mercredi 23 septembre 2009

Mika, le nouvel as de la pop

Voilà un chanteur qui a le sens des symboles. En mai dernier, afin de préparer la sortie de son nouvel album, Mika conviait, dans un restaurant parisien baptisé "La Fidélité", sept journalistes français qui l'avaient soutenu depuis ses débuts. Le procédé est suffisamment rare pour être souligné. Il dénote le mélange entre sympathie pure et professionnalisme qui caractérise cet artiste, à laquelle la France a su faire un triomphe.

Son premier album "Life in Cartoon Motion" paru début 2007, s'est écoulé en France à plus d'un million d'exemplaires (7 millions dans le monde). Un record, au moment où l'industrie du disque va si mal que le Syndicat national d'édition phonographique a abaissé le plafond pour obtenir un disque d'or à 50 000 exemplaires vendus.
Au printemps, peut-être pour prendre le contre-pied du gigantisme de ses précédents spectacles, Mika donnait également deux concerts dans le cadre intimiste du Cirque d'hiver, à Paris, pour dévoiler ses nouvelles chansons, tout en publiant un CD de quatre titres disponible dans un livre d'illustrations au tirage limité. Entouré de sept musiciens, parmi lesquels une section de cordes, il y confirmait son sens de la démesure et sa connaissance sans faille des canons pop.

Né Michael Penniman à Beyrouth, en 1983, Mika a passé une bonne partie de son enfance à Paris, dans le XVIe arrondissement. De son propre aveu, le jeune homme, dont le père travaillait dans la finance, y a passé des années tranquilles dans un environnement chic avant que la famille subisse un choc. Au début de la guerre du Golfe, son père est pris en otage plusieurs jours au Koweït. Peut-être faut-il voir dans cette rupture, subie à l'âge de 8 ans, la fascination qu'exerce sur l'artiste le monde de l'enfance, celui des paillettes et des ballons multicolores. Alors que la famille part s'installer à Londres, le jeune garçon plonge dans un mutisme qui durera huit mois. C'est en prenant des cours de chant que l'adolescent retrouvera l'usage de la parole.

Le titre de l'album qui paraît aujourd'hui, "The Boy Who Knew Too Much" (le garçon qui en savait trop), clin d'œil à Hitchcock, a d'ailleurs été conçu comme la bande-son de son adolescence, passée à Londres. C'est dans la capitale britannique que se décidera l'avenir artistique de la future vedette, lorsqu'il intégrera, à sa majorité, le Royal College of Music. Pourtant, malgré cet enseignement prestigieux, Mika ne manque jamais une occasion de rendre hommage à une de ses premières influences… Chantal Goya, dont il a vu les spectacles à quatre reprises dans les années 1980.

Mika est un être paradoxal. Apprécié d'un public âgé de 7 à 77 ans, on l'imagine consensuel en diable, gendre idéal, capable de tenir une conversation avec n'importe quel interlocuteur. Mais lorsque Nicolas Sarkozy l'invita à l'Élysée à l'occasion de la visite du président libanais, il déclina poliment l'offre, officiellement pour cause d'emploi du temps. Dans les colonnes du Parisien, il déclarait la semaine dernière à ce sujet : "Si j'avais été grand admirateur de Nicolas Sarkozy, j'aurais pris 48 h pour m'y rendre."
Ancien dyslexique, il fut un temps renvoyé du lycée français de Londres. Mais Mika ne fut pas un mauvais élève bien longtemps. Quelques années après, il était admissible à la prestigieuse London School of Economics and Political Science, après en avoir réussi le concours d'entrée. Il ne passera qu'une journée dans l'établissement que fréquenta, des années plus tôt, un certain Mick Jagger.

Le principal reproche que ses détracteurs adressent à Mika est son côté lisse. De ce fait, l'artiste a tendance à multiplier les preuves de rébellion. Il explique ainsi ne pas être diffusé sur les radios américaines en raison des trop nombreuses allusions à la sexualité présentes dans ses textes. Il déclare également, avec un délice non feint, diviser l'opinion anglaise.

Le premier extrait du nouvel album de Mika, "We Are Golden", est bien parti pour suivre le même chemin. Tout comme d'ailleurs l'ensemble des chansons du disque. Musicalement, Mika n'a pas bouleversé sa formule, appliquant en priorité le principe de sécurité. Entre Elton John, Queen, les Bee Gees et George Michael, Mika a trouvé une niche confortable. En lançant le Français Sliimy un peu plus tôt dans l'année, une maison de disques concurrente a cru dénicher le nouveau Mika. Mais on ne détrône pas un as de la pop aussi facilement.

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