dimanche 27 décembre 2009

samedi 26 décembre 2009

Maarten Baas

Depuis 2004 et son mobilier carbonisé, ce jeune Néerlandais nous surprend à chaque collection. Devenu une star du design, il refuse toujours de commenter ses intentions.
À 31 ans, l’Allemand qui vit aux Pays-Bas vient d’être sacré Designer de l’année 2009 à Design Miami, en Floride. Une distinction précoce, mais pas si surprenante au regard des pièces d’exception qui jalonnent son parcours depuis l’école. La Tools Galerie lui ouvre grand ses portes jusqu'au 23 janvier 2010 !

A rebours des designers du « off » qui choisissent, en marge du Salon du meuble de Milan, le cadre propret d’une boutique pour improviser une galerie, Maarten Baas a préféré investir, en avril dernier, un lieu joliment plus destroy : un atelier de réparation de voitures, Autoriparazione Voghera, via Voghera 8. De ce décor foutoir, criant de vérité et maculé de cambouis, émergeaient, telles des pépites d’or, ses meubles “Smoke”, “Clay” et “Sculpt” ainsi que des nouveautés. Parmi celles-ci, les “Chinese Objects Object” et “Plastic Chair Wood” conçues pour la Contrasts gallery à Shanghai et la famille d’objets lumineux “Chankley Bore” éditée par les Britanniques Established & Sons.

Une mise en scène pas si décalée quand on connaît l’atmosphère de ruche dans laquelle travaillent au quotidien Maarten Baas et son associé, Bas den Herder. L’un est aussi échevelé et dégingandé que l’autre, fils de pasteur, est coiffé ras et habillé sage. Ils n’en forment pas moins un duo d’enfer : Bas den Herder trouve les solutions techniques qui permettent de concrétiser les créations de Maarten. « Cette répartition des rôles est la force de ce tandem. Trop de designers ont de bonnes idées sans savoir les fabriquer », note Loïc Le Gaillard, de la Carpenters Workshop gallery à Londres. Séries limitées, pièces uniques reproductibles et commandes spéciales sont ainsi autoproduites par une dizaine d’assistants dans leur atelier d’Eindhoven.
On a découvert Maarten Baas en 2003, à sa sortie de la Design Academy, avec son projet de fin d’études “Smoke” qui a marqué de façon indélébile les esprits. Peu disert sur son travail, le designer laisse aux autres le soin de l’interpréter. D’aucuns ont vu dans ces meubles de style livrés à la crémation (et préservés dans leur fonctionnalité par une couche de résine) un trait d’arrogance et d’irrévérence vis-à-vis du passé.

Dans la foulée, une seconde série, orchestrée par le galeriste new-yorkais Murray Moss, baptisée “Where’s There’s Smoke...” qui montrait vingt-cinq classiques du design offerts à un feu rédempteur, a accentué cette idée rebelle. « En brûlant ainsi ce qui a constitué ses plus fortes influences historiques, dont Mackintosh, Rietveld ou Eames, Baas a dégagé de l’énergie pour se propulser en avant, commente Murray Moss. Il manie le chalumeau comme un ciseau à bois, il resculpte ces icônes en imposant sa propre signature. »

Li Edelkoort, directrice de la Design Academy, se souvient : « Chez Murray Moss, le défilé d’icônes du XXe siècle brûlées était extrêmement émouvant, fort comme un adieu. Le vrai génie de Maarten Baas a été d’illustrer le passage d’un siècle à un autre, ce qui l’a propulsé sur le devant de la scène. Mais son geste était au départ spontané, primitif. Il y a, chez lui, une joie de créer. » Cette dimension du plaisir est effectivement centrale dans le travail de ce designer de 30 ans. Ce que confirme le galeriste parisien Loïc Bigot : « Baas a une attitude quasi adolescente. Domine, chez lui, l’envie de s’amuser avec les formes et les matières. » C’est patent avec la série “Clay” (2006) où il met littéralement « la main à la pâte » pour modeler, comme un sculpteur, l’argile synthétique autour d’un squelette de meuble en métal. Idem avec le mobilier “Treasure” (2005) improvisé à partir de morceaux de bois récupérés dans des décharges d’usines de meubles.

