samedi 19 décembre 2009

Le Château de Chantilly

Chantilly fut d'abord une ancienne forteresse médiévale cantonnée de sept tours et entourée de douves en eau, construite sur un terrain marécageux de la vallée de la Nonette, qui contrôlait la route de Paris à Senlis. Le château appartenait primitivement à Guy de Senlis, "bouteiller" du roi Louis VI à la fin du XIe siècle.

Le château de Chantilly se dresse au coeur d'un vaste domaine de 7.800 hectares de terres situé au coeur d'une des plus grandes forêts des environs de Paris.
De 1386 à 1897, le domaine de Chantilly est passé par héritage à différentes branches d'une même famille, sans jamais être vendu : les Orgemont (XIVe-XVe), les Montmorency (XVe-XVIIe), l'une des plus puissantes familles du royaume, qui a beaucoup contribué à son développement, notamment au temps du Connétable Anne (1493-1567) qui fit construire le Petit château par Jean Bullant, puis les Bourbon-Condé (XVIIe-XVIIIe siècles), cousins des rois de France, dont le plus célèbre, le Grand Condé, fit dessiner le parc par André Le Nôtre, enfin Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), fils du roi Louis-Philippe.

De la forteresse médiévale, il ne reste aujourd'hui que la base des sept tours, baignant dans les douves. Sous le Grand Condé, le château fut un lieu de fêtes et un cercle littéraire où voisinèrent La Fontaine, La Bruyère, ou Bossuet. Au XVIIIe, le prince de Bourbon-Condé décore les appartements du château en faisant appel aux peintres Oudry, Huet ou Nattier. Son fils fit aménager le jardin anglo-chinois, si cher à l'époque et fit construire le Hameau, groupe de maisons rustiques qui inspira celui de la reine Marie-Antoinette au Trianon. Il émigre à la Révolution, les collections de Chantilly sont saisies, les bâtiments rasés, le parc ravagé. En 1815, les Condé reviennent et restaurent le domaine.

De 1876 à 1882, le duc d'Aumale fait reconstruire le château, sur les plans de l'architecte Honoré Daumet. C'est pour cela que le château actuel présente une juxtaposition de tous les styles et de toutes les époques. Le décor XIXe étonnant, la salle à manger, l'escalier, ou encore certains salons expriment toute l'hétérogénéité et l'exubérance de cette période. Grand collectionneur, le duc d'Aumale constitua un formidable musée : école française, peinture italienne et de l'école du Nord font du musée Condé le plus riche de France après Le Louvre. La bibliothèque contient plus de 10.000 volumes du Moyen Age au XIXe dont le célèbre manuscrit des 'Très Riches Heures du duc de Berry'. Le domaine fut légué à l'Institut de France avec l'obligation de l'ouvrir au public et de tout conserver en l'état. Un très beau témoignage d'une ancienne famille régnante à son pays.

Le Petit Château et le Château Neuf

De la forteresse médiévale des Orgemont ne subsiste que la base des tours. C'est donc Le Petit Château du connétable de Montmorency, construit en 1551, qui constitue aujourd'hui la partie la plus ancienne du château.
Le Petit Château comprend, au premier étage, les grands appartements. Ceux-ci comprennent trois salles décorées au XIXe siècle (dont l'antichambre et la salle des gardes), élevées sur l'ancien bras d'eau qui séparait le Petit Château du Grand Château, ainsi que l'appartement des princes de Condé décoré vers 1720 par Jean Aubert de superbes lambris (comprenant la chambre de Monsieur le Duc, le cabinet d'angle, le boudoir décoré d'une grande "singerie" de Christophe Huet, "la Galerie des Actions de Monsieur le Prince", et le salon de Musique).


Le château d'Enghien


C'est un bâtiment tout en longueur adossé à la forêt et situé de l'autre côté du grand degré vis-à-vis du château. Construit en 1769 par l'architecte Jean-François Leroy, il a pour fonction originel de loger les invités des princes. Il doit son nom à Louis Antoine de Bourbon-Condé, Duc d'Enghien, fils du dernier prince de Condé, qui fut logé avec ses nourrices dans le bâtiment après sa naissance en 1772.
Il est composé d'une succession de 4 logements accolés marqués par 4 entrées propres surmontées chacune d'un petit fronton triangulaire le tout couronné d'une balustrade, qui sont de nos jours les logements de fonction de la conservatrice du Musée Condé, et des trois académiciens membres du collège des conservateurs (actuellement Pierre-Jean Rémy de l'Académie française, qui remplace Alain Decaux, Yves Boiret de l'Académie des beaux-arts, Jean-François Jarrige de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).

