Les Pays-Bas sont particulièrement concernés par la montée du niveau des eaux, provoquée par le changement climatique. Une étude de l'Organisation de Coopération et Développement Économique (OCDE) montre que les dix villes les plus menacées d'un point de vue économique par la montée des eaux se trouvent aux Pays-Bas, aux États-Unis et au Japon. Menacé, à l'ouest, par l'élévation du niveau de la mer et, à l'est, par l'augmentation régulière du débit de la Meuse et du Rhin, le pays doit réaménager son territoire et notamment rendre des polders* aux fleuves. C'est un changement historique puisque depuis toujours, les Pays-Bas n'ont eu de cesse de gagner du territoire sur les eaux. Cette mutation provoquée par la nouvelle donne climatique oblige le pays à trouver des solutions au problème du logement.
Pour l'heure, il a fait le choix de sacrifier les terres agricoles du delta du sud, au détriment des paysans qui devront être relogés afin de protéger les grands centres économiques comme Rotterdam. Conscient que la solution consistant à donner plus d'espace à l'eau pourrait ne pas suffire à protéger le pays en cas d'accélération du réchauffement climatique, le gouvernement néerlandais, en collaboration avec les architectes, les ingénieurs et les promoteurs, cherche à développer un nouveau type d'habitat : la maison flottante.
Les architectes rivalisent d'ingéniosité pour décliner ce concept sous différentes formes, avec comme objectif principal le respect de l'environnement. De la « maison-bateau autonome », équipée de panneaux solaires et d'un système de recyclage des eaux usées à la « maison amphibie » construite sur le sol mais capable de s'élever au rythme de la montée des eaux tout en restant connectée à la terre pour son alimentation en électricité et son accès aux égoûts, les projets se multiplient dans le pays. Outre l'avantage évident de parer au problème de la montée des eaux, les maisons flottantes sont intéressantes d'un point de vue économique, le coût de leur construction étant peu élevé (environ 250 000 euros pour une maison de base).
« Il est beaucoup plus facile de construire une maison flottante qu'une maison traditionnelle qui exige de creuser des fondations » affirme Koen Olthuis, architecte à la pointe dans le domaine. L'entreprise ABC a construit ainsi quelques 300 maisons en cinq ans, sur le même modèle dans leur usine. Les maisons sont ensuite acheminées par voie d'eau à l'emplacement souhaité. Plus spacieuses, plus économiques, plus design et surtout beaucoup plus stables grâce à la cavité en béton qui leur sert de base et de flotteur, ce type d'habitation devrait remplacer les habituelles « maisons-bateaux ».
« Ce n'est qu'un début ! » affirme Koen Olthuis. Ce dernier est effet l'instigateur du premier complexe d'appartements flottants en Europe. Le projet « la Citadelle », de la compagnie Waterstudio, qui devrait commencer en 2010, se présente comme un îlot d'appartements de 60 x 140 m2. « C'est une combinaison de technologies qui ont été mises au point à Dubaï et utilisées en Hollande » précise Koen Olthuis.
Il y voit aussi un avantage écologique indéniable. D'après lui : « Si vous construisez un immeuble sur l'eau et que vous le déplacez après 50 ans, il ne laissera aucune empreinte sur le paysage puisque vous revenez à la situation originale. » Le raisonnement est toutefois discutable. D'abord, on peut s'interroger sur les moyens qui seraient utilisés pour déplacer un tel complexe, d'autant que Koen Olthuis envisage la réalisation de cités entièrement flottantes avec leurs boulevards, parcs, et infrastructures. Ensuite, il n'est pas fait mention des moyens prévus pour pourvoir aux besoins énergétiques de ces maisons flottantes. L'utilisation des panneaux solaires pour alimenter les « maisons-bateaux » dits « autonomes », plus petits, s'est révélée peu convaincante jusqu'à présent, ceux-ci n'assurant leur autonomie énergétique qu'avec l'appoint d'un générateur diesel. Et enfin quid des déchets ?
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