Un jour, au détour d’une interview, Maarten Baas a avoué son penchant pour « la beauté de l’imperfection ». Son humour se teinte souvent d’ironie, Quand Pearl Lam de la Contrasts gallery l’invite à collaborer avec les meilleurs artisans chinois, il livre une superbe “Plastic Wood Chair”, imitant à la perfection un archétype de chaise industrielle. De la dérision encore et toujours avec ses “Chankley Bore”, d’étranges créatures échappées d’un cartoon futuriste, qui rompent à la façon d’un Mendini avec tous les standards du bon design.

« Face à ses objets, explique la galeriste milanaise Rossana Orlandi, on est instinctivement tenté de toucher pour identifier le matériau et soulever le mystère de la fabrication. Le meilleur exemple est son armoire “Sculpt”. Surdimensionnée et difforme, on la croit en bois alors qu’il s’agit de métal recouvert d’un placage bois ! »

Son air angélique cache un designer qui défend bec et ongles son indépendance, contrôle son image autant que sa production. Le succès ne lui fait toutefois pas perdre la tête, ni céder aux sirènes du marché de l’art. Comptez 1900 euros pour une chaise “Clay” et 6000 euros pour une commode pièce unique “Smoke”. De quoi se laisser tenter pour qui collectionne le design d’auteur.





vendredi 25 décembre 2009

Deneuve

La France va mieux que les autres ... Sarkozy n'y est pour rien !

Pour sa deuxième conférence de presse (je rappelle qu'il en avait promis deux ou trois par an), Nicolas Sarkozy n'a pas pris trop de risques. Il a invité à la dernière minute les journalistes économiques, et leur a demandé explicitement de limiter leurs questions à l'économie. Ceux-ci ont été très disciplinés.

Surtout, il a donné cette conférence pour annoncer un plan de revitalisation de l'économie contre lequel il est difficile d'être scandalisé : plus d'argent pour les universités, plus d'argent pour la recherche, plus d'argent pour les énergies renouvelables, etc ...
Enfin, le moment est bien choisi : la France vient d'annoncer qu'elle terminera l'année avec une récession inférieure à celle des voisins : le recul est de 2,2%, à comparer aux -5% allemands, aux -4,7% britanniques et aux -4,6% espagnols ...

Les questions ont été polies, y compris celle du directeur de "Libération", Laurent Joffrin, qui a commencé par saluer la performance économique de la France dont, suppose-t-il, "il serait injuste de dire que le gouvernement n'y est pour rien".
Eh bien, soyons "injustes" ! La vérité, c'est que gouvernement n'est pour rien dans la performance française (si tant est qu'on puisse appeler "performance" une baisse de la croissance de 2,2% !).

Certes, Nicolas Sarkozy a eu raison de ne pas écouter, fin 2008, les sirènes orthodoxes, surtout dans son camp, selon lesquelles toute relance serait catastrophique pour les comptes publics. Il donc a fait ce que tout gouvernement occidental a fait : il a laissé jouer les "stabilisateurs automatiques", c'est à dire qu'il n'a pas cherché à compenser par des coupes budgétaires les baisses de recettes fiscales liées à la crise (moins d'activité = moins de TVA).
Il a laissé le déficit s'accroître, comme l'ont fait tous ses collègues européens et américains. Et il n'a pas appuyé aussi fort que d'autres sur la pédale : Londres et Washington, par exemple, ont engagé des mesures bien plus massives en faveur des ménages.

Pourquoi dès lors la France a connu une récession moindre ? Pour trois raisons.

