mercredi 31 décembre 2008

Sarkozy, Bilan de 6 mois de présidence ...

"Comment traduit-on "volontarisme" en anglais ? Pour la correspondan -te à Paris de l'Irish Times, les mots "will" et "determination" reflètent mal le caractère "agressif" de l'hyperactivité du président français. Car comme le rappelle le quotidien irlandais, "le volontarisme du président français a un pendant qui lui est proportionnel : son appétit de pouvoir". Un exemple ? Son désir, pour l'instant au point mort, de mener la présidence de l'Eurogroupe jusqu'en 2010. Au cours de ses six mois à la tête de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy a tour à tour embarrassé (Deutsche Welle), séduit (The Guardian) et agacé (Spiegel). Au-delà de la méthode du président, voici comment la presse européenne a jugé ses résultats.

L'Europe des institutions.
La présidence française avait commencé sous de mauvais auspices : le rejet du traité de Lisbonne, le 12 juin, par l'Irlande, que la France s'était pourtant jurée de faire adopter avant la fin 2008. Après une phrase malheureuse perçue comme une marque d'arrogance ("L'Irlande devra revoter") et un séjour éclair à Dublin pour s'en expliquer (The Irish Independent), Nicolas Sarkozy a finalement convaincu les Irlandais de repasser par les urnes en 2009. En contrepartie, l'UE s'est engagée sur plusieurs demandes de Dublin, comme le fait de maintenir le nombre de commissaires à 27. Des garde-fous qui représentent un "recul" de la réforme institutionnelle de l'UE, selon La Voz de Galicia. Par son style, le président français a perturbé le mode de fonctionnement de Bruxelles. Pour Le Soir, Nicolas Sarkozy "a modifié l'équilibre entre les institutions" en marginalisant la Commission européenne, "organe politique jusqu'ici central, menacé de devenir officine d'expertise technique".

L'Europe face aux défis du climat et de l'immigration.
Faire approuver par les 27 le "paquet énergie-climat" n'était pas chose aisée. L'objectif de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre avait en effet été décidé avant que la crise financière n'assombrisse l'avenir des économies européennes, rappelle le Daily Telegraph, relayant les craintes allemandes que des industries ne délocalisent hors d'Europe pour ne pas se soumettre à de telles contraintes. Mais en brandissant la menace d'un sommet d'urgence entre Noël et le Nouvel An, l'"entêtement français" aura finalement eu raison de ces inquiétudes, souligne El Pais, et mis d'accord les Etats membres sur des objectifs "peu réalistes". Le président français a plus facilement fait approuver le pacte de l'immigration, mais ce sont les citoyens, européens et extra-communautaires, qui ont dénoncé la mise en place d'une "Europe forteresse" (Visao).

L'Europe dans la spirale financière.
La crise financière mondiale ? "Un cadeau du ciel" pour le président français, selon Radio Netherlands, à peine ironique. En multipliant les initiatives sur la scène européenne et internationale, Nicolas Sarkozy, soutenu par le premier ministre britannique, Gordon Brown, a convaincu la Commission européenne et plus de vingt pays de s'engager dans des plans de relance, pour un coût global estimé à 200 milliards d'euros. Des efforts qui ont toutefois été contrés, note le Jornal de Negocios (Lisbonne), par les réticences allemandes à mettre la main au portefeuille.

L'Europe dans les relations internationales.
La présidence française aura été marquée, sur le plan international, par le conflit russo-géorgien. Si un accord de cessez-le-feu a été arraché aux deux parties en cinq jours – une "victoire diplomatique", selon la BBC –, cet accord aura mis du temps à se concrétiser sur le terrain, rappelle La Repubblica. C'est par une méthode inhabituelle, décrite par Trend News, que Nicolas Sarkozy a pu maintenir l'unité de l'UE : en prenant d'abord les décisions et en cherchant ensuite le consensus, plutôt que de passer par des phases préalables de négociations.

Un régime présidentiel.
Pour Le Soir, la "présidentialisation excessive du régime européen" a fait plusieurs victimes, en premier lieu "le couple franco-allemand". L'Allemagne, en effet, n'a guère apprécié d'être initialement écartée du projet d'Union pour la Méditerranée, ni de tenir la chandelle au couple Sarkozy-Brown (IHT). Autre couac, avec la Chine cette fois, qui a annulé sa participation à un sommet avec l'UE début décembre en raison de la rencontre entre le président français et le dalaï-lama. Les représailles de Pékin contre un dirigeant européen auront rarement été si vives. La raison de la colère des autorités chinoises, croit savoir le China Daily : le caractère imprévisible de la diplomatie française.

La fin du Sarko-euroshow.
Que retenir donc de ces six mois ? "Plutôt que d'être un de ces grands dirigeants capables de mener l'Europe vers le futur, Nicolas Sarkozy s'est converti en gestionnaire de crises", estime Radio Netherlands. The Economist reconnaît un certain talent au président français dans ce rôle : "M. Sarkozy s'épanouit dans l'adversité et s'ennuie dans la tranquillité. (...) Sa diplomatie de la 'navette' [shuttle diplomacy] durant le conflit russo-géorgien et en pleine crise financière n'a pas été sans défauts, (...) mais elle a contribué à faire parler l'Europe d'une seule et même voix."

