

Les tables LC10, LC12 et surtout LC6 de Le Corbusier dite table ‘en aile d’avion’ connaitra un succès important.
Il s’agit d’une table avec plateau en verre rectangulaire, les pieds en acier ont une forme particulière rappelant la courbure d’une aile d’avion; une poutre centrale maintient l’ensemble.
Fluide et élégante cette table LC6 est représentative du travail de Le Corbusier en matière d’utilisation de l’espace, elle est devenue intemporelle.
Pour la finition, la noir mat est initialement la couleur choisie, il existe également des version polies ou chromées

Les meubles imaginés par Le Corbusier font entrer le Design dans le 20éme siècle avec un caractère prémonitoire incontestable.


Mika, le nouvel as de la pop

Voilà un chanteur qui a le sens des symboles. En mai dernier, afin de préparer la sortie de son nouvel album, Mika conviait, dans un restaurant parisien baptisé "La Fidélité", sept journalistes français qui l'avaient soutenu depuis ses débuts. Le procédé est suffisamment rare pour être souligné. Il dénote le mélange entre sympathie pure et professionnalisme qui caractérise cet artiste, à laquelle la France a su faire un triomphe.

Son premier album "Life in Cartoon Motion" paru début 2007, s'est écoulé en France à plus d'un million d'exemplaires (7 millions dans le monde). Un record, au moment où l'industrie du disque va si mal que le Syndicat national d'édition phonographique a abaissé le plafond pour obtenir un disque d'or à 50 000 exemplaires vendus.
Au printemps, peut-être pour prendre le contre-pied du gigantisme de ses précédents spectacles, Mika donnait également deux concerts dans le cadre intimiste du Cirque d'hiver, à Paris, pour dévoiler ses nouvelles chansons, tout en publiant un CD de quatre titres disponible dans un livre d'illustrations au tirage limité. Entouré de sept musiciens, parmi lesquels une section de cordes, il y confirmait son sens de la démesure et sa connaissance sans faille des canons pop.

Né Michael Penniman à Beyrouth, en 1983, Mika a passé une bonne partie de son enfance à Paris, dans le XVIe arrondissement. De son propre aveu, le jeune homme, dont le père travaillait dans la finance, y a passé des années tranquilles dans un environnement chic avant que la famille subisse un choc. Au début de la guerre du Golfe, son père est pris en otage plusieurs jours au Koweït. Peut-être faut-il voir dans cette rupture, subie à l'âge de 8 ans, la fascination qu'exerce sur l'artiste le monde de l'enfance, celui des paillettes et des ballons multicolores. Alors que la famille part s'installer à Londres, le jeune garçon plonge dans un mutisme qui durera huit mois. C'est en prenant des cours de chant que l'adolescent retrouvera l'usage de la parole.

Le titre de l'album qui paraît aujourd'hui, "The Boy Who Knew Too Much" (le garçon qui en savait trop), clin d'œil à Hitchcock, a d'ailleurs été conçu comme la bande-son de son adolescence, passée à Londres. C'est dans la capitale britannique que se décidera l'avenir artistique de la future vedette, lorsqu'il intégrera, à sa majorité, le Royal College of Music. Pourtant, malgré cet enseignement prestigieux, Mika ne manque jamais une occasion de rendre hommage à une de ses premières influences… Chantal Goya, dont il a vu les spectacles à quatre reprises dans les années 1980.

Mika est un être paradoxal. Apprécié d'un public âgé de 7 à 77 ans, on l'imagine consensuel en diable, gendre idéal, capable de tenir une conversation avec n'importe quel interlocuteur. Mais lorsque Nicolas Sarkozy l'invita à l'Élysée à l'occasion de la visite du président libanais, il déclina poliment l'offre, officiellement pour cause d'emploi du temps. Dans les colonnes du Parisien, il déclarait la semaine dernière à ce sujet : "Si j'avais été grand admirateur de Nicolas Sarkozy, j'aurais pris 48 h pour m'y rendre."
Ancien dyslexique, il fut un temps renvoyé du lycée français de Londres. Mais Mika ne fut pas un mauvais élève bien longtemps. Quelques années après, il était admissible à la prestigieuse London School of Economics and Political Science, après en avoir réussi le concours d'entrée. Il ne passera qu'une journée dans l'établissement que fréquenta, des années plus tôt, un certain Mick Jagger.