1. La première, c'est que l'économie française est moins "financiarisée" que les économies anglosaxones, et elle n'a pas subi de plein fouet l'éclatement de la bulle.
2. La deuxième raison, plus cruelle, est rappelée par l'économiste Patrick Artus dans "Libération" : la France a été moins touchée parce qu'elle s'est "désindustrialisée". La chute de la demande globale a frappé de plein fouet les grands exportateurs de biens d'équipement, dont la France ne fait plus partie. Artus donne des chiffres : l'emploi industriel ne s'élève qu'à 12% en France, contre 20% en Allemagne, les exportations représentent 22% du PIB en France, contre 50% en Allemagne…
3. Enfin, la France a été protégée par cet Etat-providence que Sarkozy rêve d'effilocher. Lors de sa conférence de presse, il a de nouveau comparé, avec une moue, le poids des dépenses publiques à celui des autres pays. Rendez-vous compte, "52% en France contre 42% en Allemagne" ! Pire, a-t-il même ajouté, "Nous avons dépassé la Suède !"

Paradoxalement, c'est cette importante dépense publique (pour la santé, l'éducation, la sécurité économique ou physique des citoyens) qui a permis d'amortir le choc de la crise. Par nature, la dépense publique est bien moins sensible aux aléas de la conjoncture que ne l'est la dépense privée.
Certes, il n'est pas très heureux de voir la France perdre du terrain sur les marchés internationaux et il est sain de s'assurer que la taille de l'administration publique n'est pas démesurée en comparaison aux services qu'elle rend.
Mais s'il est question de tenir un discours de vérité, il faut reconnaître que, pour une fois, ce sont ces "handicaps" qui ont permis aux Français d'être un peu mieux protégés que les autres contre la crise, et pas les quelques cadeaux fiscaux aux ménages aisés ou aux patrons de restaurants.

Terrible !



J'aime pô les chats !

Joyeux Noël !

samedi 19 décembre 2009

Le Château de Chantilly

Chantilly fut d'abord une ancienne forteresse médiévale cantonnée de sept tours et entourée de douves en eau, construite sur un terrain marécageux de la vallée de la Nonette, qui contrôlait la route de Paris à Senlis. Le château appartenait primitivement à Guy de Senlis, "bouteiller" du roi Louis VI à la fin du XIe siècle.

Le château de Chantilly se dresse au coeur d'un vaste domaine de 7.800 hectares de terres situé au coeur d'une des plus grandes forêts des environs de Paris.
De 1386 à 1897, le domaine de Chantilly est passé par héritage à différentes branches d'une même famille, sans jamais être vendu : les Orgemont (XIVe-XVe), les Montmorency (XVe-XVIIe), l'une des plus puissantes familles du royaume, qui a beaucoup contribué à son développement, notamment au temps du Connétable Anne (1493-1567) qui fit construire le Petit château par Jean Bullant, puis les Bourbon-Condé (XVIIe-XVIIIe siècles), cousins des rois de France, dont le plus célèbre, le Grand Condé, fit dessiner le parc par André Le Nôtre, enfin Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), fils du roi Louis-Philippe.

De la forteresse médiévale, il ne reste aujourd'hui que la base des sept tours, baignant dans les douves. Sous le Grand Condé, le château fut un lieu de fêtes et un cercle littéraire où voisinèrent La Fontaine, La Bruyère, ou Bossuet. Au XVIIIe, le prince de Bourbon-Condé décore les appartements du château en faisant appel aux peintres Oudry, Huet ou Nattier. Son fils fit aménager le jardin anglo-chinois, si cher à l'époque et fit construire le Hameau, groupe de maisons rustiques qui inspira celui de la reine Marie-Antoinette au Trianon. Il émigre à la Révolution, les collections de Chantilly sont saisies, les bâtiments rasés, le parc ravagé. En 1815, les Condé reviennent et restaurent le domaine.

De 1876 à 1882, le duc d'Aumale fait reconstruire le château, sur les plans de l'architecte Honoré Daumet. C'est pour cela que le château actuel présente une juxtaposition de tous les styles et de toutes les époques. Le décor XIXe étonnant, la salle à manger, l'escalier, ou encore certains salons expriment toute l'hétérogénéité et l'exubérance de cette période. Grand collectionneur, le duc d'Aumale constitua un formidable musée : école française, peinture italienne et de l'école du Nord font du musée Condé le plus riche de France après Le Louvre. La bibliothèque contient plus de 10.000 volumes du Moyen Age au XIXe dont le célèbre manuscrit des 'Très Riches Heures du duc de Berry'. Le domaine fut légué à l'Institut de France avec l'obligation de l'ouvrir au public et de tout conserver en l'état. Un très beau témoignage d'une ancienne famille régnante à son pays.