L'hebdomadaire britannique tempère toutefois son observation : si Nicolas Sarkozy a marqué la scène internationale ces derniers mois, au point d'être qualifié de troisième personnalité de l'année par l'hebdomadaire américain Time, il a surtout profité, avec une administration Bush sur le départ, de l'absence de leadership outre-Atlantique. Et comme le note un diplomate allemand, interrogé par le Herald Tribune, le contexte international a converti comme par miracle les défauts de Nicolas Sarkozy en qualités : "En temps de crise, l'hyperactivité devient synonyme d'énergie, l'autoritarisme d'obstination et l'imprévisibilité de pragmatisme."

Sera-t-il regretté ? Pas forcément là où on l'imagine, répond le Financial Times. C'est surtout à Paris, au sein des ministères, que l'on craint le retour dans les affaires intérieures de l'"omniprésident". "Les ministres français seraient ravis à l'idée que Nicolas Sarkozy préside l'Eurogroupe, note le quotidien financier. Ainsi, il serait suffisamment affairé pour ne pas leur faire une vie de misère.

dimanche 28 décembre 2008

"Les demoiselles de Rochefort"



Les Demoiselles de Rochefort est un film musical français de Jacques Demy sorti en 1967.
Solange et Delphine sont deux jumelles d'une vingtaine d'années. Élevées sans leur père qu'elles n'ont jamais connu, les deux jeunes femmes cherchent vainement l'amour dans les rues de Rochefort. Un jour, des forains s'installent sur la place de la petite ville. La mère des jumelles, directrice d'un petit café, rencontre deux forains, Étienne et Bill. Elle les envoie chercher le benjamin de la famille, Boubou, qui va bientôt sortir de l'école. Ils voient alors Delphine venue aussi chercher son frère et ils lui parlent avant que Delphine s'en aille. Solange, qui est musicienne, décide d'aller voir la boutique de musique où elle rencontre le père de Boubou (mais ça elle ne le sait pas). Celui-ci lui parle d'une de ses amoureuses qui est partie. Un marin, peintre et poète, Maxence, veut lui aussi trouver son idéal féminin. Il peint un portrait de cet idéal et ce portrait ressemble étrangement à Delphine. Un pianiste américain, Andy, voit Solange un jour dans la rue et en tombe amoureux. La veille d'une représentation, Bill et Étienne ont perdu deux filles qui les ont quittés et se retrouvent sans numéros. Delphine et Solange acceptent de jouer. À la fin, Andy et Solange vont se fiancer, la mère et le père de Boubou vont se retrouver et Maxence et Delphine se rencontrer.

Le film a été tourné simultanément en français et en anglais.
Françoise Dorléac, alors en pleine gloire, meurt tragiquement dans un accident de voiture près de Nice trois mois après la sortie du film, qui est son avant-dernier et le seul où elle partage l'affiche avec sa sœur, Catherine Deneuve. Elle était en retard pour prendre l'avion qui la conduisait à Londres où elle devait assister à la première de la version anglaise du film.

Danielle Darrieux est la seule comédienne non doublée pour le chant. Des centaines d'auditions ont été nécessaires pour trouver des voix chantées semblables aux voix parlées des autres comédiens.
Quarante mille mètres carrés de façades ont été repeints à Rochefort pour le film.
Le film reçu le Prix Max Ophuls 1967

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La Tour Signal de la Défense

Les ateliers Jean Nouvel (Jean Nouvel (né le 12 août 1945 à Fumel, Lot-et-Garonne, France) est un architecte français .) et leurs associés ont gagné le concours de la Tour Signal ( Termes généraux Un signal est un message simplifié et généralement codé. Il existe sous forme...) qui sera construite dans le quartier des affaires de la Défense d'ici 2015. Il s'agit du résultat d'une compétition qui a débuté le 24 juillet 2007 avec l'appel à projet (Un projet est - dans un contexte professionnel - une aventure temporaire entreprise dans le but de créer un produit ou...) initial. Le projet Tour Signal fait parti des nouveaux grands projets qui doivent symboliser le renouveau de la Défense tout en orientant son développement.

Pour Jean Nouvel, il s'agit d'une grande victoire après plusieurs tentatives d'implanter un projet dans le quartier de la Défense. Il avait notamment participé au Concours "Tête Défense" organisé en 1983 et au concours de la Tour Phare. Dans les deux cas, son projet était finaliste. Il a aussi signé la Tour Sans Fin en 1990, projet qui fut abandonné pour cause financière.

