jeudi 11 juin 2009

Mon Dieu !

Le vin rosé ne sera pas un mélange de vin blanc et rouge, au grand soulagement des amateurs. Réunis en janvier dernier, les experts des 27 Etats membres de la commission européenne avaient proposé d'autoriser, dans le cadre d'un règlement destiné à actualiser les pratiques œnologiques, la fabrication de vin rosé par association de vin blanc (95%) et rouge (5%). Cette pratique est interdite au sein de l'Union depuis 1999.

Les lobbys des industriels viticoles appuyaient cette demande au motif de son acceptation par l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Ainsi, des pays comme l'Australie, l'Argentine ou encore l'Afrique du sud commercialisent déjà ce type de vin dans l'Union. Les industriels dénoncaient une concurrence déloyale.
Autre argument avancé : cette pratique est déjà à l'œuvre pour la fabrication notamment du Champagne rosé. Le règlement prévoyait d'interdire le coupage pour les appellation d'origine protégée (AOP) et Indication géographique protégée (IGP). Ainsi seuls les "vins de table" auraient été concernés. La production de vin rosé par coupage permet de réaliser des économies sur les coûts de production et ainsi de le rendre plus compétitif. Et certainement d'écouler des vins de moyenne et bas de gamme.

Les viticulteurs, eux, défendent la qualité traditionnelle de leur vin produit à l'heure actuelle par macération courte, par saignée ou par pressurage direct. François Millo, directeur du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) s'insurge contre ce tour d'apprenti chimiste, qui pour lui "est ni plus ni moins de la duperie et de la contrefaçon", estimant, comme la plupart des vignerons, que le rosé a su faire sa place, bien que difficilement, ces 10 dernières années. Et c'est un fait, le marché du rosé est en parfaite condition puisque, à l'inverse des vins rouges et blancs, il gagne en parts de marché.

Rosé pas coupé, mais mélange autorisé
Six mois après cette annonce, passée tout d'abord inaperçue et même validée par Michel Barnier, Bruxelles fait finalement machine arrière au terme de plusieurs mois de protestation de la part des producteurs de vin européens, notamment français – 1er producteurs mondiaux de vin rosé - et italiens qui, ensemble, représentent 60% de la production européenne. L'Espagne a rejoint ce mouvement. Le recul de Bruxelles satisfait les viticulteurs, qui pensaient devoir lutter encore longtemps. La surprise engendrée par ce revirement a poussé le porte-parole du président de la commission européenne, qui souhaiterait voir son mandat renouvellé, à déclarer qu'il ne s'agissait pas d' "un cadeau" au président Sarkozy en échange d'un soutien.

François Bachelot, directeur du Guide Hachette des vins, est heureux de "la reconnaissance du fait que le rosé est un vrai vin". Toutefois le texte n'interdit pas la vente d'un mélange de vin rouge et rosé mais simplement si mélange il y a, son appellation ne pourra pas être "rosé". L'Assemblée des régions européennes viticoles (Arev) souligne «c'est très vicieux car selon le mélange qui va être produit et vendu dans des bouteilles transparentes, les consommateurs pourront croire que c'est du rosé». L'Arev demande donc l'interdiction claire et formelle de la méthode du coupage.

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