
Si au départ dans l’esprit de ses créateurs, il s’agissait avant tout d’un véhicule utilitaire, très rapidement, il s’est orienté vers les loisirs. Cela étant les administrations, les pompiers, l’armée furent de gros consommateurs de Méhari.

Avec 1,60m2 de surface utile derrière les deux sièges avant, il n’y avait pas mieux qu’elle pour transporter un gros meuble. Elle était sans rivale pour débarrasser une cave en accueillant 400 kilos de charge utile ou transporter une tondeuse à gazon. Portée de bon service, elle n’avait pourtant pas l’image d’un utilitaire et encore moins de celle d‘une voiture de pauvre comme la 2 CV et la 4L à cette époque.

Dans un premier temps, la voiture étant destinée à être commercialisée en kit, elle devait s’adapter sur une base existante pourvue d’un châssis séparé.
Si la Renault 4 fut d’abord envisagée, celle-ci fut rapidement abandonnée, la présence du radiateur à l’avant ne permettant pas d’abaisser suffisamment le nez.
La 2 CV, véhicule léger également conçu sur la base d’un châssis, mais dépourvue de cet accessoire, fut donc désignée.

Les premiers essais eurent lieu durant l’été 1967.
Les panneaux de carrosserie, réalisés en ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène) présentent, dans un premier temps, un profil lisse qui, manquant de rigidité, sera abandonné dès le second prototype au profit de panneaux nervurés, tels que nous les connaissons encore aujourd’hui.

Roland de la Poype, qui avait imaginé commercialiser lui-même son véhicule sous le nom de "Donkey" fit tellement bonne impression que Citroën, en la personne de Pierre Bercot, alors président de la marque aux deux chevrons, décida d’intégrer cet "âne" dans sa gamme utilitaire.
Comme la conception du prototype n’émanait pas du Bureau d’Études, les plans furent établis d’après les pièces grandeur nature, ce qui est une façon plutôt inhabituelle de travailler.
Le nom de Méhari, qui signifie dromadaire, fut finalement choisi car il symbolise tout à la fois l’aspect utilitaire et ludique de la voiture, sa sobriété et son endurance.
Les premiers mois de l’année 68 sont mis à profit pour assembler les douze premiers exemplaires de présérie, qui seront les seuls à être réalisés dans les ateliers de la S.E.A.B.

Les événements qui occupent la France en ce mois de mai perturberont quelque peu le calendrier prévu. Les voitures de présérie acheminées vers Deauville le seront à la dernière minute, la peinture, différente pour chacune d’entre-elles, à peine sèche.
Le 16 mai 1968 a lieu la présentation officielle de la Méhari à la presse automobile, réunie pour l’occasion sur le golf de Deauville.
Une vingtaine de mannequins de l’agence Catherine-Harlé défilent sur la pelouse du terrain de golf, à bord de huit des douze voitures de présérie. (quatre sont en réserve). Huit autres modèles de présérie seront encore assemblés dans les locaux de la S.E.A.B., portant le total des véhicules de présérie à vingt voitures.

Ceci est d’autant plus surprenant que la voiture dépend du département véhicules utilitaires de la marque.
Chaque véhicule, peint dans une teinte couleur différente, présente une utilisation originale de la Méhari, les mannequins étant habillés en rapport avec le sujet.
Les teintes proposées ne seront pas toutes retenues pour le catalogue.
L’appellation commerciale définitive sera "Dyane 6 Méhari" et lors de la commercialisation, au salon de Paris en automne 1968, la puissance du moteur sera portée à 33 ch., tant pour la Dyane que pour la Méhari.
Le véhicule est rattaché à la gamme Dyane, alors qu’il est construit sur base de camionnette AK, et non de Dyane...
La société d’Exploitation Nouvelle d’Automobile et de Carrosserie (E.N.A.C.), située à Bezons en région parisienne, déjà chargée par Citroën de la fabrication des 2 CV camionnettes, est désignée pour la mise en production des 2500 premiers exemplaires.

Trois couleurs sont proposées : le rouge Hopi, le beige Kalahari et le vert Montana.
Une seule version de carrosserie : la 4 places, dont la banquette arrière possède un dossier amovible pouvant se rabattre, de manière à former un plancher de chargement rigoureusement plat d’une superficie de 1,6 m².
Cette surface sera largement exploitée par les propriétaires de Méhari, puisque la charge utile est de 400 Kg, pour un poids à vide de 525 Kg.
En Juillet 1969, premier grand frisson pour la Méhari.
200 jeunes belges participent au raid Liège – Dakar – Liège, organisé par le Royal Automobile Club junior de Liège.
100 d’entre eux feront le voyage aller, les cent autres assureront le retour à bord de 25 Méhari.
Ils traverseront sept pays, escortés de quatre camions Berliet d’assistance sur les quelque 4000 km du périple.

1974 est l'année de production record, avec 13.910 unités produites entre janvier et décembre.
C’est au cours de l'année 1976 que les accords passés entre Michelin et Peugeot S.A. en 1974 sont finalisés. Citroën quitte le giron du manufacturier de Clermont-Ferrand pour entrer dans celui de la firme de Sochaux. Le groupe P.S.A est créé.

L'année 1987 est l'ultime millésime pour la Méhari. Le modèle de base n’est plus proposé qu’en version 2 places, alors que la version Azur reste proposée dans les deux configurations.
381 exemplaires seront assemblés pour cet ultime millésime, toutes versions confondues.
L’usine portugaise de Mangualde, dernier site de production de la Méhari, arrêtera définitivement les chaînes au mois de juillet 1987, après 143.740 exemplaires en 4x2 et 1.213 en 4x4.

Son nom, qui est celui d’une race de dromadaires domestiques dressée pour les courses par les Touaregs, résume bien le côté passe partout et résistant de ce véhicule qui s’est très vite révélé particulièrement adapté sous les climats les plus chauds.
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