Le Petit Château et le Château Neuf

De la forteresse médiévale des Orgemont ne subsiste que la base des tours. C'est donc Le Petit Château du connétable de Montmorency, construit en 1551, qui constitue aujourd'hui la partie la plus ancienne du château.
Le Petit Château comprend, au premier étage, les grands appartements. Ceux-ci comprennent trois salles décorées au XIXe siècle (dont l'antichambre et la salle des gardes), élevées sur l'ancien bras d'eau qui séparait le Petit Château du Grand Château, ainsi que l'appartement des princes de Condé décoré vers 1720 par Jean Aubert de superbes lambris (comprenant la chambre de Monsieur le Duc, le cabinet d'angle, le boudoir décoré d'une grande "singerie" de Christophe Huet, "la Galerie des Actions de Monsieur le Prince", et le salon de Musique).


Le château d'Enghien


C'est un bâtiment tout en longueur adossé à la forêt et situé de l'autre côté du grand degré vis-à-vis du château. Construit en 1769 par l'architecte Jean-François Leroy, il a pour fonction originel de loger les invités des princes. Il doit son nom à Louis Antoine de Bourbon-Condé, Duc d'Enghien, fils du dernier prince de Condé, qui fut logé avec ses nourrices dans le bâtiment après sa naissance en 1772.
Il est composé d'une succession de 4 logements accolés marqués par 4 entrées propres surmontées chacune d'un petit fronton triangulaire le tout couronné d'une balustrade, qui sont de nos jours les logements de fonction de la conservatrice du Musée Condé, et des trois académiciens membres du collège des conservateurs (actuellement Pierre-Jean Rémy de l'Académie française, qui remplace Alain Decaux, Yves Boiret de l'Académie des beaux-arts, Jean-François Jarrige de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).

Le Jeu de Paume


Le jeu de paume est construit à partir de 1756 par l'architecte Claude Billard de Bellicard, avec des décorations sculptées sur la façade signées Henri-Nicolas Cousinet. C'est l'un des premiers bâtiments construit spécifiquement pour ce jeu. Il est inauguré le 26 octobre 1757. Il comprend la salle de jeu proprement dite et dans l'entrée « la Dépouille », où les joueurs se changent et se préparent.
Le bâtiment est transformé en salle d'exposition pour des oeuvres de grand format au XIXe siècle. Visitable, il accueille aujourd'hui une maquette représentant le château et son parc au XVIIe siècle.

Les Grandes Écuries

Les Grandes Écuries ont été construites par l'architecte Jean Aubert entre 1719 et 1740. Longues de 186 mètres, elles sont exceptionnelles par leurs dimensions tout comme par leur magnificence.
Le prince de Condé en était si fier qu'il n'hésitait pas à recevoir à dîner sous la majestueuse coupole, haute de 28 mètres, où soupèrent notamment Louis XV, le futur Tsar Paul Ier et Frédéric II de Prusse.
Les écuries pouvaient abriter 240 chevaux et 500 chiens, utilisés pour les chasses quotidiennes dans la forêt de Chantilly.
En 1982, le Musée vivant du cheval y a été installé par Yves Bienaimé.
En 2006, les écuries ont été réunies au château par l'Aga Khan IV dans le cadre de la Fondation pour la Sauvegarde du domaine de Chantilly.


Le parc

Le parc de Chantilly couvre 155 hectares, dont 25 hectares de plans d'eau, auxquels il faut ajouter les 60 hectares du parc de Sylvie. La forêt de Chantilly, qui s'étend sur 6 310 hectares, fait partie intégrante du domaine.

Le jardin de Le Nôtre

Chantilly était la création préférée de Le Nôtre. Selon son habitude, il a structuré le parc autour de deux axes perpendiculaires : le premier, Nord-Sud, dans l'axe de la majestueuse terrasse édifiée par le connétable de Montmorency, est perpendiculaire aux courbes de niveau et met en évidence le vallonnement du site; le second, Est-Ouest, est occupé par Le Grand Canal, le long de la vallée.

