La 35ème cérémonie des César s'est déroulée la semaine dernière et comme chaque année, je me suis retrouvé vissé devant ma télévision samedi soir ...
Je me souviens de l'élégance de ces soirées où nous pouvions admirer la classe de Jean Gabin, Michèle Morgan, Philippe Noiret, Catherine Deneuve, Simone Signoret ou Romy Schneider ...
Je sais bien que la plupart de ces acteurs et actrices sont morts (ou quasiment !!!) mais, avec eux c'est aussi une certaine idée du cinéma français qui a disparu. Ce n'est pas récent, cela s'est fait progressivement ...
Avec les "Oscars", les Américains nous montrent qu'ils ont le sens de la cérémonie, que c'est vraiment quelque chose qu'ils favent faire ...
Chez nous on le sait, assurer la présentation des César est une mission quasi impossible. Dès le début de la soirée, on a bien vu que le duo formé par Valérie Lemercier-Gad Elmaleh mettait toute son énergie à essayer d'amuser la galerie. Je n'ai pas l'impression qu'ils y soient vraiment parvenus. Un peu ringard, un peu vulgaire, certaines fois un peu lourd, souvent inoffensif, sans couleur : le duo n'a jamais convaincu et l'ensemble rappelait les cérémonies d'il y a 10 ans. Il est loin le délire des cérémonies boostées par Chabat ou même les précédentes performances de Valérie Lemercier. Le fil rouge du couple n'a jamais pris - jamais fait rire - et tombait sur le show comme un cheveu sur la soupe...
On retiendra tout de même le sketch de Gad Elmaleh et Vanessa Paradis (à qui on ne donne pas d'enveloppe parce que de toute façon, elle se plante - une référence à sa bourde des deux Judith de la cérémonie de 1991) ou encore le petit Nikamouk, parodie amusante du Petit Nicolas . Mais en 2 heures et demi de cérémonie, c'est peu ! Et du coup, c'était très long.
Avec 13 nominations, "Un Prophète" de Jacques Audiard partait grand favori de cette 35ème cérémonie des César. On pensait que le film d'Audiard ferait un carton, il a fait mieux : une véritable razzia. Le cinéaste et son équipe sont donc repartis avec neuf statuettes :
Meilleur espoir, meilleur décor, meilleur montage, meilleur scénario, meilleur second rôle, meilleur réalisateur, meilleur film, meilleure photo et meilleur acteur. Peut-être pas un record, mais en tout cas, un très beau palmarès. Et en dehors du talent du réalisateur une nouvelle fois récompensé (après avoir triomphé en 2006 avec "De battre mon coeur s'est arrêté"), les César ont surtout voulu saluer ce soir la performance hallucinante de Tahar Rahim sacré meilleur espoir et meilleur acteur. Un doublé historique !
Du coup, devant un tel blitzkrieg, il n'y a pratiquement plus rien à dire de ce palmarès : l'absence de "Welcome" (10 nominations, mais pas un César) peut paraître étonnante.
Attal, une nouvelle fois oublié ... Un César aurait pourtant couronné sa sacrée performance dans "Le rapt" et l'aurait ancré définitivement dans la cour des acteurs français qui comptent ...
Que seraient ces remises de prix sans larmes, sans voix qui tremblent ou sans bourdes ? La cuvée 2010 a donc eu droit à son lot d'émotions. On retiendra la poésie et la douceur de Marion Cotillard maîtresse de cérémonie, le beau discours de Mélanie Thierry sacrée meilleur espoir féminin, l'émotion vive d' Isabelle Adjani , la folie de Tahar Rahim lorsqu'il reçut son deuxième prix de la soirée ou la classe de Luchini (voir la très grande classe, car il fallait pouvoir intervenir entre deux crétinerie de Lemercier et Elmaleh) venu rendre hommage à Rohmer.
Il y eut aussi l'apparition quasi extra terrestre de Jeanne Balibar. D'un coup, on ne savait plus où on était, ni ce qu'il fallait penser de ce chant... plus qu'étrange ? envoûtant ? nul ? porcin ? Mais que s'est-il donc passé ? Quelles marque de vitamines a pû prendre Balibar pour venir faire "ça" ? Ca ? Pendant de très longues minutes, Jeanne Balibar a pris la salle en otage pour faire la truie et "chanter" des paroles inaudibles ou incompréhensibles. On ne savait plus s'il fallait en rire ou en pleurer... comme la salle d'ailleurs, un peu gênée !
Dans le registre de la folie, mais vestimentaire cette fois, mention spéciale à la robe transparente Yves Saint Laurent de Laetitia Casta qui mit la salle en émoi.
Pour finir et même si comme pour Attal, j'ai été très déçu qu'une nouvelle fois soit oublié Kristin Scott-Thomas, Adjani fut à la hauteur de son mythe ! impériale ! Deneuve n'est pas capable et ne sera jamais capable de faire cela sur scène et c'est tant mieux (!) : Césarisée pour la cinquième fois (un record), Adjani effectuait son vrai come-back ce soir. C'est ce qui donnait à son discours une émotion particulière, une couleur déchirante. Mais l'actrice reste pourtant une vraie warrior. En salle de presse elle a ainsi confiée être suprise par ce César "inattendu et extraordinaire qui couronne ma conviction". Elle s'est aussi expliquée sur les dédicaces : "j'ai dédié mon césar aux enseignants, car c'est un sacerdoce, un sacrifice. J'ai été très ému par les témoignages des profs et je voulais leur rendre hommage. Quant à ma mère, j'en avais besoin, car c'est un film qui témoigne de ce qu'on a à faire pour nos enfants.". Emue certes, mais battante !
Je suis certain que l'année prochaine ... je serai de nouveau devant mon petit écran !!!
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