Andrea Vasa, joueur du modeste Brera FC, vit pendant quelque mois, habillé ou en petite tenue, de jour comme de nuit, à l'intérieur du nouveau mégastore du designer belge. Plongée dans l'intimité d'un joueur en vitrine.
AndreaVasa est un jeune défenseur d'origine sarde du Brera FC, petite équipe lombarde du CFA (4e division) qui a représenté longtemps, et au plus haut niveau, la célèbre académie d'art milanaise dans les championnats semi-pro et qui lutte actuellement contre la peur de l'oubli.
Andrea ne figure pas dans les albums Panini, ni probablement sur les agendas des imprésarios et des grands managers italiens. Mais il rentrera sûrement dans le livre des records, non pour ses exploits sportifs, mais grâce au couturier belge Dirk Bikkembergs, enfant terrible de la mode italienne, avec lequel il s'est lié d'amitié et a signé en début d'année le contrat le plus fou de sa carrière : vivre pendant quelque mois à l'intérieur du nouveau mégastore Bikkembergs de la piazza Cavour, une des plus élégantes de Milan.
Comme à la maison, donc, mais au cœur même des rayons, entre jeans, vestes, chemises et chaussures. Au contact quasi permanent des clients et sous le regard des passants ou badauds qui, à travers les vitrines du magasin, peuvent le voir regarder la télé, parler au téléphone, discuter ou boire un verre avec ses invités, ou se brosser les dents avant de se coucher.
«J'avais déjà travaillé avec Dirk Bikkembergs, explique Andrea, et j'ai toujours aimé ce qu'il fait dans la mode et dans l'événementiel : comme son grand défilé au stade San Siro, un véritable happening, ou celui auquel j'ai participé avec 99 autres footballeurs. Et quand j'ai appris qu'il cherchait un footballeur pour vivre quelques mois à l'intérieur de son nouveau mégastore, cela m'a intrigué et emballé à la fois. Je me suis porté volontaire et, croyez-moi, depuis, je vis comme dans un rêve. Placé au milieu du magasin, derrière des vitrines qui donnent sur l'une des places les plus fréquentées de la ville, voilà maintenant que je me lève le matin et sors de mon lit sous l'œil étonné des passants et, parfois même, de quelques clients plus matinaux que moi.»
«L'idée géniale et un peu folle de Dirk, qui est fou de sport et propriétaire aussi d'une équipe de foot amateur, explique un collaborateur du couturier, est de faire en sorte que les clients du mégastore puissent non seulement se référer à des images virtuelles de la marque ou à une simple icône publicitaire, mais vivre une expérience en se promenant dans l'espace où vit le sportif. Qu'ils puissent voir vivre Andrea, lui parler, le regarder boire son café, se raser ou faire de la musculation et en même temps, choisir et acheter une veste accrochée dans “son” armoire, une chemise et une cravate trouvées dans un tiroir de “sa” commode.»
D'où il a ramené des objets personnels, quelques photos, des bibelots qu'il a placés sur les étagères, dans le salon et la salle à manger, ou sur sa table de nuit. Sa journée type ? Lever vers 8 h 30- 9 heures, une heure avant l'ouverture du mégastore et l'arrivée des clients. Antonella, sa gouvernante, souriante et impeccable, vêtue d'une robe noire et d'un tablier blanc, lui prépare alors son petit déjeuner, qu'il prend au premier étage, dans la salle à manger. Elle lui fait part des éventuels appels téléphoniques et lui apporte son courrier. Puis il s'habille, fait un peu de musculation, dans l'une des salles du magasin du premier étage et en vitrine, naturellement, et après une bonne douche dans une salle de bains tapissée de photos de sport et de pages de quotidiens sportifs, il se relaxe quelques minutes dans le grand salon du rez-de-chaussée où, avec humour, sont exposés sur une étagère murale en cristal tous les trophées qu'il aurait aimés gagner.
Puis, au volant de sa Porsche Carrera blanche, garée au rez-de-chaussée du magasin et elle aussi, naturellement, en vitrine, il se rend à l'entraînement sur le petit terrain du Brera FC.
«Ce qui me plaît dans cette expérience, dit Andrea, c'est que je suis libre d'aller et venir comme chez moi. Je ne vis pas comme dans le “Loft” de la télé-réalité, espionné, sous surveillance vidéo et obligé de raconter je ne sais quoi pour faire de l'audience. Non, je vis ma vie quotidienne de footballeur, mais j'habite à l'intérieur d'un magasin. C'est tout. Il m'arrive, quand je rentre tard le soir et que j'ai un petit creux, de me cuisiner des pâtes et de manger devant la télé ou sur un coin du lit en chattant sur mon ordinateur, sans tenir compte des gens qui passent, regardent ou commentent cette expérience. J'ai reçu plusieurs fois des amis et fait des petites fêtes. Le mois dernier, j'ai même organisé mon anniversaire avec des amis et invité mes parents, mais je ne les ai quand même pas hébergés ici… Qu'en ont-ils pensé ? Génial, a dit ma mère, quelque peu étonnée.
Croyez-moi, je me sens terriblement à l'aise avec tout ça. Et j'en suis le premier surpris, car je suis d'un caractère plutôt introverti. Mais parfois, et cela m'est déjà arrivé, si je ne suis pas d'humeur à montrer ma vie, j'appuie sur la télécommande électrique et je ferme tous les rideaux. Cette expérience m'enrichit, conclut Andrea, car elle me permet de faire tout ce que je faisais auparavant, avec un peu plus d'argent et de notoriété, et surtout l'espoir de voir d'ici peu, peut-être, quelques nouveaux rêves se réaliser…»
1 commentaire:
Bonjour m'sieur
Un petit coucou en passant par là :)
A bientôt
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