Entre la terrasse et Le Grand Canal, au Nord du château, Le Nôtre a ménagé des parterres "à la Française". Ces parterres sont agrémentés de bassins et ornés de vases et de statues de pierre, dont la plupart datent du XIXe siècle et représentent les personnages illustres liés au riche passé du domaine. Les parterres étaient originellement de forme trapézoïdale, ce qui les faisait paraître plus vastes en contrecarrant la perspective. Cet effet, d'un très grand raffinement, a été supprimé par la reconstitution du XIXe siècle, qui leur a donné la forme de rectangles parfaits. Des broderies végétales, il en subsiste des témoignages dans le Jardin de la Volière (au pied du château, côté Ouest) ainsi que dans le jardin de La Maison de Sylvie (1671).
Les parterres de Le Nôtre sont aujourd'hui encadrés de deux jardins paysagers qui n'existaient pas du temps de leur création. Celui qui se trouve à l'Est date du XVIIIe siècle et est traité en hameau rustique. Celui de l'Ouest, traité "à l'Anglaise", remonte à la première moitié du XIXe siècle. De l'autre côté du Grand Canal, l'amphithéâtre du Vertugadin, prolongé par une allée forestière, prolonge l'axe des parterres à travers la forêt.




La grille d'honneur se trouve située en contre-bas par rapport au château et surtout à la terrasse. En arrivant au château, celle-ci masque la perspective, qui se découvre tout d'un coup lorsque le visiteur y accède : l'effet est saisissant.

mardi 15 décembre 2009

"Dovima with elephants"


Dorothy Virginia Margaret Juba (1927 – 1990), plus connue sous le nom de Dovima (les premières syllabes de ses trois prénoms) est un célèbre mannequin des années 50 réputée pour avoir été le mannequin le mieux payé de sa génération.

La célèbre photo "Dovima with elephants" prise par Richard Avedon en 1955 au cirque d'hiver à Paris, où Dovima est entourée d'éléphant, a fait d'elle une icône. La robe qu'elle porte ce jour là est la première robe du soir dessinée pour Christian Dior par son nouvel assistant Yves Saint Laurent.

vendredi 4 décembre 2009

"Kes" de Ken Loach

synopsis :
Dans un village du Yorkshire, Billy, 15 ans, vit entre sa mère, Mme Casper, désireuse de retrouver un mari, et Jud, son demi-frère bâtard et joueur de courses. Billy, élève rêveur, lecteur de bandes dessinées, voleur et solitaire, découvre un jeune faucon dans un nid. Intéressé par cet oiseau sauvage, il vole un livre sur la fauconnerie dans une librairie et entreprend d'apprivoiser et de dresser l'animal. Farthing, un de ses professeurs, découvre la passion de son élève et admire la complicité qui unit Billy à Kes, son faucon.
Il est le seul enseignant complice de Billy, persécuté par le professeur de sport et le proviseur de l'établissement. Ayant gardé l'argent que Jud lui a donné pour jouer aux courses, le jeune garçon s'en sert pour s'acheter des frites et de la nourriture à son oiseau, après qu'un homme rencontré dans l'officine du preneur de pari lui a dit que les chevaux choisis par son frère n'avaient aucune chance. Furieux, Jud, dont les chevaux élus sont arrivés gagnants, vient chercher son frère à l'école mais Billy lui échappe en se cachant.
Après un court entretien avec un conseiller d'orientation du Bureau de placement, le garçon court vers la cabane où vit son rapace. L'oiseau n'est plus là. Il le cherche en vain. Arrivé à la maison, Jud et sa mère reprochent à Billy de ne pas avoir parié. Par vengeance, ...

