Le château de Chanteloup se situait en Touraine, à proximité d'Amboise.
Célèbre pour avoir appartenu au duc de Choiseul qui s'y retira pendant sa disgrâce, il a été malheureusement entièrement détruit au XIXe siècle.
Il n'en reste qu'une spectaculaire et célèbre fabrique de jardin, La Pagode.
Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis février 1996.
Le château fut élevé en 1715 par Jean d’Aubigny et Robert de Cotte, pour le compte de la princesse des Ursins, mais il fut considérablement étendu et transformé à partir de 1760 pour Étienne François de Choiseul (1719-1785), qui joua, à la cour de Louis XV, le rôle de principal ministre de l'État entre 1758 et 1770.
Disgrâcié en 1770 pour avoir déplu à Madame du Barry, il se retire à Chanteloup jusqu'à la mort du Roi en 1774 et y reçoit des visiteurs venus de toute l'Europe, tenant une véritable cour et donnant de fastueuses réceptions.
Grâce à lui, le château de Chanteloup devient une magnifique résidence de campagne, entourée de beaux jardins, qu'on n'hésite pas à comparer à Versailles.
Les travaux, effectués sous la direction de l'architecte du duc de Choiseul, Louis-Denis Le Camus, auteur de la "Halle aux Blés" à Paris, considérée comme un tour de force architectural, commencent en 1760 et se terminent avec la construction de la Pagode.
Le Camus de Mézières construit deux longues ailes ornées de colonnades et terminées l'une par une chapelle et l'autre par un "pavillon des Bains".
Il procède également à des aménagements intérieurs, dessine de nouveaux parterres et édifie de vastes communs.
Après la mort Choiseul en 1785, le domaine est vendu par la duchesse de Choiseul à Louis-Jean-Marie duc de Bourbon-Penthièvre, petit-fils de Louis XIV et de Madame de Montespan.
Sous la Révolution, il est saisi en 1794 et vidé de son mobilier (en partie transféré au musée de Tours).
Déclaré “bien d’émigré” le domaine de Chanteloup est vendu aux enchères en 1802 à Jean-Antoine Chaptal(1756-1832), grand chimiste et ministre de l’Intérieur de Napoléon Ier.
Celui-ci cultive des betteraves dans le parc pour produire du sucre mais, à la suite de la faillite de son fils, le vicomte Chaptal de Chanteloup, le domaine est mis en vente en 1823.
Le château n’ayant pas trouvé preneur est cédé à des démolisseurs connus sous le nom de "Bande Noire", réseau de brocanteurs et de marchands de matériaux sans scrupule en cheville avec des liquidateurs, marchands de biens et sous les directives du banquier Enfantin, principal créancier du fils Chaptal.
Le château fut entièrement détruit, sauf la Pagode, acquise par le duc Louis-Philippe d'Orléans; il n'en reste aujourd'hui que le pavillon dit du Concierge et deux pavillons de l'avant-cour, encadrant la grille,Ils détruisent et vendent le château pierre par pierre.
La Pagode de Chanteloup s'élève à la lisière de la forêt d'Amboise, au bord d'une vaste pièce d'eau demi-circulaire qui se prolongeait au Sud par un grand canal aujourd'hui engazonné et formant un boulingrin.
Située au Sud du château au sommet d'une colline, elle formait le point de rencontre de huit longues avenues tracées dans la forêt d'Amboise.
Elle fut construite entre 1775 et 1778, à la demande du duc de Choiseul, par Le Camus, véritable temple dédié à l'Amitié, comme un tribut élevé à la fidélité de ceux qui, bravant le Roi, venaient le visiter à Chanteloup durant sa disgrâce.
Au premier étage Choiseul aurait fait graver les noms de ses visiteurs sur des tables de marbre blanc, ensuite retournées face contre le mur aux dires du colonel Thornton, touriste anglais en 1802, et de l'architecte Fontaine, chargé en 1823 par le duc Louis-Philippe d'Orléans d'examiner la pagode foudroyée; en 1935, le résultat d'une éventuelle remise en place de ces tables fut jugé aléatoire par René-Edouard André, propriétaire du domaine.