Haute de 301 m, la Tour Signal sera le troisième immeuble de la Défense à dépasser le seuil des 300m. Elle sera construite au Sud (Sud est un nom :) de la Grande Arche (Une arche est un élément naturel ou construit qui adopte une forme géométrique proche de l'arc. L'élément délimite un...), au niveau de l'actuel embranchement entre la N314 et le Boulevard (Au sens premier, un boulevard est une voie de communication reposant sur d'anciens remparts, puisque le mot vient du...) Circulaire. Sa situation permettra d'équilibrer la perspective de l'Axe Historique en servant de pendant à la Tour Phare et à la Tour Générali. Physiquement, la Tour de Jean Nouvel contraste avec ses deux soeurs en proposant des formes extérieures cubiques là où les nouvelles constructions hésitent entre rondeurs et flèches élancées.
Cependant, les quatre blocs empilés sont creusés chacun par d'immenses nefs vérandas. Ces dernières n'ont pas seulement un rôle d'agrément ou esthétique, elles sont le coeur de l'auto-régulation thermique (Le thermique est la science qui traite de la production d'énergie, de l'utilisation de l'énergie pour la production de...) de la tour. Les parois vitrées qui les équiperont sont conçues pour maximiser la récupération de l'énergie solaire (L'énergie solaire est l'énergie que dispense le soleil par son rayonnement, directement ou de manière diffuse à travers...), en hivers, et pour optimiser la réfrigération en été (L'été est l'une des quatre saisons des zones tempérées, traditionnellement perçue comme la plus chaude.). Ces grands volumes creux serviront aussi de puit de lumière (La lumière désigne les ondes électromagnétiques visibles par l'œil humain, c'est-à-dire comprises dans des...), réduisant les besoins en éclairage artificiel. Au final et grâce à d'autres systèmes, la Tour Signal répondra aux normes HQE: Haute Qualité Environnementale (La Haute Qualité Environnementale ou HQE a d'abord été un socle théorique consensuel avant de devenir une marque...), générant une dépense énergétique nettement inférieure à celle des autres immeubles de la Défense.

L'autre élément structurant du projet est l'utilité multiple de la tour. Elle abritera à a fois des bureaux, des logements, un hôtel et une galerie commerciale. Il s'agit là d'un élément essentiel dans le futur de la Défense: métamorphoser le quartier des affaires en lieu de vie. Cependant, l'orientation (Au sens littéral, l'orientation désigne ou matérialise la direction de l'Orient (lever du soleil à l'équinoxe) et des...) est clairement haut de gamme: les appartements, situés dans le bloc le plus haut, auraient tous une surface (Il existe de nombreuses acceptions au mot surface, parfois objet géométrique, parfois frontière physique, souvent...) supérieure à 200m². Par contre, l'écran (Un moniteur est un périphérique de sortie usuel d'un ordinateur. C'est l'écran où s'affichent les informations saisies...) géant cubique d'environ 50m de côté qui apparaissait dans certaines vues d'artistes du projet, au sommet de la tour, semble avoir été abandonné.

Si le projet de Jean nouvel est celui qui a été officiellement sélectionné par l'EPAD en tant que Tour Signal, l'un de ses concurrents malheureux pourrait lui aussi voir le jour (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la période entre deux...). Il s'agit de l'Hermitage Tower, le projet de Jacques Ferrier. Elle s'élèverait sur les bords de la Seine, non loin de la tour CB31 (ex tour AXA).

samedi 27 décembre 2008

Un peu de douceur ...

"Picasso et les maîtres", une histoire de gros sous ...

Cette exposition doit produire un bénéfice d'environ 1 million d'euros, alors que les événements de ce genre coûtent d'ordinaire plus qu'ils ne rapportent. Trois musées parisiens importants, le Louvre, Orsay et le Musée Picasso, réclament 70 % du pactole, au motif qu'ils ont contribué à l'exposition : ils ont prêté des oeuvres, et les deux commissaires, Anne Baldassari et Marie-Laure Bernadac, sont en fonctions, respectivement, au Musée Picasso et au Louvre.

Ces trois musées réclament l'argent à un organisme d'Etat, beaucoup moins connu du public, bien qu'il emploie 1 000 personnes environ, la Réunion des musées nationaux (RMN). Ses missions sont d'organiser et de coordonner les expositions au Grand Palais - lieu prestigieux et stratégique -, mais aussi d'intervenir (expositions, catalogues, produits dérivés) pour une vingtaine de musées, situés pour la plupart en province, mais qui ne font pas partie des principaux.

Derrière ce million d'euros convoité se livre une guerre bien plus importante, qui pourrait être mortelle. La RMN affirme qu'elle seule peut faire travailler les musées ensemble, notamment pour une opération de l'ampleur de "Picasso et les maîtres". Elle serait surtout le dernier défenseur d'une utopie culturelle, selon laquelle il faut prendre de l'argent aux gros musées pour le redistribuer aux petits établissements. Ainsi, le million de "Picasso" financera des expositions plus difficiles, moins médiatisées, déficitaires, mais qui font avancer la connaissance.

Faux, répondent les gros musées, mais aussi certains petits. Pour eux, il faut supprimer la RMN, intermédiaire inutile, mal géré, lent, qui empoisonne leurs relations avec l'Etat et les collectivités locales. A leurs yeux, c'est un monstre qui suce le sang des grands musées énergiques et pèse sur les petits. En outre, son périmètre est très réduit par rapport à l'activité des centaines de musées français. En somme, la RMN offre un rapport qualité-prix désastreux.

Qui a raison ? Après des années de gestion épouvantable et fort coûteuse pour la collectivité, la RMN a fait des efforts. Sont-ils suffisants ? Un rapport traditionnel de la Cour des comptes doit le dire en février 2009. Mais, pour l'observateur extérieur, cette bataille confuse révèle un triste visage de l'Etat culturel. Elle résulte d'une politique illogique, conduite depuis vingt-cinq ans et fondée sur une contradiction.