Le principal reproche que ses détracteurs adressent à Mika est son côté lisse. De ce fait, l'artiste a tendance à multiplier les preuves de rébellion. Il explique ainsi ne pas être diffusé sur les radios américaines en raison des trop nombreuses allusions à la sexualité présentes dans ses textes. Il déclare également, avec un délice non feint, diviser l'opinion anglaise.

Le premier extrait du nouvel album de Mika, "We Are Golden", est bien parti pour suivre le même chemin. Tout comme d'ailleurs l'ensemble des chansons du disque. Musicalement, Mika n'a pas bouleversé sa formule, appliquant en priorité le principe de sécurité. Entre Elton John, Queen, les Bee Gees et George Michael, Mika a trouvé une niche confortable. En lançant le Français Sliimy un peu plus tôt dans l'année, une maison de disques concurrente a cru dénicher le nouveau Mika. Mais on ne détrône pas un as de la pop aussi facilement.

vendredi 18 septembre 2009

Deneuve

Actualité chargée pour Catherine Deneuve : alors qu’elle sera à l’affiche de "Mères et filles" le 07 octobre, film dans lequel elle partage l’affiche avec Marina Hands et Marie-Josée Croze, l’actrice tourne actuellement sous la direction de Thierry Klifa "Les Yeux de sa mère" et d’Eric Lartigau "L'homme qui voulait vivre sa vie" ou elle a Romain Duris pour partenaire.
Et ce n’est pas tout ... !

Catherine Deneuve doit retrouver François Ozon , avec qui elle avait déjà travaillé pour la comédie policière "8 Femmes" . Le réalisateur s’apprête à adapter la pièce à succès "Potiche", dans laquelle brillait Jacqueline Maillan en 1980. Deneuve reprendra le rôle de cette bourgeoise délurée, contrainte de prendre la tête de l’usine de mari gravement malade. La distribution promet d’être prestigieuse, comme souvent chez Ozon : sont pressentis autour de C. Deneuve Gérard Depardieu (septième collaboration avec C. Deneuve), Fabrice Luchini , Cécile de France et Ludivine Sagnier. Début du tournage fin octobre en Belgique.

jeudi 17 septembre 2009

Un Guggenheim sur l'île du bonheur ... !

Quand le roi du pétrole se prend d'intérêt pour l'art contemporain cela donne... un contrat signé à 1 milliard de dollars ! Le prince sultan Bin Tahnoon et Thomas Krens, le président de la fondation Guggenheim, ont en effet signé un projet qui verra le jour en 2011.
Cette nouvelle institution n'est pas sans enjeux diplomatiques et surtout économiques. Les pays du Golfe se lancent ainsi dans une course au développement culturel. Et en vue de ces nouveaux enjeux stratégiques chaque pays a son effigie. Le Koweït et son musée d'art moderne, le Qatar et son musée des arts islamiques, etc...

En ce qui concerne le futur Guggenheim d'Abou Dahbi les français participent de très près à son élaboration : Ieoh Ming Pei, l'architecte de la pyramide du Louvre pense les plans, Jean Michel Wilmotte signe sa muséographie. Mais d'autres architectes tels que Jean Nouvel, le Californien Frank Ghery, la britannique Zaha Hadid et le Japonais Tadao Ando travaillent également sur le projet.
C'est au large de la capitale des Emirats arabes unis que la Fondation Guggenheim, basée à New York, va construire un "Guggenheim Abu Dhabi" (GAD).
Le musée sera conçu par le célèbre architecte américain Frank Gehry, créateur du Guggenheim de Bilbao, a annoncé le directeur de la Fondation Guggenheim, Thomas Krens, lors de la cérémonie de signature.


Il sera établi sur l'île naturelle de Saadiyat, ou l'île du bonheur, d'une surface de 27 km2 située à 500 mètres au large d'Abou Dhabi. Le GAD, dont la construction devrait durer cinq ans environ, s'étalera sur une surface de 30.000 m2, pour devenir ainsi le plus large des cinq autres musées de la Fondation Guggenheim au monde (New York, Bilbao, Berlin, Venise et Las Vegas).

