lundi 9 novembre 2009

la Bernauerstrasse

De 1961 à 1989, les fugitifs ont rivalisé d'imagination pour parvenir à franchir le rideau de fer berlinois.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le régime communiste est-allemand érige le mur de Berlin, pour endiguer l'hémorragie de sa population vers l'Ouest. De 1949 au 13 août 1961, quelque 2 686 942 "Ossis" réussissent à s'enfuir en Allemagne de l'Ouest sans grande difficulté, dont 1 649 070 sont passés par Berlin. Le Mur divise Berlin et emprisonne les Berlinois de l'Est, qui redoubleront d'imagination pour s'échapper vers la liberté mettant leur vie en péril.

Les années 1962-1963 sont la grande époque des tunnels. Le 24 janvier 1962, après plusieurs semaines de préparatifs, 26 personnes rampent vers l'Ouest dans la Oranienburgerchaussee. Le 5 mai 1962, 12 fugitifs atteignent l'Ouest à quelques mètres de là. En septembre 1962, 29 évadés passent sous la Bernauerstrasse. L'évasion la plus spectaculaire, le 5 octobre 1964, marquera la fin de l'époque des évasions souterraines.

"À l'occasion d'une fête de famille ma cousine Inge me prend à part et me dit : “je veux partir”. Elle ne supporte plus le carcan communiste", raconte Ralph Kabisch. Il parvient à convaincre un groupe d'étudiants de son université de l'enrôler pour creuser un tunnel. L'entrée se trouve dans une boulangerie désaffectée de la Bernauerstrasse à cheval entre le secteur français et la zone soviétique. Il faudra six mois aux 34 étudiants, qui se relaient jour et nuit, pour creuser un puits de 12 mètres de profondeur et une galerie de 145 mètres.

Ils débouchent dans des toilettes désaffectées de la Strelitzerstrasse du côté Est. Un premier groupe de 25 personnes passe le soir même, sans bagages pour ne pas éveiller les soupçons. Les fugitifs rampent 15 minutes dans la boue, avant de gagner la liberté. La cousine de Ralph n'est pas dans le lot. Le lendemain, une trentaine de personnes s'échappent, avant que le tunnel ne soit découvert par la Stasi, la police secrète. Le garde-frontière communiste Egon Schultz sera tué dans une fusillade. Surnommé "tunnel 57" en référence au nombre d'évadés, ce sera l'un des derniers passages souterrains. La Stasi construira ensuite son propre tunnel, parallèle à la frontière, pour détecter les bruits. La cousine de Ralph tentera de s'échapper par la Bulgarie. Capturée, jugée et emprisonnée, elle sera vendue en 1969 à la RFA.

Comme d'autres, Ralph se tournera vers des voitures aménagées avec des planques pour transporter des passagers clandestins. En 1964, neuf personnes cachées dans une BMW Isetta, parviennent à s'évader. Trop risquée, la méthode sera vite abandonnée. En décembre 1961, un conducteur de train parvient à s'échapper avec sa famille en passant à l'Ouest sur une locomotive à vapeur. Le régime communiste déviera ensuite les rails avant les frontières. En 1966, deux Berlinois embarqués dans un bulldozer percent une brèche dans le Mur et réussissent à s'échapper. Et l'époque des grandes évasions se termine à la fin des années 1960. En 1979, deux familles est-allemandes réussiront une évasion spectaculaire vers la Bavière à bord d'un ballon bricolé avec des draps et des manteaux imperméables.

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