Dans les années 1980, quand Jack Lang était ministre de la culture, une impulsion puissante a été donnée aux musées : achèvement d'Orsay, création du Grand Louvre, rénovation de dizaines d'établissements hors de Paris, renforcement des budgets. Il fallait moderniser pour attirer toujours plus de visiteurs. Pour les villes, leurs musées devenaient un enjeu politique et économique. On a alors commencé à parler d'industrie culturelle, d'offre et de demande, d'investissement et de rentabilité. On a commencé à dire qu'un musée doit être géré comme une entreprise et attirer des clients.

Dans ce système, l'entreprise-musée est dirigée par un patron doté d'une large autonomie. Or l'administration des musées n'a pas été conçue sur ce modèle. Etatique et centralisée, héritée du XIXe siècle, constituée de fonctionnaires soumis à une hiérarchie pesante, dirigée de Paris par une direction des musées de France (DMF), elle n'avait jamais raisonné en de tels termes.

Cela n'a pas empêché la nouvelle politique de se mettre en place. L'art, ancien comme contemporain, est devenu à la mode, très prisé des élus comme du public. La mutation est incontestable, avec des musées de plus en plus actifs, des visiteurs par centaines de milliers, des budgets de plus en plus élevés, des espaces loués à des entreprises pour gonfler les ressources propres et le mécénat.

Mais cette mutation n'a été que lentement et partiellement accompagnée par des réformes structurelles. Si l'on voulait que le Louvre ou Orsay fonctionnent comme des entreprises, il fallait leur donner la liberté de leur gestion financière, de leur programmation, de leur recrutement et de leurs achats. Ce n'est pas sans mal, pourtant, qu'ils sont parvenus à échapper par étape à la tutelle de la DMF et à devenir des établissements publics, donc dotés d'une certaine autonomie, comme le Château de Versailles.

Depuis l'arrivée à sa tête d'Henri Loyrette, le Louvre pousse le système en commer -cialisant sa marque vers des pays réputés prospères, Etats-Unis ou pays du Golfe. Il continue néanmoins à recevoir une grosse subvention du ministère de la culture, car, en France, le mécénat reste trop faible pour se substituer totalement à l'argent public. Les gros musées sont donc dans une situation d'économie mixte et d'autorité disputée. L'incohérence de l'Etat est de les inciter à être de plus en plus autonomes, parce que l'argent lui manque, tout en les priant de s'entendre avec la RMN, qui raisonne en termes de politique globale, de redistribution, de répartition territoriale et de défense des petits musées. Bref, de service public, comme pour La Poste ou la SNCF.

Au sein des musées français, il est rare que les querelles de famille se règlent sur la place publique. C'est pourtant ce qui se passe avec l'exposition du Grand Palais, "Picasso et les maîtres", à voir jusqu'au 2 février 2009. Querelle de gros sous, dit-on. C'est vrai. Mais elle est le symptôme qui cache une fracture culturelle plus sérieuse.Le ministère de la culture, plutôt discret sur l'affaire "Picasso", voudra-t-il trancher ce débat ? Ce serait son rôle, mais on y considère peut-être que la situation est déjà irréversible et que le paysage est bien dessiné. D'un côté, il y aurait désormais des établissements, à la fois les plus riches en oeuvres et les mieux situés pour les touristes, au centre de Paris, à Versailles et dans quelques grandes villes où leur rayonnement est considéré comme stratégique - Lyon, Montpellier ou Strasbourg. Et, de l'autre, des dizaines d'établissements qui, certes, ne disparaîtront pas, mais seront réduits à survivre. Les signes ne manquent pas, dans bien des villes, du désintérêt des municipalités pour des lieux culturels coûteux et électoralement peu rentables.

Est-ce cette évolution que le pouvoir actuel souhaite entériner ? En d'autres termes, quelle politique culturelle veut-il ? Le Louvre et la Réunion des musées nationaux attendent la réponse. Ils sont loin d'être les seuls dans ce cas.

"If"


Charlotte Gainsbourg et Etienne Daho

Archéologie en Mer Baltique

Plus des deux-tiers de la surface de la Terre sont couverts par les mers. La mer Baltique et ses golfes n’en représentent qu’une infime goutte, mais pour les archéologues de la mer et les plongeurs c’est un lieu riche et fascinant. Utilisant de nouvelles méthodes, les Finlandais ont commencé depuis peu à dresser le relevé systématique des trésors qui y sont cachés. Les chercheurs eux ne cachent pas leur enthousiasme.

Le fond de la majeure partie des océans se trouve à des kilomètres de profondeur. Les fosses les plus profondes de l’océan Pacifique atteignent jusqu’à plus de dix kilomètres. La profondeur moyenne de la Baltique n’est que de 55 mètres. C’est une des mers du monde les plus petites, les moins profondes, les plus parsemées d’îles mais aussi d’écueils.

Depuis que l’homme sillonne les mers, le voyage de centaines de navires qui se sont écartés de leur route ou qui ont perdu la lutte contre les éléments s’est terminé au fond de la Baltique et, surtout, de ses golfes. On a trouvé à Virolahti, dans un recoin finlandais du golfe de Finlande, l’épave de ce que l’on croit être un bateau viking. Reste à voir ce que la recherche systématique nous apprendra sur l’histoire.