Selon un communiqué (Frank Ghery ci-contre) distribué lors de la cérémonie, le coût de l'infrastructure pour le projet global de l'île de Saadiyat est estimé à 4 milliards de dirhams (plus de 1 milliard de dollars).
Le musée, qui acquérra sa propre collection d'ici l'inauguration, exposera aussi des oeuvres appartenant déjà à la fondation. La collection du musée sera représentative de l'art contemporain dans le monde entier avec une place spéciale pour le Proche-Orient.
"Toutes les oeuvres d'art exposées respecteront la culture et l'héritage national et islamique d'Abou Dhabi", s'engage la Fondation dans son communiqué.

Interrogé sur les moyens de concilier la modernité et l'audace de l'art contemporain tout en respectant les valeurs de cette région islamique, M. Krens a affirmé que "l'objectif n'est pas d'entrer dans une confrontation, mais de s'engager dans un échange culturel".
"Il y a des choses que nous ne faisons pas non plus à New York car nous jugeons inapproprié de les faire dans cette ville", a-t-il ajouté.
"La nudité, les figures et les thèmes religieux seront totalement exclus", a déclaré un responsable de la fondation à l'AFP sous couvert de l'anonymat.
Le musée sera la propriété de la Compagnie d'Abou Dhabi pour le développement touristique et l'investissement (publique) tandis que la Fondation Guggenheim dirigera le programme du musée, dont le développement des collections.

M. Gehry a affirmé qu'il était "encore trop tôt" pour livrer sa vision de la forme que prendra le musée et du matériel à utiliser pour respecter la nature et le climat de cette région désertique. "Je sais qu'il fait chaud.
L'emplacement choisi étant en bord de mer, il pourrait y avoir des tempêtes de sable, ce qui porterait à exclure le verre", a déclaré M. Gehry à l'AFP.
"Il est important qu'un bâtiment soit un bon voisin et non juste une créature étrangère arrivant de l'espace", a-t-il ajouté en soulignant que "l'usage de céramiques dans les façades pourrait être très intéressant".

Le futur musée d'art moderne devrait servir de pièce maîtresse du développement de la region, où des logements, des hôtels, un parc, un golf, d'autres musées... devraient également être érigés.
Certains ne voient pas ce projet d'un bon oeil, craignant qu'à force de multiplier les bâtiments sous la "marque" Guggenheim, ils deviennent l'équivalent artistique de Planète Hollywood.
N'éxagérons rien ... !

mercredi 16 septembre 2009

"Tu n'aimeras point"

"Aaron est un membre respecté de la communauté juive ultra-orthodoxe de Jérusalem. Marié à Rivka, il est le père dévoué de quatre enfants.
Cette vie en apparence solide et structurée va être bouleversée le jour où Aaron rencontre Ezri.
Emporté et ému par ce bel étudiant de 22 ans, il se détache tout doucement de sa famille et de la vie de la communauté. Bientôt la culpabilité et les pressions exercées par son entourage le rattrapent, le forçant à faire un choix ..."

Il y aurait tant à dire sur ce film ...
Le scénario est une merveille de simplicité et de complexité qui va bien au delà du traitement classique homosexualité et religion. La mise en scène est simple, sans esbroufe ni fioritures, elle s'efface devant les personnages, pour nous laisser suivre leur cheminement à côté et avec eux. La mise en scène est terriblement et suffisement efficace pour traduire ce milieu étouffant et les contraintes pèsant sur cette passion amoureuse.
D'entrée on se prend d'affection pour les deux protagonistes en redoutant à chaque minute le moment tragique, la faute inéluctable ...
Les deux interprètes Ran Danker en jeune étudiant fougueux et Zohar Strauss en bon père de famille sont absolument parfaits, leurs regards extraordinaires faisant passer tant d'émotions.
Ils laissent entrevoir avec talent leurs joies et leurs peines et tous ces tiraillements qui les assaillent. Les acteurs sont d'une retenue touchante et les scènes d'amour d'une tendresse désespérée. L'humain se bat avec ses désirs, ses peurs et... les conventions.
Un film magnifique, bouleversant plaidoyer contre toutes les intolérances. Nous avons là une belle réalisation, faite avec tact et intelligence, subtilité et simplicité.
Troublante, désespérée et tragique, une très belle et impossible histoire d'amour comme on en voit peu. Un film universel, boulversant, sensible, à fleur de peau, sensuel, qui laisse sa marque longtemps encore après l'avoir vu ...
Le petit joyau de la rentrée !