En 1969, pour son deuxième film, Ken Loach s’affirme déjà comme le grand cinéaste social qu’il allait devenir. “Kes” est un film pleinement aboutit …
Ce qui constitue la richesse de "Kes", c’est cette notion d’apprentissage qui est déclinée tout le long de l’intrigue sous plusieurs niveaux de lecture. Billy, le jeune héros du film est un garçon d’une douzaine d’années, un peu sauvage, peu doué pour l’école et qui vit avec une mère absente et un demi-frère qui le malmène. Il est la tête de turc de ses camarades, plus forts que lui qui est petit et frêle, ainsi que le bouc-émissaire de ses professeurs.

Billy trouve la paix et la clé de son épanouis -sement person- nel en se prenant d’intérêt pour un faucon qu’il nomme Kes. Il se met en quête de le dresser. “Un faucon ne s’apprivoise pas” dit-il, “Il se dirige”. C’est effectivement cette idée qui nourrit le film dont il est évident que la relation qu’entretien le garçon l’oiseau est une métaphore parfaite de ce qui se passe par ailleurs autour de lui. Le faucon n’est pas le seul animal sauvage que l’on met en cage et à qui on souhaite enseigner quelques notions. Billy, comme ses camarades, sont des garçons issus de milieux sociaux et qui se retrouvent comme emprisonnés par un système éducatif rigoriste qui le leur apprend rien sinon la soumission face à la discipline, face à la menace.

"Kes" est un film dur pour son héros, lequel n’est pas épargné, moins encore que les autres enfants lesquels sont tous exploités et doivent lutter pour exister. Ils subissent la tyrannie d’adultes qui n’éprouvent que peu de considérations pour eux. Néanmoins, la peinture sociale très noire trouve un peu de lumière, notamment dans cette très belle scène ou le paria Billy captive son professeur et ses camarades de classe en exposant sa méthode de dressage de son faucon.

Réalisé en 1969, le film correspond évidemment dans sa façon de décrire les rapports entre la jeunesse et leurs parents, à quelques enjeux de Mai 68 (pour la France, car le phénomène n’était pas circonscrit à la Sorbonne, ...)
Le cinéaste est crédité au générique sous le nom de Kenneth Loach. Le diminutif viendra plus tard mais ce qui est déjà là, c’est tout ce qui fera la singularité, la marque du cinéma de Ken Loach jusqu’à aujourd’hui. Loach aura toujours manifesté son intérêt pour les laissés pour compte de la société, ceux qui se débattent avec leurs moyens, pas forcément légaux, pour rester droits et dignes, pour trouver une place dans la société. "Kes" est l’oeuvre d’un jeune cinéaste qui se cherchait encore sans doute mais qui affichait déjà une belle maîtrise narrative, une profondeur humaniste, et une manière unique de capter le réel.

Un petit peu de douceur ...

"Nikarim divrei emet" ...

Lorsqu’il a pris conscience de son homosexualité, la première image qui est venue à l’esprit de Ron Yosef, est celle de Moïse brisant les Tables de la Loi. "Quand à 18 ans, j’ai pu mettre des mots sur ce que je ressentais, ça a été un véritable cataclysme. J’ai pensé au dépit de Moïse descendant du Sinaï et voyant son peuple infidèle s’adonner à l’idolâtrie. Je me suis senti trahi. Tout d’un coup, le monde n’était plus le même : je n’avais plus que des questions dans la tête, décuplées par les clichés et les préjugés d’un adolescent issu du milieu orthodoxe", confie le premier et seul rabbin orthodoxe en Israël à afficher publiquement son homosexualité.
Après des années de doutes et de tâtonnements, Ron Yosef, âgé de 35 ans, a fait une sortie spectaculaire en avril, en participant à un magazine d’investigation télévisé très populaire. Il était déjà connu, sous son seul prénom, comme le fondateur de HOD (acronyme pour les mots hébreux "homosexuels" et "religieux"), la première association, créée début 2008, revendiquant une coexistence possible entre identités homosexuelle et juive orthodoxe. Son cheval de bataille : la reconnaissance de l’homosexualité masculine, largement occultée au sein du monde orthodoxe, et l’ouverture de discussions rabbiniques sur le sujet afin d’aider les homosexuels religieux à concilier leur double identité.

