samedi 14 février 2009

Eric Besson, le traître préféré


Promu au ministère de l’immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, en 2006, Eric Besson dénonçait vigoureusement la politique d’immigration du ministère de l’Intérieur tenu alors par Nicolas Sarkozy. Devenu l’un des proches du président, il est désormais l’un des thuriféraires du sarkozysme jusqu’à mettre en oeuvre sa politique d’immigration.
C’est fait, Nicolas Sarkozy a présenté la promotion 2009 de son gouvernement. Parmi les nominés : Eric Besson. Contempteur du candidat Sarkozy, le transfuge du PS est aujourd’hui l’un des chouchous du président. Il s’en trouve d’autant récompensé à l’occasion de ce mini-remaniement. Il était jusqu’ici cantonné à un rôle essentiellement symbolique d’incarnation de l’ouverture avec un obscur poste de Secrétaire d’Etat à la Prospective et au Développement de l’Economie numérique. Le voici propulsé au ministère beaucoup plus exposé de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire.

Quand Besson dénonçait les lois sur l’immigration de Sarkozy
Un choix d'autant plus cocasse que l’homme, dont on connaît les capacités de souplesse, qui va mettre en œuvre la politique d’Immigration de Nicolas Sarkozy s’était livré à une vive dénonciation de la politique d’immigration du même Nicolas Sarkozy alors…ministre de l’Intérieur dans une note intitulée « les inquiétantes ruptures de Nicolas Sarkozy. »
Outre des têtes de chapitres au ton radical qui dénoncent la mystification sarkozyste : « Nicolas Sarkozy ou l’apologiste du communautarisme religieux » ; « la promotion des intégristes musulmans français » ; « la rupture avec le modèle républicain » ; « Les lois sur l’immigration ou la production assurée de clandestins » pour ne citer que les thèmes en rapport avec son nouveau ministère. On mesure là les capacités d’oubli infinies du personnage, prêt à se faire le VRP de tous les dévoiements alors dénoncés pour un maroquin et une place sur la photo.

Dans le détail, le désormais ministre de l’immigration dénonçait la politique du « chiffre » :
« Deux ans et demi après le vote de la loi du 26 novembre 2003, dans un rapport d’évaluation, établi en mars de 2006, le député UMP du Vaucluse, Thierry Mariani, se félicite de ses succès. Il évoque la hausse des chiffres des interpellations d’étrangers en situation irrégulière (de 44 500 en 2004 à 64 000 en 2005) et des éloignements effectifs du territoire français. Ces derniers sont passés de 11 692 en 2003 à 19 849 en 2005. Le nombre de personnes éloignées a effectivement augmenté, mais à quel prix ? Les associations de soutien aux étrangers s’inquiètent et dénoncent les effets dévastateurs de la politique menée depuis 2003 : arrestations massives dans certains quartiers, placements en rétention à répétition de personnes non reconductibles, y compris les enfants... »

L’immigration professionnelle, le pillage des élites des pays en développement
…les effets pervers d’une imigration professionnelle
« Relancer une immigration professionnelle, qualifiée et utile à l’économie française, tel serait l’objectif de Nicolas Sarkozy. On peut tout d’abord contester la pertinence d’une telle politique qui consiste à favoriser l’installation professionnelle en France des diplômés étrangers de niveau au moins égal au master et qui octroie une carte de séjour « compétences et talents » avec des avantages particuliers pour les sportifs de
haut niveau, les artistes et les intellectuels renommés. Au lieu de faciliter la circulation des étrangers par l’octroi de visas à entrées multiples, cette politique favorise l’installation définitive en France et participe au pillage des élites des pays en développement.

Et certains propos de Sarkozy lui-même qui déclarait devant les parlementaires :
« Quand on a l’honneur d’avoir un titre de séjour, le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’a pas à se faire arrêter en train de provoquer des violences urbaines !(56) », il demande aux préfets d’expulser les
étrangers - même titulaires d’un titre de séjour - condamnés pour les émeutes nocturnes. 1 800 émeutiers sont interpellés, quelque 120 étrangers majeurs, la grande majorité en situation régulière, sont directement concernés par les injonctions du ministre ». Besson dénonce un retour de la « double peine ».

Autre éclairage par le témoignage d’Henri Weill, ancien journaliste, conseiller en communication passé par le cabinet d’Eric Besson au secrétariat d’Etat à la prospective. Auteur du livre « Du journalisme au cabinet d’Eric Besson », il avoue avoir très mal vécu l’épisode Besson. Plutôt séduit par le personnage lors de leur première rencontre, il décrit un homme brutal qui l’a limogé après avoir, selon lui, écouté l’une de ses conversations téléphoniques. Eric Besson aurait pris peur, convaincu que son conseiller n’avait pas mis fin à ses activités extérieures de conseil. Des soupçons démentis par l’auteur.
Les associations trouveront-elles dans cet ancien socialiste passé à droite un adversaire plus féroce qu'Hortefeux? L'avenir le dira.

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