mardi 23 juin 2009

Sarkozy : Vive la dette !!!

L'initiative proposée par le chef de l'Etat à Versailles s'inscrit dans une tradition très onéreuse explorée par Antoine Pinay, Valéry Giscard d'Estaing et Edouard Balladur.

EN lançant un grand emprunt public pour le financement d'une "politique ambitieuse d'investissement", Nicolas Sarkozy a choisi la fuite en avant. La théorie économique veut qu'en cas de finances publiques déficitaires, on resserre les boulons, quitte pour cela à augmenter les impôts. Sarkozy choisit, lui, de tendre la sébile et d'aller mendier auprès des Français de quoi boucler les fins de mois difficiles. Et des difficultés, il va en avoir, avec ce déficit qui file, et une dette qui enfle, qui enfle. Cette année, ce sont 120 milliards qui vont s'ajouter à nos 2100 milliards de dettes. Si on y ajoute les emprunts qui arrivent à échéance, et qui seront remboursés... en s'endettant à nouveau, la facture sera cette année de 200 milliards d'euros qu'il faudra aller chercher, dans les prochains mois, sur les marchés.

Notre président, en lancant cette idée d'emprunt, semble avoir la mémoire courte: lancer un grand emprunt populaire coûte cher. En tous cas, toujours plus cher que d'aller chercher l'argent sur les marchés financiers. En effet, pour attirer le grand public, il faut proposer un taux supérieur à celui de marchés financiers, où les marges se calculent en centième de point d'intérêt. Les exemples sont nombreux, de l'emprunt Balladur à l'emprunt Giscard, en passant par la fameuse rente Pinay, une des plus coûteuses émises par l'état depuis...

Petit retour, à méditer, sur ces grands emprunts, qui ont aussi été des grandes douleurs pour les finances de la France.
La rente Pinay: elle a été lancée en 1953 avec un taux de 4,5%. Le prix du titre était fixé à 36 francs. Ensuite, chaque année, l'administration devait fixer un prix de remboursement, lié à l'évolution de la moyenne des cours du napoléon. En juin 1988, finalement, les derniers titres étaient remboursés à...1 474 Francs l'unité (pour 36 francs récoltés lors de son émission!). Les prix de remboursement avaient même culminé à 2 447 Francs, juste après l'élection de François Mitterrand, en 1981.
L'emprunt Giscard: il a été lancé en 1973 avec un taux de 7%. Il a permis à l'Etat de récolter 6,5 milliards de francs, afin de financer la baisse de la TVA, ramenée de 23% à 20% et de 7,5% à 7%. L'indexation se faisait sur le poids d'or du franc ou, à défaut, sur les cours du lingot d'or d'un kilo, coté à la Bourse de Paris. Il valait alors 10.483 francs. D'un montant unitaire de 1.000 francs, il suivit la montée de l'or et culmina à 10.000 francs en 1980. Au final, l'état remboursa 55 milliards de francs au lieu des 6,5 prévus, sans compter les intérêts. Au total, il aura coûté 76,7 milliards de francs, soit plus de dix fois le montant initial récolté.
L'emprunt Barre : il a été lancé en 1977, à un taux de 8,80 %. Emis pour une valeur de 1.000 francs, indexé sur la valeur de l'unité de compte européenne (UCE), qui allait devenir l'Ecu, puis l'euro. Il a permis de récolter 21 milliards de Francs, et a couté 50% de plus à l'Etat. Sa dernière tranche a été remboursée en 1992 pour une valeur de 1 258,81 francs par titre.
L'Emprunt Balladur. Il a été lancé en 1993, à un taux de 6 % : Destiné à financer les mesures en faveur de l'emploi et de l'économie, il avait une durée de 4 ans et connut un succès énorme. L'état en attendait 40 milliards. Plus de 110 furent souscrit. Remboursé en titres d'entreprises privatisées, il est difficile de savoir combien il a couté à l'Etat, mais on estime que la facture a dépassé largement le cap des 180 milliards...

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