L’historien romain Tacite racontait déjà il y a près de deux mille ans que les Germains allaient chercher “au-delà d’une mer inconnue (la Baltique)” les fourrures qu’ils appréciaient tant. Les expéditions viking vers l’est allaient jusqu’au lac Ladoga via la mer Baltique.

Au fil des années, de terribles combats navals se sont déroulés pour la domination de cette importante route maritime qu’est la Baltique et le fait que la Russie détient encore la base militaire de Kaliningrad sur le littoral lituanien en dit long sur l’importance de cette zone. C’est la raison pour laquelle ces eaux qui baignent l’archipel et le rivage finlandais recèlent beaucoup d’histoire. Cette histoire est à la portée des chercheurs - pour autant qu’on la trouve.

L’épave n’est pas mangée, mais peut être broyée

La mer Baltique est aussi la plus grande étendue d’eau saumâtre du monde dont la salinité est, comparée à celle des océans, insignifiante (0-15 pour mille). Maija Fast, chercheur au musée océano -graphique de Finlande fait l’éloge des qualités de la Baltique en les considérant justement du point de vue de l’archéologie marine. “C’est une petite mer intérieure absolument exceptionnelle. Du fait de sa faible salinité, le “ver à bateaux”, taret qui vit dans l’Atlantique et se nourrit de bois, ne se plaît pas ici. Les épaves en bois se conservent très bien dans ses eaux. Voici l’exemple typique d’une autre situation. Nous sommes en train de mettre en place un projet commun avec l’Australie. Là-bas, en 1860, un vaisseau finlandais a fait naufrage au nord de l’île de Kangaroo. L’épave est un vestige archéologique protégé. Pourtant, sur place, on ne distingue aucune partie de l’épave, on n’y voit que des objets éparpillés en verre, en porcelaine et en métal. Les tarets ont littéralement dévoré l’épave. C’est une chose que nous n’avons pas à craindre dans la Baltique.”

Image size 19 Kb Maija Fast et le Kemi, bateau-phare construit en 1901, sur le rivage du musée océano- graphique de Finlande. Le musée se trouve sur une petite île, Hylkysaari (l’île de l’Épave), devant Helsinki.

“Bien que les tarets ne soient pas une gêne, la formation de glace peut être pour une épave un moment difficile à passer. Lorsque la glace commence à fondre au printemps, il se forme des amoncellements qui peuvent aller jusqu’à vingt mètres de profondeur et écrasent tout sous eux. Naturellement, la mer use aussi tout ce qu’il y a au fond. La situation la plus désastreuse est lorsque l’épave est placée directement sous la route des grands navires. Nous avons au large de Kotka l’épave d’un navire de guerre qui a été coulé en 1790 à la bataille de Ruotsinsalmi. Elle se trouve non seulement dans un chenal mais aussi là où le chenal change de direction et où les hélices tournent à régime plus élevé. Cela crée des tourbillons dévastateurs pour une épave en eaux peu profondes”, regrette Maija Fast.

La nouvelle sonde détecte toutes les épaves

L’échosonde à balayage latéral est un nouvel outil qui rend possible le relevé archéologique systématique du fond de la mer. Auparavant, on trouvait les épaves le plus souvent par hasard. En établissant leurs cartes marines, les gens de la Direction de la navigation maritime pouvaient tomber sur une épave, certaines sont même indiquées sur les cartes. L’Armée a aussi effectué des relevés cartographiques et trouvé des objets qui intéressent les chercheurs. Les observations des plongeurs sous-marins ont aussi été très utiles aux chercheurs.

“L’échosonde à balayage latéral est un appareil qui donne une image en trois dimensions du fond de la mer. Une échosonde ordinaire ne donne que le profil du fond, alors que l’autre le “photographie” de façon tout à fait différente. Ce n’est évidemment pas une photo et le profane n’arrive même pas toujours à en interpréter les résultats. Mais, si on l’utilise en eaux peu profondes en se déplaçant à petite vitesse, il est possible de distinguer les petits détails des objets. Même si l’on se déplace rapidement et en eaux plus profondes, les épaves se voient toujours bien. La nouvelle échosonde réagit aussi au bois et pas seulement au métal. Envoyer dix plongeurs râtisser la mer est une entreprise d’exploration à l’aveuglette sans espoir. L’échosonde à balayage latéral permet d’étudier de grandes étendues en peu de temps. En pratique, cela revient à dire qu’il est maintenant possible, pour la première fois, de faire le relevé complet des fonds du golfe de Finlande comme les archéologues marins l’ont toujours souhaité,” poursuit Maija Fast avec enthousiasme.

En Finlande, la Direction de la navigation maritime et les militaires disposent de ce genre de sonde, pas le musée océanographique. La situation s’est toutefois améliorée depuis qu’une entreprise privée a acheté une échosonde à balayage latéral que les chercheurs et les amateurs peuvent louer avec le personnel spécialisé qui sait l’utiliser et interpréter les résultats. Les associations de plongée sous-marine ont déjà fait usage de cette nouvelle possibilité et ont trouvé deux épaves en été 1997.

