
La ministre du Logement et présidente du Forum des républicains sociaux a critiqué mardi dans un communiqué le texte de loi préparé par la secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano, qui fait référence dans sa version modifiée aux "foyers composés de deux adultes du même sexe".
Boutin :
"Je n’accepterai pas que l’on reconnaisse l’homoparentalité et l’adoption par les couples homosexuels de façon détournée", a affirmé Mme Boutin, "en le glissant dans une loi sur le statut du beau-parent".
"Le fait de reconnaître le statut du beau-parent risque de mener à la reconnaissance objective de l’homoparentalité et de l’adoption par les couples homosexuels", a-t-elle dit, défendant le fait que "l’enfant pour se structurer a besoin d’un papa et d’une maman".
Réagissant sur RTL, Mme Morano a invité sa collègue au gouvernement, "plutôt que d’avoir une posture passéiste et idéologique à vraiment lire ce texte". Selon la secrétaire d’Etat, "il ne crée pas un statut du beau-parent, le projet de loi porte sur l’autorité parentale et le droit des tiers".

Evoquant les "2 millions d’enfants vivant en familles recomposées, 3 millions en familles monoparentales et 30.000 enfants élevés par deux personnes du même sexe", Mme Morano a insisté sur la nécessité de "permettre à celui qui élève l’enfant de pouvoir agir pour les actes usuels de la vie quotidienne".
"Je ne veux pas débattre avec Mme Boutin, ce qui m’intéresse ce sont les Français, il faut prendre en compte l’évolution de la famille", conclut-elle.
A priori, cet avant-projet de loi n'a rien de bien révolutionnaire. Annoncé avec bruit comme la création nouvelle d'un «statut du beau-parent» par Nicolas Sarkozy il y a quelques semaines, il reste d'une ambition modeste. Il en va de ce texte comme de certains autres projets du gouvernement : on donne un nom ronflant à ce qui n'est en réalité une simple adaptation du droit aux réalités du moment. En l'occurrence, sur le sujet qui nous occupe, c'est peut-être mieux ainsi. C'est en fait un texte technique et consensuel que le gouvernement veut présenter.
L'avant-projet de loi défendu par Nadine Morano ne crée en réalité pas de statut, ni pour les beaux-parents, ni pour les homoparents. Juridiquement, ces catégories n'existeront pas plus aujourd'hui que demain. Ce projet se contente en fait de moderniser la nature des liens juridiques entre l'enfant, ses parents et le tiers qui partage sa vie. Lequel sera défini ainsi : il s'agit de celui ou celle "qui réside avec l'enfant et l'un de ses parents et a noué des liens affectifs étroits avec lui". C'est à la fois précis et ouvert, sans enfermer quiconque dans une catégorie.

L'avant-projet de loi s'appuie donc sur ces acquis jurisprudentiels, pour les consolider. La loi précise par exemple ce que sont un acte usuel et un acte important pour la vie de l'enfant — c'est assez technique —, afin de définir le rôle et les prérogatives de chacun, selon ce que les tribunaux ont déjà déterminé. Rien de nouveau, juste une clarification.
Autre aspect du texte : le principe de coparentalité, qui organise la résidence alternée de l'enfant après séparation des parents, est rendu plus facilement applicable. En cas de non-respect, le juge aux affaires familiales pourra décider d'une astreinte à la charge du parent qui ne joue pas le jeu, et faire exécuter la décision. Rien de fondamentalement nouveau non plus, donc. Mais étrangement, l'UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) fait semblant de ne pas voir ce gain d'efficacité de la loi, qui va pourtant dans son sens.

Deuxième point : si on est contre le partage de l'exercice de l'autorité parentale entre deux hommes ou deux femmes, il ne suffit pas de rejeter l'avant-projet Morano, il faut abroger la loi Royal de 2002. Pourquoi Christine Boutin ne le demande-t-elle pas ? Ses interventions outragées relèvent moins du souci de la cohérence que d'une posture bien pratique pour retrouver la scène des médias.

Ajoutons, parmi les autres avancées, la consécration du droit de l'enfant à entretenir des relations personnelles avec le tiers. En cas de décès d'un parent, l'enfant pourra être confié au tiers, sur décision du juge (que le tiers peut éventuellement saisir). Difficile d'y voir matière à polémique. Une fois encore, c'est l'intérêt de l'enfant qui primera dans toute décision du juge, et aucun parent ne se verra déposséder de ses propres droits.

Pour autant, la polémique soulevée par Christine Boutin est artificielle pour une bonne part, en prêtant au texte beaucoup plus qu'il ne permet en réalité. Et, finalement, cette révolte d'une partie de la droite ne s'explique pas tant par cette concession faite aux familles homoparentales, réelle mais limitée, que par des motifs beaucoup plus profondément idéologiques…
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