Le Jeu de Paume


Le jeu de paume est construit à partir de 1756 par l'architecte Claude Billard de Bellicard, avec des décorations sculptées sur la façade signées Henri-Nicolas Cousinet. C'est l'un des premiers bâtiments construit spécifiquement pour ce jeu. Il est inauguré le 26 octobre 1757. Il comprend la salle de jeu proprement dite et dans l'entrée « la Dépouille », où les joueurs se changent et se préparent.
Le bâtiment est transformé en salle d'exposition pour des oeuvres de grand format au XIXe siècle. Visitable, il accueille aujourd'hui une maquette représentant le château et son parc au XVIIe siècle.

Les Grandes Écuries

Les Grandes Écuries ont été construites par l'architecte Jean Aubert entre 1719 et 1740. Longues de 186 mètres, elles sont exceptionnelles par leurs dimensions tout comme par leur magnificence.
Le prince de Condé en était si fier qu'il n'hésitait pas à recevoir à dîner sous la majestueuse coupole, haute de 28 mètres, où soupèrent notamment Louis XV, le futur Tsar Paul Ier et Frédéric II de Prusse.
Les écuries pouvaient abriter 240 chevaux et 500 chiens, utilisés pour les chasses quotidiennes dans la forêt de Chantilly.
En 1982, le Musée vivant du cheval y a été installé par Yves Bienaimé.
En 2006, les écuries ont été réunies au château par l'Aga Khan IV dans le cadre de la Fondation pour la Sauvegarde du domaine de Chantilly.


Le parc

Le parc de Chantilly couvre 155 hectares, dont 25 hectares de plans d'eau, auxquels il faut ajouter les 60 hectares du parc de Sylvie. La forêt de Chantilly, qui s'étend sur 6 310 hectares, fait partie intégrante du domaine.

Le jardin de Le Nôtre

Chantilly était la création préférée de Le Nôtre. Selon son habitude, il a structuré le parc autour de deux axes perpendiculaires : le premier, Nord-Sud, dans l'axe de la majestueuse terrasse édifiée par le connétable de Montmorency, est perpendiculaire aux courbes de niveau et met en évidence le vallonnement du site; le second, Est-Ouest, est occupé par Le Grand Canal, le long de la vallée.

Entre la terrasse et Le Grand Canal, au Nord du château, Le Nôtre a ménagé des parterres "à la Française". Ces parterres sont agrémentés de bassins et ornés de vases et de statues de pierre, dont la plupart datent du XIXe siècle et représentent les personnages illustres liés au riche passé du domaine. Les parterres étaient originellement de forme trapézoïdale, ce qui les faisait paraître plus vastes en contrecarrant la perspective. Cet effet, d'un très grand raffinement, a été supprimé par la reconstitution du XIXe siècle, qui leur a donné la forme de rectangles parfaits. Des broderies végétales, il en subsiste des témoignages dans le Jardin de la Volière (au pied du château, côté Ouest) ainsi que dans le jardin de La Maison de Sylvie (1671).
Les parterres de Le Nôtre sont aujourd'hui encadrés de deux jardins paysagers qui n'existaient pas du temps de leur création. Celui qui se trouve à l'Est date du XVIIIe siècle et est traité en hameau rustique. Celui de l'Ouest, traité "à l'Anglaise", remonte à la première moitié du XIXe siècle. De l'autre côté du Grand Canal, l'amphithéâtre du Vertugadin, prolongé par une allée forestière, prolonge l'axe des parterres à travers la forêt.




La grille d'honneur se trouve située en contre-bas par rapport au château et surtout à la terrasse. En arrivant au château, celle-ci masque la perspective, qui se découvre tout d'un coup lorsque le visiteur y accède : l'effet est saisissant.

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