“Au musée océanographique, nous attendons avec grand intérêt que cette sonde permette de découvrir une cogghe médiévale qu’utilisaient les commerçants hanséatiques. Nous savons que plusieurs ont fait naufrage dans les eaux finlandaises. Pour l’instant, on n’a daté ici que deux épaves du XVIème siècle. Plus une épave est vieille, plus elle est intéressante. On n’a commencé à dresser systématiquement les plans des navires qu’à partir du XVIIIème siècle. Les épaves sont les seuls documents que nous ayons de la construction navale et aussi de la vie à bord dans les temps anciens.”

La voiture de l’impératrice au fond de l’eau

Dans les océans, les épaves peuvent reposer à plusieurs kilomètres de profondeur alors que la plupart des épaves étudiées par les Finlandais ne se trouvent qu’à 10 - 20 mètres de fond. Plonger à trente mètres demande de l’expérience, les épaves qui présentent un intérêt historique n’ont été trouvé, au-delà de cette limite, que par hasard.

Cet arbalestrille a été trouvé en 1986 dans un coffre de marin du St. Mikael. L’arbalestrille est un instrument de navigation qui, avant le sextant, permettait de déterminer la position d’un navire d’après les étoiles.

Un des objets d’étude les plus remarquables et les plus intéressants du littoral finlandais repose par quarante mètres de fond. En automne 1747, le St. Michael, navire marchand russe qui se rendait d’Amsterdam à Saint- Pétersbourg, a fait naufrage dans l’archipel, à Borstö près de Nauvo. Une partie de la cargaison s’est échouée sur le rivage et a été vendue aux enchères à Turku un an après l’accident. Cela fait près de quarante étés que les plongeurs étudient cette épave sous la supervision de la Direction finlandaise des antiquités et des monuments historiques. On a trouvé à bord, entre autres, une voiture rococo fabriquée pour l’impératrice russe Elisabeth Petrovna, de la vaisselle et des objets de valeur magnifiques. On surveille aussi et étudie en permance quelques autres épaves de grande valeur bien que moins connues. Selon un spécialiste, il est probable que l’échosonde à balayage latéral permettra, dans les années qui viennent, de découvrir des épaves parfaitement conservées à 40-50 mètres de profondeur.

“Si, par hasard, quelqu’un découvre disons une vieille pièce de membrure au cours d’une plongée, il doit en aviser immédiatement les autorités”, nous rappelle un chercheur. “La première chose à faire est que la pièce reste humide sinon elle s’effrite et risque d’être détruite en séchant. La conservation se fait, en gros, comme suit. D’abord, on fait tremper la pièce dans l’eau douce pour dissoudre et faire disparaître le sel. Ensuite, on remplace l’eau qui a longtemps séjourné dans les cellules du bois par une solution plastifiante. Dans le cas de pièces de grandes dimensions, l’imprégnation peut durer pas moins de deux ans. Avant l’utilisation des plastiques, on ne savait pas trop quoi faire en matière de conservation. La grande frégate royale Wasa qui, à la suite d’une erreur de conception, avait versé et coulé lors de son voyage inaugural et est maintenant exposée à Stockholm, a été arrosée pendant une vingtaine d’années avec une telle solution. Elle est aujourd’hui visible dans toute sa splendeur. Toute l’archéologie marine et surtout les méthodes de conservation sont un domaine très nouveau de la science.”

Les plongeurs sous-marins auxiliaires des chercheurs

La Finlande compte quelque 20 000 plongeurs sous-marins, mais les eaux sont aussi ouvertes aux amateurs étrangers. Les associations organisent des explorations sous-marines pour leurs invités et il est possible d’obtenir l’autorisation de visiter une épave. Les étrangers doivent toutefois ne pas oublier que les eaux finlandaises sont froides comparées aux eaux tropicales et que la visibilité peut y être mauvaise. Aux termes de la législation finlandaise, les épaves de plus de cent ans -leur âge est compté à partir de la date où elles ont coulé- sont protégées et on ne peut les approcher et encore moins y toucher sans une autorisation officielle. Les ancrages négligents ont fait beaucoup de mal. Il n’est pas difficile de deviner ce qui arrive si une ancre pesante touche une épave fragile. Le Musée des antiquités surveille la situation en coopération avec la gendarmerie maritime.

“Les plongeurs sous-marins sont très utiles aux chercheurs du musée océanographiques”, souligne Maija Fast. “On accorde chaque année plusieurs dizaines d’autorisations de recherche. Les plongeurs mesurent et photographient les épaves, les filment en vidéo et mettent tout ce matériel à la disposition du musée. Un plongeur qui a acquis certaines compétences tire plus de plaisir de sa passion en travaillant pour un but”.

Le champagne de Neptune

Bien plus jeune que le St Mikael mais pas moins intéressant est le naufrage du schooner Jönköping. Ce deux mâts en bois, construit en Suède en 1896, avait sillonné les mers pendant vingt ans jusqu’à ce qu’une torpille allemande l’envoya par le fond de la Baltique en 1916 devant la ville finlandaise de Rauma.