Plus d'infos sur ce film

lundi 14 septembre 2009

Loi pénitentiaire : un remède pire que le mal ?

Le 22 juin dernier, Nicolas Sarkozy, devant le Congrès réuni à Versailles, avait qualifié la prison de "honte pour la République".
Du mardi 15 au mardi 22 septembre, se tient à l’Assemblée nationale, l’examen par les députés du projet de loi pénitentiaire, après son adoption en mars dernier par les sénateurs. Si les commissions d’enquête parlementaire, en 2000, avaient décidé de mettre "La France face à ses prisons" et qualifié cette dernière d’"humiliation pour la République", force est de constater que le texte soumis aujourd’hui aux députés après son adoption par les sénateurs est loin d’engager la réforme du droit de la prison et des droits des prisonniers réclamée depuis une dizaine d’années par l’ensemble des acteurs du monde carcéral. Quant à la procédure d’urgence décidée par le Gouvernement, elle réduit d’autant la marge d’intervention du législateur pour résorber la crise profonde de l’institution pénitentiaire en y affirmant la prééminence du droit et le respect absolu des droits de l’homme.

Chacun a en mémoire Guy Canivet, l’ancien premier président de la Cour de Cassation exprimant avec force, en 2000, la nécessité d’une loi fondamentale affirmant les "droits" des détenus. Chacun se rappelle le lancement du chantier de la loi pénitentiaire, à l’été 2007, par une Rachida Dati, affirmant la nécessité d’un texte régissant les "droits et devoirs" des détenus. Et chacun entend aujourd’hui son successeur, Michelle Alliot-Marie, évoquer la réforme qui lui a été laissé en héritage en choisissant d’utiliser le vocable de "devoirs et droits" des détenus. L’adjonction du mot "devoirs" à celui de "droits" annonçait un renversement de perspective, l’inversion symbolique dans l’ordre des deux termes signifie quant à lui que c’est chose faite.

Que de chemin parcouru ! Ces glissements sémantiques successifs pourraient n’être finalement qu’anecdotiques. Ils ne le sont pas. Ils témoignent de l’ampleur du "détournement d’objet social" dont la réforme de la prison qui découlait logiquement de la prise de conscience politique de 2000 a été victime.
Prise de conscience de la réalité carcérale qui, associée à celle aiguë du lien étroit entre politiques pénale et pénitentiaire, a abouti à toutes sortes de dénonciations, venant de tous les bancs de l’assemblée et du sénat.

Dénonciations d’hier qui ont marqué les esprits… mais qui caractérisent encore ô combien la prison d’aujourd’hui :

- 1 / "Il y a trop de gens qui n’ont rien à faire en prison ! " …
La population écrouée a augmenté de pratiquement 50 % entre 2001 et aujourd'hui. Elle devrait atteindre 80 000 personnes d’ici 5 ans. Ce qui signifierait un taux de détention ayant cru de 60 % en un peu plus de dix ans (75 pour 100 000 habitants à 120 pour 100 000 habitants). Actuellement le seul nombre des condamnés détenus dépasse celui de la population écrouée dans son ensemble de 2001…

- 2 / "Les maisons d’arrêt sont surpeuplées car utilisées sans vergogne comme variable d’ajustement du système pénitentiaire ! " ...
Au 1er juillet de cette année, sept détenus sur dix de notre pays s’entassaient dans les dites maisons d’arrêt, soit 44 000 des 63 000 personnes incarcérées : on y trouvait les 16 000 prévenus bien sûr mais aussi 28 500 condamnés. Et qu’importe si aux yeux du CPT, la vie quotidienne dans un établissement surpeuplé - bien au-delà de la promiscuité d’une cellule partagée à plusieurs - constitue un traitement inhumain et dégradant.

