


A chaque apparition d'une Jaguar Type E, dans la rue, c'est l'attroupement. Michel Cognet, qui a vécu de l'intérieur le lancement de la Type E en France puisqu'il travaillait alors depuis 1957 chez l'importateur Royal-Elysées, raconte dans le magazine Rétroviseur le flot de stars et de personnalités qui se sont empressées de prendre commande de la belle anglaise : Françoise Sagan, Johnny Haliday, Bernard Consten, Charles Trenet, Pierre Bardinon, Robert Hirsch, sans parler des têtes couronnées.

On a souvent attribué le design de la Jaguar Type E à Sir William Lyons. Mais comme dans chaque genèse d'automobile, il y a un capitaine à la barre, et toute une équipe derrière lui qui travaille dans son ombre. C'est exactement le cas de la conception de la Jaguar Type E puisque c'est Malcom Sayer, aérodynamicien qui vient de l'industrie aéronautique, qui assume la paternité du coup de crayon. Le style épuré et aérodynamique de la Jaguar Type E s'explique ainsi par le parcours préliminaire de son géniteur.

L'ouverture dudit capot est totale avec le bloc complet qui bascule vers l'avant et découvre intégralement la mécanique. A l'avant, une petite calandre ressemble à s'y méprendre à une petite bouche entre-ouverte suggestive laissant la porte ouverte aux imaginations les plus fertiles. Deux phares ronds sont sous globes et encastrés. L'arrière est de type Fastback avec le toit qui descend jusqu'aux fins feux arrière. Les surfaces vitrés se distinguent par des montants très fins et élégants recouverts de chrome. Enfin, l'arrière de la Jaguar Type E se singularise par des ailes aux courbes très prononcées. Vous le comprendrez vite, il y a beaucoup de charme et de féminité dans ce design sans verser dans la mièvrerie. De fins pare-chocs en chrome (la période des boucliers complets en plastique est encore bien loin…) avec des butoirs faits du même métal ceinturent les faces avant et arrière de la belle Jaguar.

Pour le cabriolet, le toit a tout simplement été supprimé et la ligne s'apparente alors avec le hard top ou la capote plus à un coupé plus classique. L'accès à bord n'est pas aisé, car la Jaguar Type E est basse, et l'espace intérieur est compté. L'habitabilité intérieure reste mesurée malgré les dimensions extérieures de la voiture. Le design de la planche de bord est bien dans le ton de l'époque avec une batterie de compteur qui vient même déborder sous les yeux du passager. Le volant avec jante en bois possède trois branches ajourées.

Par la suite, les autres générations de Jaguar Type E recevront un réglage des dossiers de série. L'aluminium guilloché recouvre toute la partie centrale de la planche de bord et est du plus bel effet. La finition à bord ne souffre pas la critique, bien au contraire, et un coffre conséquent accessible depuis l'intérieur ou par le hayon avec son ouverture originale permettait d'envisager les voyages au long court. N'est-ce pas là justement la vocation première d'une GT ?… Si lors des études préliminaires, une carrosserie tout alu avait été envisagé dans un premier temps, c'est une structure classique en acier qui l'a emporté essentiellement pour des raisons de coûts.



La première vitesse est donc non synchronisée. Il faudra attendre quelques années pour que Jaguar monte des boîtes de vitesses automatiques Borg Wargner, alors montées en priorité pour les besoins du marché américain. Aujourd'hui encore, les performances que procurent le moteur XK 3.8 à la Jaguar Type E sont peu communes. Avec 240 km/h en vitesse de pointe, moins de 8 secondes pour le 0 à 100 km/h et moins de 29 secondes pour le kilomètre départ arrêté, de nombreux automobilistes dans leur voiture " moderne " sont surpris de la bonne santé des Type E.

Le 15 mars 1961, Jaguar présente au salon de Genève de la nouvelle Jaguar Type E. Le 21 mars, le premier exemplaire français arrive en France (châssis n°885 006) et le 7 avril, la Jaguar Type E est réceptionnée aux Mines françaises. A la fin de l'été, la production des Jaguar Type E démarre à l'usine. En octobre, premières modifications mineures avec les crochets de capot de verrouillage extérieur qui laissent place à une commande intérieure. L'année suivante, c'est le premier gros changement de structure sur les Jaguar Type E : le plancher n'est plus plat, mais surbaissé au niveau des pieds. On différenciera ainsi les premiers millésimes des suivants en les appelant " plancher plats ".

Pour son dernier millésime de production, en 1964, les derniers exemplaires profitent du premier rapport synchronisé (enfin !). Au salon de Londres de la même année, le moteur 4,2 litres remplace le 3,8 litres. Jaguar arrête la production des Jaguar Type E MkI 3.8. Au total 15 482 exemplaires de Jaguar Type E MkI 3.8 toutes carrosseries confondues auront été produits. Un beau succès pour une GT de cette catégorie dans les années 60…
Aujourd'hui, la donne n'a pas changée, et il faudra débourser 3 fois plus pour l'acquisition d'une belle GT italienne qui aurait le même prestige que la noble GT de Coventry...
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