«J’ai pensé que j’avais la responsabilité, comme juif et comme rabbin, de dire devant tout le monde : "Voilà, vous avez en face de vous un rabbin orthodoxe homosexuel. Maintenant vous ne pourrez plus dire que les homosexuels religieux n’existent pas"», explique-t-il. Depuis cette prestation télé, il a de nombreuses fois revendiqué son homosexualité dans les médias israéliens et étrangers et a participé, en tant que conseiller, au tournage du film de Haïm Tabakman, "Tu n’aimeras point". Histoire d’une passion folle entre un boucher ultra-orthodoxe de Jérusalem et un jeune étudiant d’une école talmudique, le film a été très remarqué en mai au Festival de Cannes, avant de connaître un certain succès à la rentrée en France.
L’homosexualité est un des plus grands tabous du judaïsme. Contrairement à de nombreux interdits, qui sont issus des exégèses de l’Ancien Testament, la Torah mentionne explicitement l’acte sexuel entre hommes comme une "abomination" (Lévitique, 18, 22), donnant une force particulière à l’interdiction. Malgré l’ambiguïté des relations, souvent interprétées comme homosexuelles, entre les personnages bibliques de David et Jonathan, le monde orthodoxe juif rejette en bloc ses homosexuels, assimilés, dans le meilleur des cas, à des "malades" qu’il faut "débarrasser de leur mauvais penchant". Du coup, la grande majorité d’entre eux se marient pour ne pas être mis au ban de leur communauté.

Ces discriminations contrastent avec l’ouverture de la société israélienne non religieuse sur le sujet de l’homosexualité. Tel-Aviv est une des grandes capitales gays mondiales, et les tribunaux israéliens ont accordé de nombreux droits aux couples homosexuels : droit à l’adoption, congé de paternité, mêmes avantages fiscaux que les couples hétérosexuels. "Les homosexuels juifs religieux, de même que ceux de la société traditionnelle arabo-musulmane, sont les plus en souffrance au sein de la communauté gay en Israël", souligne le député du parti Meretz (extrême gauche) Nitzan Horowitz, le seul représentant ouvertement gay de la Knesset. Et d’ajouter : "Ils sont souvent persécutés, soumis à des violences psychologiques et physiques."
Le coming out de Ron Yossef lui a valu, de fait, des menaces de mort et des dessins de pendus accrochés à sa porte. Certains rabbins ont fait pression, en vain, sur sa famille et ses amis pour qu’il quitte la synagogue de Netanya, près de Tel-Aviv, où il officie depuis douze ans. Toujours est-il que la revendication de Ron Yossef et la popularité de son association HOD ont bouleversé les codes du monde orthodoxe. Jusque-là, la seule association s’adressant aux homosexuels religieux leur proposait une "aide" sous forme d’ateliers destinés à "soigner les penchants homosexuels" des participants et à les ramener dans la norme hétérosexuelle.

Avec HOD, Ron Yossef a fait le pari de concilier ce qui jusque-là était jugé inconciliable. Il explique que la loi juive n’interdit pas l’identité homosexuelle : La loi juive interdit spécifiquement les relations sexuelles entre deux hommes. Mais il y a une différence entre cet interdit et le fait d’être attiré par une personne du même sexe, qui, lui, n’est pas interdit. La halacha -l’ensemble des règles de vie stipulées par le judaïsme- ne s’intéresse qu’aux actes sexuels, pas à l’identité sexuelle. Cette distinction ouvre tout un champ de questions : si l’attirance n’est pas interdite, pourquoi alors prôner des thérapeutiques pour la changer ? Pourquoi faudrait-il se marier ? Le judaïsme se doit de donner des réponses aux religieux homosexuels, estime-t-il, reprochant aux rabbins orthodoxes de ne jamais s’être penchés sur le problème "par hypocrisie".
"Le judaïsme traite des moindres détails de la vie quotidienne, jusqu’à te dire quel type de savon il est permis d’utiliser. Mais il se tait sur l’homosexualité, un problème tellement crucial pour les dizaines de milliers d’individus concernés. Ce n’est pas une position tenable. Les rabbins ne peuvent pas se contenter de dire aux homosexuels que les relations entre personnes du même sexe sont interdites. Ils ne peuvent pas nous condamner à l’abstinence, alors que le vœu de chasteté est étranger à la religion juive. Comme sur tous les autres sujets, ils doivent décider ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Sinon, qui sommes-nous ? Des créatures sans désir ? Des espèces de Martiens, et non des êtres humains ?" s’indigne-t-il.