- 3 / "Des droits de l’homme bafoués du fait de la surpopulation mais aussi et surtout du fait d’une conception exagérément sécuritaire. Des prisons hors la loi qui sont le règne de l’arbitraire carcéral ! " ...
Guy Canivet le soulignait avec vigueur : " La norme et son application doivent être constantes et égales pour tous, sans varier selon les détenus, les surveillants ou les établissements". Loin de consacrer cette exigence, le projet de loi institue au travers des régimes différenciés, un régime de détention mouvant, pouvant évoluer au gré des besoins et exigences de l'administration pénitentiaire. Une sombre perspective pour la CNCDH qui estime que cela va "décupler les pouvoirs que détient l'administration sur l'individu incarcéré et accroitre très nettement les risques d'arbitraires". Les détenus pourront voir du jour au lendemain leurs conditions d'existence bouleversées par un placement en régime plus strict en fonction des appréciations portées sur leur compte par les personnels pénitentiaires.

Comme on le voit, nous sommes à mille lieues des slogans d’une administration pénitentiaire qui – grâce au service de communication dont elle s’est dotée entretemps – parle d’une prison qui change, d’une prison qui a changé... ou qui va changer. Face aux traits caractéristiques de la situation carcérale actuelle et au rappel des termes mêmes de l’acte d’accusation parlementaire du début de la décennie, l’entreprise de mystification échoue. Chacun sait que, loin de s’être améliorée, la condition pénitentiaire s’est profondément dégradée. Et chacun perçoit que le projet de loi pénitentiaire ne réforme rien - au fond - des conditions de vie et de travail des uns et des autres.

Refusant d’accepter ou de se résoudre à la révolution culturelle et la reconstruction juridique qu’impose l’édification d’un service public pénitentiaire respectueux de l’Etat de droit et des droits de l’homme, l’administration pénitentiaire a élaboré un texte qui ne prend en compte que ses propres considérations, contraintes et objectifs. Fallait-il s’attendre à autre chose ?
À partir du moment où lui était laissé le soin de rédiger la loi - autrement dit qu’il lui était demandé d’écrire sa propre réforme - il n’est guère étonnant que celle-ci saisisse l’occasion qui lui était offerte de s’affranchir des préconisations -innombrables et rigoureusement convergentes - des diverses instances ou organismes qui ont eu à se pencher sur le chevet des prisons françaises et dont elle s’emploie à contester de façon systématique la nature et la portée des constats.


Dès lors, l’horizon réformateur de la loi pénitentiaire s’est retrouvé tenu à distance par l’administration pénitentiaire de l’indispensable refonte du droit de la prison et du statut du détenu qui constituait pourtant le "grand rendez-vous de la France avec ses prisons". Revue et corrigée dans son objet social, la loi pénitentiaire est devenue la loi de l’administration pénitentiaire.
D’où le constat affligeant d’un texte qui se contente - dans la majorité des dispositions qu’il contient - de donner une assise législative aux règlementations déjà en vigueur. Mais aussi d’un texte qui ne tire aucune conséquence des condamnations, pourtant nombreuses, de la Cour européenne des droits de l’homme. Et, plus grave encore, qui va jusqu’à organiser de véritables régressions au regard du droit positif.
En définitive, la seule véritable protection juridique qu’organise la loi pénitentiaire est donc moins celle des personnes détenues demandée instamment par Guy Canivet, que celle de l’administration pénitentiaire elle-même. Jean-Paul Garraud ne s’en cache d’ailleurs pas en écrivant que la loi pénitentiaire peut s’analyser "du point de vue des personnels pénitentiaires comme un renforcement du cadre juridique de leur action, élevé au niveau législatif".

