dimanche 18 octobre 2009

"Mères et filles"

Que dire de ce film que je me suis empressé évidement d'aller voir.
"Mères et filles" est un film de femme sur les femmes très nettement féministe mais qui n’entre jamais dans un discours rancunier. Un portrait générationnel convaincant, servi par des actrices magistrales.
"Trois femmes, trois générations. Dans les années 50, Louise a quitté le domicile conjugal alors que ses enfants étaient encore jeunes. Elle n’a plus donné signe de vie. Sa fille Martine est restée dans la petite ville de bord de mer où elle est devenue médecin. Aujourd’hui Audrey, la fille de Martine, la trentaine indépendante, revient rendre visite à ses parents. Elle va trouver par hasard un cahier ayant appartenu à sa grand-mère, un journal qui pourrait enfin expliquer son départ. Éclaircira-t-il les non-dits qui altèrent depuis toujours les relations au sein de la famille ? Audrey y trouvera-t-elle les réponses aux questions qu’elle se pose sur son propre avenir ?"

Impossible de désigner le personnage principal du film même si toute l'histoire tourne autour de Louise, la grand mère trop indépendante ( pour son époque !). Comme le titre est au pluriel ... les héroïnes sont multiples. Car il s’agit bien d’héroïnes au sens littéral du terme : chacune d’elle s’est battue pour se créer sa place, exister dans la société, aux yeux des autres et assumer leurs envies et leur personnalité. Un combat, un leitmotiv qu’expose Julie Lopes-Curval, dans son troisième long-métrage après "Bord de mer" et "Toi et moi".

Pour incarner des femmes aussi combatives, le choix des actrices s’avère crucial et demande des personnalités fortes qui soient néanmoins capables de ne pas annihiler le personnage. Marina Hands se révèle particulièrement convaincante. Le personnage qu’elle interprète dans "Mères et filles" est le prolongement moderne de ses précédents films et notamment "Lady Chatterley" ; De retour en vacances en famille, elle plonge dans son passé familial et découvre, fascinée autant qu’inquiète, la vie, moins lisse qu’elle ne le pensait, des femmes des générations précédentes. Sa mère, incarnée par Catherine Deneuve impressionnante et dont le jeu est toujours aussi parfait (en revanche ... les ravages de la chirurgie soi-disant esthétique commence à se remarquer beaucoup !) , incarne un personnage riche et complexe, rongé par une histoire lourde à porter. L’actrice, toujours aussi charismatique à mon goût, illumine chacune de ses scènes, avec une froideur qui masque une fragilité certaine de la femme qu’elle personnifie.

La relation entre Marina Hands et Catherine Deneuve est le fil directeur du film qui permet également de comprendre l’histoire de Louise (excellente Marie-Josée Croze) la grand-mère disparue sans laisser de traces, il y a cinquante ans. On voit ce personnage à travers les flash backs fantasmés du personnage de Marina Hands. Ces retours en arrière se font sans qu’une différence esthétique ne soit clairement identifiable (on évite les tons sépias et le noir et blanc), les temps passés et présents s’entremêlent et, progressivement, se retrouvent pour révéler la vérité.
Mais, si les femmes sont au cœur de l’intrigue, il ne faut pas nier l’importance du mari de Catherine Deneuve qui crée la jonction entre la mère et la fille et entre la mère et la grand-mère absente. Michel Duchaussoy apporte une douceur salvatrice face aux tempéraments exacerbés des héroïnes. Les hommes et les femmes se font souffrir à parts égales et le scénario de Julie Lopes-Curval a l’intelligence de rappeler les évolutions des mœurs en fonction des époques - ce qui évite tout raccourci féministe un peu simpliste et forcément caricatural.
"Mères et filles" est donc un long-métrage qui s’apprécie pour ses actrices particulièrement talentueuses et pour sa réalisatrice, pleine de finesse, qui donne à voir une œuvre à la fois légère et plein de réflexion avec une fin surprenante ... Un film à aller voir donc !


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