Projet décidé juste avant la crise, la nouvelle salle parisienne rencontre des problèmes de financement ...
Avant de présenter ses vœux au monde de la culture, Nicolas Sarkozy a visité un des chantiers phares du quinquennat : celui de la future Philharmonie de Paris, prévue derrière la Cité de la musique, porte de Pantin (XIXe arrondissement de Paris). De concert, la Ville, l'État et la Région ont décidé de voir loin. Financièrement, les trois partenaires sont responsables respectivement à 45 %, 45 % et 10 % de ce projet signé Jean Nouvel et estimé à 200 millions d'euros. Si chacun, malgré la tourmente, met son point d'honneur à tenir ses engagements, c'est que « la Philharmonie n'est pas une salle de concerts, dit son directeur, Laurent Bayle. Elle a été conçue comme un outil du XXIe siècle pour élargir la base du public envers des formes artistiques historiques. »
Le projet de Nouvel a été très précisément moulé sur l'analyse des ingrédients nécessaires à cet objectif. À l'intérieur, tout d'abord. Parce que les enfants doivent, pour aimer la musique, y avoir été formés avant l'adolescence, la Philharmonie aura un pôle pédagogique où seront dispensés ateliers de pratique ou de composition. Parce que les artistes ont un pouvoir de fascination contagieux, des salles de répétitions seront mises à la disposition des orchestres, notamment de l'Orchestre de Paris, qui y résidera, afin que le public puisse suivre les préparations des concerts, comme il suit celle des matchs de foot.
Enfin, à l'image de la révolution des musées transformés en cités-musées depuis l'avènement de Beaubourg, la Philharmonie sera ouverte toute la journée, le week-end, avec plusieurs concerts et ateliers, à des tarifs rivalisant avec ceux des salles de cinéma. Les concerts de prestige auront lieu en semaine.
Signe des temps, la salle de concert elle-même sera plus intime. « À Pleyel, il y a 1 900 spectateurs. Le plus éloigné est à 47 mètres du chef. À la Philharmonie, il y en aura 2 400 et le plus éloigné sera à 32 mètres du chef », souligne Laurent Bayle. Anti-tour d'ivoire, la salle sera modulable pour recevoir des concerts de musique amplifiée avec cette fois 3 000 spectateurs. À l'extérieur, le bâtiment sera conçu comme une idée de balade pour tous les publics, avec une architecture forte et un toit-promenade à 37 mètres au-dessus du sol sur lequel on pourra flâner.
Tout cela a un prix. Lors du concours, les architectes Herzog et de Meuron avaient refusé de déposer un projet, arguant que les Français bâclent à la réalisation le plus beau des projets, faute de moyens. Pour l'heure, les contrats avec les entreprises de construction sont toujours en négociation.
Le projet doit tenir dans les 200 millions prévus. Même si, pour de tels chantiers, le budget dépasse de 0,1 à 10 %, l'heure n'est pas aux rallonges : la Mairie de Paris, qui fait face à une baisse de recettes fiscales avec la chute des transactions immobilières, a dû emprunter pour financer sa participation.
Pour la ville comme pour l'État, certains points ne sont pas discutables : le pôle éducatif, l'acoustique, le toit-promenade et la conformité des matériaux aux normes environnementales. Pas question de replonger dans dix ans de procès pour malfaçons, comme au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de la Villette. Restent les aménagements intérieurs, qui représentent 25 % du coût global. Les négociations sont dures, et la date de livraison prévue, 2012, pourrait être légèrement retardée.
L’équipement se développera sur une superficie d’environ 20 000 m² utiles. Il comprendra, outre la grande salle de concert, ses foyers et ses espaces de répétition, un pôle éducatif, des espaces d’exposition, un restaurant, les infrastructures nécessaires à la logistique et aux équipements techniques et un parc de stationnement.
Véritable maison des orchestres, porteuse d’un projet pédagogique et culturel fort, la Philharmonie de Paris accueillera l’Orchestre de Paris en résidence permanente, ainsi que plusieurs formations musicales. L’Orchestre de Paris, l’un des plus grands et plus prestigieux orchestres internationaux, est composé de 119 musiciens permanents et est subventionné par la Ville de Paris et le Ministère de la Culture et de la Communication. Il propose un vaste répertoire qui s’étend des oeuvres symphoniques à l’opéra et à la création contemporaine. ( www.orchestredeparis.com)
Principalement consacrée à l’accueil de grandes formations symphoniques, la Philharmonie de Paris présentera aussi d’autres formes d’expression musicale, comme le jazz ou les musiques du monde.
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