La réinsertion n’échappe pas à ce processus de détournement et de réorientation. En effet, au même titre que la loi pénitentiaire n’a finalement rien à voir avec la consécration des droits des détenus et de la garantie de leur exercice, l’abandon de la resocialisation comme fonction première de la peine d’emprisonnement laisse place à une nouvelle utopie carcérale. Celle qui - pour ériger la prison en "école de la lutte contre la récidive" - en vient à remettre en cause le bien fondé des aménagements de peine comme alternative adaptée à l’incarcération et comme mesure pertinente de réintégration dans la société, et transforme le "droit à la réinsertion" en " devoir de réinsertion". Ce qui permet à Jean-Paul Garraud d’affirmer sans ambages, que la loi pénitentiaire "doit être vue comme s’adressant à la société tout entière, au service de la prévention de la récidive".

Alors que se déroulaient les Etats généraux de la condition pénitentiaire, en 2006, le parti en campagne du candidat Sarkozy avait pourtant adopté une autre vision de la sécurité publique et de l’objectif de réinsertion assignée à la peine. "Dans d’autres Etats, la mission de resocialisation constitue une priorité de la politique pénitentiaire. La loi comme la jurisprudence allemande affirment clairement que la sécurité publique ne saurait être un objectif de l’exécution de la peine, tout au plus doit- elle être prise en compte dans la mise en œuvre du traitement pénitentiaire. L’essentiel de la mission de l’administration pénitentiaire doit consister en la préparation d’une sortie de prison du condamné dans des conditions adéquates. En minorant cet impératif, la société perd en outre tout objectif de protection de la sécurité publique à moyen et long terme."

Le parti du Président a manifestement opté désormais pour une autre approche. Au-delà de son refus d’assumer l’échec de l’institution carcérale, il tente de la relégitimer en imposant un nouveau paradigme de la peine, achevant la contamination du droit pénitentiaire par l’idéologie de la tolérance zéro qui irrigue toute la politique pénale et qui caractérise désormais d’un bout à l’autre ce que Michelle Alliot-Marie appelle "la chaine de sécurité".

Un peu de douceur ...

1939-1940, la mémoire courte de Moscou

Quand les Russes ont envahi l'Afghanistan en janvier 1980, une couverture, très réussie - comme elles le sont souvent -, de l'hebdomadaire britannique The Economist a eu son heure de gloire. Elle montrait Leonid Brejnev, le leader soviétique de l'époque, l'air doucement rigolard et à qui le titre faisait dire dans une bulle façon bande dessinée : "Did I do something ?" (J'y suis vraiment pour quelque chose ?)
Les mots regrets, remords ou repentance, pour prendre une expression à la mode, ne doivent pas avoir de traduction russe. Ce ne sont pas les compatriotes de Vladimir Poutine qui auraient battu leur coulpe, sur les méfaits du colonialisme, les responsabilités dans la traite des Noirs ou les erreurs de la guerre d'Algérie ...

Le Premier ministre russe vient d'en faire une fois de plus la démonstration. Invité à Gdansk, autrefois Dantzig, comme une quinzaine de chefs d'État et de gouvernement, aux cérémonies du 70e anniversaire de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, qui, en septembre 1939, a servi de détonateur au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il n'a pas eu un seul mot pour déplorer le rôle néfaste qu'avait eu Moscou dans cette mauvaise action. Tandis qu'Angela Merkel, avec des accents émouvants, déplorait que "la guerre déclenchée par l'Allemagne ait infligé une souffrance incommensurable à de nombreux peuples", le Premier ministre russe s'est contenté de rappeler que son pays avait subi - ce qui n'est pas contestable - des pertes considérables pendant la guerre.

