
Première étape : lancer ses lieutenants au front. On l’a vu, Eric Besson a eu droit à une émission fabriquée sur-mesure sur France 2 : un portrait psychologisant à faire pleurer dans les chaumières, et deux vrais-faux débats. L’un avec Marine Le Pen histoire de recentrer le bonhomme, et l’autre avec Vincent Peillon qui au dernier moment a préféré éviter se prêter à cette farce courtisane.
Sur France 2, toujours, Benoit Duquesne consacrait cette semaine un numéro de son émission Complément d’Enquête à la délinquance sobrement intitulée : "Vols, cambriolages : les Français sur le qui-vive". On y voyait des Français s’équiper de pistolets d’alarmes, flashballs, monter des tours de garde avec chiens en laisse dans leurs résidences, des commerçants tester tous les nouveaux systèmes de sécurité à la mode etc... Le tout largement approuvé par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, évidemment !
Il ne faut jamais faire d’angélisme sur les questions de sécurité, mais nous sommes ici devant une tendance toujours renouvelée des chaînes de télévision à ressortir ce type de thématiques à quelques semaines d’échéances électorales qui pose question.

Aux grands maux, les grands remèdes. Le Président est en mauvaise posture. La Une se devait de réagir. Invitée dans les locaux du Républicain Lorrain à répondre aux questions des lecteurs, Laurence Ferrari a dévoilé la lumineuse idée qui aurait germé dans les cerveaux des créatifs de TF1(Et oui, apparement, ils en sont encore capables !!!) : confronter le Président à des vrais Français !! Du jamais vu, sinon sous Chirac et lors de la dernière campagne présidentielle. Bref du resuçé comme à chaque fois qu’on prétend renouveler le genre histoire d'appâter le chaland.
Le président de la République a donc été confronté à dix "vrais" Français sélectionnés pour leur apparition dans des reportages récents sur TF1.
Et à quelques semaines des régionales, c’est Jean-Pierre Pernaut, pape des régions et de leurs produits dérivés, sarkozyste convaincu qui joua les passeurs de plats pour aborder les "vraies" préoccupations des "vrais" Français. Toujours étonnant ce souci de marteler l’effet de réalité pour mieux faire oublier la totale scénarisation du spectacle politique.

Lundi soir, c’était oui pour tout le monde. La chose avait visiblement été pensée bien avant, mais il ne s’agissait surtout pas d’en laisser l’effet d’annonce à un membre du gouvernement sortant du Conseil des ministres, à une député furtif de la majorité lâchant le morceau prématurément, voire à un secrétaire d’Etat entre deux chambres ou un communiqué évaporé à l’AFP. Nicolas Sarkozy était d’accord avec tout, partageait les réticences et les indignations de chacun, quitte à surenchérir en expliquant, dossier bien en tête, le côté scandaleux de chaque situation : "C’est insupportable, je ne laisserai pas, ne comptez plus sur moi, je n’accepte pas, il est intolérable que, je ne veux plus entendre" !!! Un Martien débarquant à l’improviste croirait tomber sur le chef de l’opposition. A Laurence Ferrari, qui l’interroge sur l’affaire Proglio, il oppose "La responsabilité des syndicats qui exigent le maintient de leur patron à la tête de Véolia" au "seul désir de polémique stérile des partis politiques".
Pas une question ne le met mal à l’aise, il connaît chaque dossier sur le bout des ongles et se permet de temps en temps un chiffre, une date ou une statistique sous le regard médusé de son interlocuteur. C'est à se demander si les sujets n'ont pas été préparés entre TF1 et la présidence. A croire que le Président de terrain, toujours en première ligne, prêt à monter au front, s’est laissé convaincre d’adopter la stature du commandeur, avec le recul de rigueur qui sied à l’arbitre rassembleur. "Français, mes amis, je partage votre colère". Même la gestuelle semble avoir été travaillée avec des tics en déflation et une élocution sérénisée.

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