Le Jönköping transportait une cargaison de 5 000 bouteilles de champagne et 67 tonneaux de vin et de cognac destinés à la consommation des officiers du tsar. Il n’est pas étonnant que l’épave, dont la cargaison est évaluée à environ un million de dollars US, attira immédiatement un essaim de plongeurs sur le site. Le contenu de quelques bouteilles ramenées à la surface pour goûter s’avéra d’excellente qualité et le renflouement de toute la cargaison n’était plus qu’une question de météo.

Cela eut lieu en juillet 1998. Une équipe de plongeurs suédois arriva avec une grue flottante et leva l’épave qui resta plusieurs heures juste en-dessous de la surface pendant qu’on la vidait de ca cargaison.

Le champagne était excellent et rapportera beaucoup d’argent mais les tonneaux en bois ne causèrent que du désappointement. Ils ne contenaient plus en effet qu’un cocktail nauséabond de vin ou de cognac et d’eau de mer.

Des trésors artistiques pour la tsarine

Les plongeurs finlandais, aidés ici aussi d’une échosonde à balayage latéral, ont fait en juin 1999 une trouvaille qui semble pleine de promesses. Il s’agit de l’épave du Vrouw Maria, navire néerlandais qui gît par 41 mètres de fond entre les îles Jurmo et Borstö au large de la côte ouest de la Finlande, là où avait aussi été repéré le St.Michel.

Le Vrouw Maria faisait route vers Saint-Pétersbourg venant d’Amsterdam lorsqu’il coula le 3 octobre 1771. Il y avait à bord des trésors artistiques que la tsarine Catherine la Grande avait commandés. L’épave que les plongeurs ont trouvée est pleine de caisses en bois.

vendredi 26 décembre 2008

David Skrela

David Skrela, né le 2 mars 1979 à Toulouse (Haute-Garonne), est un joueur de rugby à XV français.
Il joue en équipe de France et évolue aux postes de demi d'ouverture ou de centre au sein de l'effectif du Stade toulousain.
Il est le fils de Jean-Claude Skrela, ancien joueur international français et ancien sélectionneur de l'équipe de France, et sa sœur, Gaëlle, est basketteuse professionnelle.

Il est le petit fils d'immigrés polonais du côté de son père. Il possède un diplôme d'ingénieur de l'Institut national des sciences appliquées de Toulouse, promotion 2003.
Capable d'évoluer à l'ouverture mais également au centre, il est réputé pour la qualité de sa défense et son jeu au pied.

Il a honoré sa première cape internationale en équipe de France le 30 juin 2001 contre l'équipe de Nouvelle-Zélande. Six ans après, ses progrès et ses performances en club avec le Stade français lui rouvrent les portes du XV de France lors du tournoi des six nations 2007.
































Plus de publicité sur France Télévision à partir du 05/01/09

C’est désormais officiel: la publicité sera supprimée à partir du lundi 5 janvier, entre 20 heures et 6 heures, sur les chaînes de France Télévisions. Soit deux jours avant l'éventuelle promulgation de la loi, qui doit être étudiée par le Sénat le 5 janvier.

La direction a indiqué ce mardi qu’une résolution allant en ce sens a été adoptée par le conseil d’administration du groupe. Elle a été adoptée par neuf voix pour, deux contre et une abstention.

Le président du groupe, Patrick de Carolis, est donc particulièrement réactif, puisque la ministre de la Culture, Christine Albanel, lui a demandé hier lundi d’annoncer lui-même l’arrêt de la publicité sur toutes les chaînes de France Télévisions, excepté RFO, en raison du retard dans l’examen parlementaire du projet de loi.

Carolis a choisi de porter cette mesure au vote du conseil d’administration. Il a expliqué, dans un communiqué, «qu’avant même le vote définitif et la promulgation de la loi, il entendait prendre et assumer ses responsabilités au nom de l’intérêt supérieur du groupe qu’il dirige et de ses collaborateurs». Il «a ajouté que cette décision et les conditions d’urgence dans lesquelles elle avait été amenée devant le Conseil pouvait susciter chez certains le doute ou la préoccupation, mais qu’elle était indispensable au bon fonctionnement de l’entreprise», toujours selon le communiqué.

















Les 450 millions d’euros destinés à compenser le manque à gagner sont d’ores et déjà garantis par l’Etat, car inscrits dans la loi de finances 2009.

Pour compenser la suppression progressive de la publicité, l’Assemblée nationale a déjà voté l’instauration de deux taxes, une taxe sur les fournisseurs d’accès internet (FAI) et l’autre sur le chiffre d’affaires publicitaire des chaînes privées.

En 2009, France Télévisions prévoit un déficit de 135 millions d’euros, après une année 2008 marquée par un déficit de 116 millions d’euros, a indiqué la CGT dans un communiqué à l’issue du conseil d’administration. La direction de France Télévisions n’a pas communiqué immédiatement sur ces chiffres.

Benoît Hamon, porte-parole du PS, s’est pour sa part insurgé contre la demande du gouvernement au président de France Télévisions de décider lui-même de la suppression partielle de la publicité.