Mais c'était oublier qu'au début de celle-ci, et avant qu'Hitler ne trahisse sa parole, le pacte germano-soviétique, signé sept jours avant les premiers coups de canon tirés du cuirassé allemand Schleswig-Holstein sur la forteresse polonaise de Gdansk, avait donné les coudées franches au dictateur nazi pour porter le fer à l'Ouest. Pas plus qu'il n'a mentionné que 17 jours après ces évènements, l'URSS, à son tour, envahissait le sud de la Pologne, donnant ainsi à ce pays ami un "coup de poignard dans le dos", selon le mot de son Premier ministre d'aujourd'hui, Donald Tusk. Autre trou de mémoire remarquable de Vladimir Poutine sur la tuerie de Katyn, six mois plus tard : 20.000 officiers, cadres et étudiants polonais exécutés de sang-froid, on oserait presque dire à la chaîne, par des soldats de l'armée Rouge, sur ordre formel de Staline au printemps 1940.
Enfin le Premier ministre russe n'a pas mentionné, non plus, après que l'Union soviétique eut rejoint le camp allié en juin 1941 et eut effectivement payé un lourd tribut humain pour repousser jusqu'à Berlin les troupes du Troisième Reich qui l'avaient envahie, comment Moscou avait lâchement et sciemment laissé les acteurs polonais de l'insurrection de Varsovie se faire massacrer par les SS, alors que l'armée Rouge, qui n'était plus qu'à quelques kilomètres de la capitale, n'avait qu'à forcer les feux pour les sauver.

Moscou a la mémoire courte et les Polonais sont bien placés pour le savoir ...

dimanche 13 septembre 2009

!!!

C'est ce que nous pourrions appeler ... chuter dans sa baignoire !
Belle photo néanmoins !

samedi 12 septembre 2009

Teddy Riner

Teddy Riner né le 7 avril 1989 à Pointe-à-Pitre est un (beau) judoka français évoluant dans la catégorie des plus de 100 kg (poids lourds). Droitier de plus de 2 mètres et d'une masse supérieure à 120 kg, il se révèle parmi les seniors au niveau international en 2007, en remportant successivement les titres de champion d'Europe et du monde. Médaillé de bronze olympique l'année suivante à Pékin, il remporte fin 2008 un deuxième titre mondial, en toutes catégories cette fois.

Ancien pensionnaire du Paris judo, il rejoint en juin 2009 le Levallois Sporting Club. Le 30 août 2009 à Rotterdam, il conserve son titre mondial des poids lourds.

Palmarès :
2005 Intègre l'Insep ; troisième aux championnats d'Europe junior (plus de 100 kg), à Zagreb.
2006 Champion du monde juniors (plus de 100 kg), à Saint-Domingue.
2007 Champion du monde (plus de 100 kg), à Rio de Janeiro.
2008 Médaille de bronze aux JO de Pékin (plus de 100 kg) et champion du monde (toutes catégories), à Levallois-Perret.
2009 Champion du monde (plus de 100 kg), à Rotterdam.

Tara repart pour 3 ans en mission scientifique

"Vous allez perdre votre bateau… mais vous allez gagner un mythe", prévenait avec bienveillance Valérie Pécresse, à Agnès b. et Etienne Bourgois lors de la conférence de presse organisée le vendredi 4 septembre à la cité de la mer Eric Tabarly de Lorient. La Ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, venue visiter le bateau la veille de son départ, a annoncé une dotation supplémentaire d'1 million d'euros au profit de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et les micro-organismes à laquelle Tara-Expéditions pourra adresser un projet. Car organiser un tel projet coûte cher, a fortiori lorsqu'il est financé par des fonds privés en tête desquelles ceux d'Agnès b. et de son fils Etienne Bourgois. 3.000.000 d'euros : c'est le budget bouclé au plus juste pour la première année et annoncé par Romain Troublé le coordinateur des opérations Tara.

Cela faisait longtemps qu'une expédition scientifique, à l'exception notoire de celles menées dans le cadre de la conquête spatiale, n'avait eu autant de retentissement en France. Peut-être est-ce du fait que l'on connaît à peu près aussi mal les océans de la planète Terre que l'Espace qui l'entoure. Et c'est justement là l'objectif de Tara : mieux connaître les océans et leur biodiversité pour appréhender leurs rôles dans la régulation du climat. 150.000 kilomètres seront parcourus autour du globe en 3 ans pour prélever des échantillons d'eau, de quelques mètres sous la surface à plusieurs milliers de mètres, à raison de 12 heures de prélèvements en moyenne tous les deux jours : une tâche colossale que seul un navire de la taille de Tara peut entreprendre. Mobiliser un bateau traditionnel d'océanographie coûte 50.000 euros par jour, indique Eric Karsenti, chercheur au Laboratoire Européen de biologie moléculaire (EMBL) de Heidelberg (Allemagne) et directeur scientifique de l'expédition.