Conçu au départ comme un simple site internet d’information à destination des homosexuels désireux de concilier leur identité sexuelle et les préceptes religieux juifs, HOD a largement dépassé les ambitions initiales de Ron Yossef. Le site a enregistré près de 300 000 connexions depuis sa création, et 2 000 personnes se sont adressées à l’organisation pour obtenir un conseil. Des groupes de discussion se réunissent régulièrement, divisés en deux catégories : l’une pour les hommes mariés, l’autre pour les jeunes entre 18 et 25 ans.
"La plupart des hommes mariés qui s’adressent à HOD ont la trentaine, déjà trois ou quatre enfants, et n’ont jamais pu parler à quelqu’un de leur homosexualité, explique Ron Yossef. Le simple fait de voir qu’ils ne sont pas seuls leur enlève un poids énorme. On ne leur dit pas de divorcer, ce serait contraire à la halacha, et s’ils prennent cette décision, ils doivent la prendre seuls. Mais le fait de pouvoir, pendant deux ou trois heures, parler de leurs difficultés leur rend la vie un peu plus supportable."
Le fondateur de HOD a rédigé une lettre ouverte en dix points, envoyée aux rabbins et leaders du monde orthodoxe. Tout en affirmant son attachement aux préceptes du judaïsme orthodoxe, il souligne que les religieux ne devraient pas être obligés de se marier s’ils se disent homosexuels, et qu’ils devraient pouvoir continuer à participer à la vie de leur communauté. Ses efforts commencent à payer : plusieurs dizaines de rabbins orthodoxes ont soutenu publiquement son manifeste. Parmi eux, Youval Sherlo, une des personnalités du judaïsme orthodoxe, directeur d’un centre d’études talmudiques dans la banlieue de Tel-Aviv.

"L’interdit religieux sur l’acte sexuel entre hommes est intangible, mais l’attitude du monde religieux à l’égard des homosexuels est en train d’évoluer. Il y a encore quelques années, l’immense majorité des rabbins se contentaient de leur dire "Marie-toi ! Tout rentrera dans l’ordre après ton mariage." Aujourd’hui, de plus en plus de rabbins tentent de les comprendre et de les aider. Ils ne sont plus systématiquement rejetés par leur famille. Il y a une lente prise de conscience de la réalité de l’homosexualité et de la souffrance endurée par les homosexuels religieux", explique Youval Sherlo.
Sur ses difficultés et son parcours, Ron Yossef est peu prolixe. Assis sous la lumière blafarde du néon de sa cuisine impeccablement rangée, où des bénédictions juives côtoient un petit drapeau arc-en-ciel, il dit sobrement qu’il "ne veut pas que d’autres vivent ce qu’il a vécu". Il évoque les premières années qui ont suivi la prise de conscience de son homosexualité : "Il n’y avait rien : pas d’aide, pas Internet, personne vers qui se tourner. Je vivais des vies parallèles. Je faisais comme si j’étais straight, que je voulais me marier, que je m’intéressais aux filles. Et je me rendais à des réunions clandestines d’homosexuels religieux à Tel-Aviv. J’avais toujours cette peur de ne pas suffisamment cloisonner les deux mondes, que mon rabbin me jette, ou que le directeur de la yeshiva -centre d’études religieuses- me renvoie. A un certain moment, il m’est devenu insupportable de vivre dans le mensonge, d’évoluer dans ce monde de la religion, des prières et de la synagogue, tout en sachant que si la vérité sortait, je ne pourrai pas être là."

Depuis, Ron Youssef cherche, et il a commencé à trouver des réponses au dilemme des homosexuels orthodoxes. Avec foi dans l’expression hébraïque "Nikarim divrei emet" : "Les paroles de vérité finissent toujours par s’imposer" ... .