«Nous n’avons pas besoin que soit adoptée la sup- pression de la publicité, puisque M. de Carolis peut la mettre en oeuvre tout seul», a ironisé l’eurodéputé lors d’un point de presse à l’issue du secrétariat national du PS. «Cette réforme manifestement n’avait besoin ni d’une loi, ni d’un décret», a poursuivi Hamon pour qui Patrick de Carolis «est considéré par le pouvoir politique comme un auxiliaire chargé de mettre en oeuvre les choix politiques du gouvernement».

«On a bien désormais une conception de l’audiovisuel public comme une courroie de transmission du pouvoir politique», a déploré l’eurodéputé.

jeudi 25 décembre 2008

dimanche 21 décembre 2008

!!!

samedi 20 décembre 2008

vendredi 19 décembre 2008

La débacle de l'Artique

Les hautes latitudes de l'hémisphère Nord se réchauffent et se transforment, à marche forcée. Les dernières observations de l'Arctique, rendues publiques à San Francisco (Californie) au congrès d'automne de l'American Geophysical Union (AGU), suggèrent que les effets de ce que les scientifiques nomment l'"amplification arctique" sont désormais tangibles. Propre aux régions polaires, cette "amplification" du réchauffement est caractérisée par l'enclenchement d'un cercle vicieux - une cascade d'événements favorisant la fonte de la banquise, et déclenchés par elle.
Le signe le plus évident du changement rapide en cours est la diminution de la surface de la banquise. Celle-ci se rétracte de manière saisonnière, tous les étés, avant de s'étendre à nouveau au cours de l'hiver. Mais en septembre 2007, puis en septembre 2008, la glace de mer arctique a connu deux minimums jamais atteints depuis que le début des observations. "En septembre 2007, elle a été de 26 % inférieure à celle de l'année précédente, explique Julienne Stroeve (National Snow and Ice Data Center). Et 2008 a été presque aussi mauvais."

Cette perte de glace estivale a des répercussions en cascade. En réanalysant les données satellites obtenues entre 1979 et 2007, Mme Stroeve a observé que les températures de la basse atmosphère ont eu tendance à être de plus en plus élevées en automne. Pourquoi ? L'absence de glace expose l'océan, plus sombre, aux rayons du Soleil : la mer absorbe ainsi une énergie qui, auparavant, était réfléchie. "Et en automne, alors que la glace se reforme, une grande part de la chaleur absorbée par l'océan en été est restituée à l'atmosphère, ce qui entrave la formation de nouvelles glaces", précise Mme Stroeve. Ainsi, en 2008, malgré une année plutôt fraîche, les anomalies chaudes en Arctique sont demeurées importantes.

Cette amplification locale du réchauffement ne surprend pas. Elle est prévue par tous les modèles numériques utilisés par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) : pour un réchauffement moyen de 3 °C à la fin du siècle, les modèles prévoient une augmentation des températures de 7 °C dans la zone arctique. "Ce qui arrive était prévu, mais on ne l'attendait pas aussi tôt", résume la chercheuse.

Elément déclencheur de l'amplification arctique, la réduction de la banquise estivale affecte également les terres émergées de la région. Et en particulier le Groenland, dont la réduction des glaces semble être corrélée à celle de la banquise. Dans les régions les plus septentrionales de l'inlandsis, la période de fonte estivale des glaciers, habituellement comprise entre dix et quinze jours, s'est étendue sur près de trente-cinq jours cet été. "Dans une zone située à l'extrême nord du Groenland, c'est quelque chose que nous n'attendions pas", explique Marco Tedesco (City College of New York), coauteur de ces observations par satellite. Des observations appuyées par d'autres résultats, dévoilés par Jason Box (université de l'Ohio), et obtenus par d'autres instruments satellites : selon eux, la perte de glace de l'inlandsis groenlandais a été trois fois plus importante au cours de l'été 2008 qu'au cours de l'été précédent.

Autre conséquence des changements accélérés de la région : la fragilisation du permafrost et la possible déstabilisation des hydrates de méthane (ou clathrates) qui reposent sur le plancher océanique. Or ce sont des réserves considérables de carbone organique - de l'ordre de 1 000 milliards de tonnes pour la zone arctique - dont le dégazage aurait de graves conséquences climatiques.

FORTES CONCENTRATIONS DE MÉTHANE

Ce dégazage est-il en cours ? Une expédition océanographique russo-américano-suédoise a, au cours de l'été, longé la côte russe, depuis la mer de Barents jusqu'aux confins de la mer de Sibérie orientale et de la mer de Chukchi. Plus de 1 000 prélèvements des eaux de surface ont été effectués par les océanographes qui ont noté des concentrations très importantes de méthane, un puissant gaz à effet de serre.

"Parfois jusqu'à 100 à 200 fois les valeurs de fond", souligne Igor Semitelov (International Arctic Research Center, université d'Alaska). Cela suggère que la région joue de moins en moins bien son rôle de séquestration du carbone qu'elle stocke depuis des dizaines de milliers d'années. Mais il n'y a cependant pas de surveillance continue du méthane dans la zone et il est difficile d'évaluer l'importance de ces mesures.

Rendu public au cours du congrès de l'AGU, un rapport américain dressant l'état des connaissances sur les changements climatiques abrupts - dont une cause possible est précisément le dégazage de ces fameux hydrates de méthane - estime pour sa part "très improbable" une telle éventualité au cours du siècle.

"La ballade du mois de juin ..."