Un coût colossal qu'il est inconcevable d'engager par la recherche publique sur une période aussi longue. Sur la goélette, les aménagements et les équipements ont été conçus spécifiquement pour le projet grâce aux partenaires financiers parmi lesquels figurent, outre Agnès b., le BIPE, le CNRS, l'agglomération Cap Lorient et les fondations Veolia Environnement et DiversiTerre d'EDF.

Par son ampleur, le projet Tara Océans a su convaincre. Outre le PNUE et l'EMBL qui figurent parmi les partenaires majeurs, l'expédition bénéficie de soutien scientifique de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR) de la région Bretagne, du Génoscope, de l'Université Pierre et Marie Curie et de l'Ifremer. De même, on aura rarement vu autant de Ministère et d'institutions associées, preuve de la transversalité des objectifs poursuivis : Marine Nationale, MEEDDM, Commission Européenne, Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, Douanes françaises, Ministère de la Recherche, Secrétariat d'Etat à l'Outre Mer…

Médiatiquement, le projet n'est pas en reste car la mission consiste aussi à sensibiliser le public et les plus jeunes. Alors qu'un journal traduit en français, anglais et chinois sera édité gratuitement par Tara-Expéditions, le site Internet de l'expédition suivra en permanence le bateau qui embarque des correspondants dédiés à la communication écrite et multimédia (films, photos etc…). Cet effort tout particulier de communication sera relayé tout au long de l'expédition par des partenaires médias à forte audience, au premier rang desquels figurent l'émission de télé et la chaîne Thalassa, le journal Metro, l'Agence France Presse (AFP), la radio France Info et enfin Actu-Environnement.com.

Fort de ses partenariats média, l'expédition Tara Océans a trouvé un écho dans la presse. Articles de presse régionale ou nationale, sites Web, radios et télés ont relayé le grand événement constitué par le départ. Plus de 5.000 personnes ont ainsi assisté au largage des amarres du bateau le samedi 5 septembre à midi. La veille au soir, l'émission Thalassa dédiée, a réuni 2,2 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie.

Après une soirée de festivités, la goélette a donc hissé les voiles entourées de plusieurs dizaines d'embarcations comme le veut la tradition bretonne. Direction : Lisbonne au Portugal. D'ici là, des échantillons d'eau de mer commenceront à être prélevés. Au cours de l'expédition, les prélèvements filtrés et conservés sur membrane seront expédiés en labo, (notamment à l'EMBL et au centre Ifremer de Roscoff) à chaque escale pour y enrichir une bio-banque qui sera analysée tout au long des années à venir. Il y a une vie microscopique extrêmement riche sous les eaux, expliquait il y a peu Eric Karsenti à Actu-Environnement.

Le plancton constitue 98 % de la biomasse de la mer. Il a un rôle primordial : il absorbe le CO2 et produit 50 % de l'oxygène. Mais, si beaucoup de bateaux scientifiques parcourent les océans pour connaître la physique et la chimie des mers, très peu travaillent sur les écosystèmes. Notre objectif est d'établir une carte, à l'échelle mondiale, des écosystèmes planctoniques et d'avoir une vision globale de la vie des océans. […] Cela nous permettra également de constater les évolutions liées au changement climatique et à l'acidification des océans. En comparant les zones, on pourra voir comment certaines espèces ont évolué selon le contexte dans lequel elles se situent. Cela nous permettra d'établir des scénarios sur les évolutions futures des écosystèmes océaniques.

L'expédition scientifique devrait également étudier les coraux, très sensibles au changement climatique et très riches pour la biodiversité marine. Huit récifs coralliens, dont certains encore vierges, devraient être approchés par Tara et ses scientifiques au cours du voyage.
Enfin, le Génoscope apportera un soutien incontournable pour décrypter les génomes des espèces prélevées. Un intérêt scientifique qui se double ainsi d'un pari pour l'avenir car nombre des découvertes qui seront effectuées sur les micro-organismes pourront trouver usage dans l'industrie des biotechnologies et contribuer ainsi à réduire le recours à la chimie issue du pétrole.


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