Cette construction, et l'aménagement d'un grand "miroir d'eau" en demie-lune terminé par un grand canal dans laquelle elle se reflète, achevèrent la transformation des jardins de Chanteloup; elle fut destinée à des fêtes nocturnes.
Devant l'absence de sources et les difficultés de recueillir des eaux de ruissellement, Choiseul fit venir de Valenciennes l'ingénieur Laurent, créateur des canaux du Nord, qui, afin d'amener les eaux de l'étang des Jumeaux, traça un canal à travers la forêt sur treize kilomètres, qui fut détruit à la Révolution pour récupérer le plomb du réseau des canalisations...
Les pierres "dures, dorées, d'une magnifique patine" utilisées pour édifier la Pagode proviendraient de l'un des châteaux de Louise Marie Adélaïde de Bourbon, femme de Louis Philippe d'Orléans (1747-1793) (Philippe Égalité), la Bourdaisière, à Montlouis, détruit en partie suite à un caprice de Choiseul (ce château a été reconstruit sous la Terreur par Armand Joseph Dubernad).
Haute de 44 mètres, la Pagode comporte six étages, en retrait les uns sur les autres (principe de la longue-vue), qui reposent sur un péristyle circulaire de seize colonnes et seize piliers.
La silhouette générale évoque ces "chinoiseries" de fantaisie en vogue au XVIIIe siècle, comme celle de Kew, près de Londres, édifiée par William Chambers pour la princesse de Galles - lourde construction cylindrique en briques reposant sur un énorme soubassement - d'où le nom de Pagode, mais la colonnade, les quatre balcons de ferronnerie et toute la décoration sont de pur style Louis XVI.
L'audace de l'architecte, qui a construit chaque étage "en coupole" est d'avoir coupé chacune d'elles, supportant les étages, par l'escalier intérieur de 142 marches qui monte jusqu'au sommet.
Il semble que sa structure de doive rien au hasard : elle a été construite au point de convergence de sept allées forestières longues de trois lieues chacune, elle compte sept niveaux, sa base compte seize (1+6=7) colonnes et piliers, l'escalier d'entrée à sept marches, elle est surmontée d'un globe doré symbolisant le soleil et la pièce d'eau à ses pieds a la forme d'une demie-lune.
Sans qu'on puisse l'affirmer, il faut peut-être y voir un symbolisme maçonnique, très en vogue à l'époque.
La Pagode a été restaurée en 1908-1910 sous la direction de l'architecte et ingénieur René Édouard André, fils du célèbre botaniste, architecte et paysagiste Édouard André (1840-1911) auteur de " L'art des Jardins, traité général de la composition des parcs et jardins" (Paris, Masson, 1879), et appartient à ses descendants.
Les "anciens jardins de Chanteloup : parties comprenant des parties architecturées (...) le site en terrasse de la pagode (..), le pavillon dit du concierge; une partie du parc boisé entourant l'ancien grand canal" ont été inscrits à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques les 30 mai et 11 juillet 1994.
Le Pavillon du Concierge, construit à l’entrée de l’esplanade de la Pagode, abrite aujourd'hui une exposition de reproductions de plans, tableaux qui permettent de se faire une idée de la splendeur passée du domaine.
Du sommet, à 162 mètres d'altitude, on découvre un panorama exceptionnel sur la vallée de la Loire et la forêt d'Amboise, permettant de mieux comprendre la forme du parc originel et les immenses perspectives qui le percent. Les sept allées qui convergent vers la Pagode dessinent un éventail délicat. Cet orientalisme posé sur les bords de Loire confère au paysage qui l'entoure, un caractère magique. La Pagode de Chanteloup reste un précieux témoignage de l'un de ces jardins anglo-chinois qui ont fleuri en France dans le dernier quart du XVIII siècle.
Eléments du décor sculpté identifiés dans la région :
- - deux grands vases en marbre de forme dite "Médicis" godronnés ornent l'esplanade - côté ville - du pont Wilson à Tours (37);
- - une paire de sphinges encadrent l'allée d'honneur du château de Chenonceau (37).
- - deux hautes colonnes de pierre ds le parc boisé du château de Valmer à Chancay (37).
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