mardi 3 mars 2009

AMC PACER : Et la citrouille devint carrosse...

Trop "petite" et trop exotique, la Pacer ne trouva jamais sa clientèle outre-atlantique et c'est en France qu'elle connut la célébrité. Habilement vendue, elle va d'abord envoûter quelques stars, devenir la coqueluche du "Tout Paris" et retomber tout aussi vite dans l'oubli.

Préoccupés par le succès de la Coccinelle, puis de la percée des japonaises bon marché, les constructeurs américains commencent à penser "petit" à l'aube des années soixante-dix.
Une réflexion qui donne naissance à une nouvelle génération de voitures moins puissantes et aux dimensions plus modestes : les "subcompacts".
Pendant que Ford et General Motors lancent l'offensive avec de très fades Pinto ou Chevrolet Chevette, que Chrysler loupe encore une fois le train, American Motors propose une réponse beaucoup plus originale avec la Pacer. AMC (American Motors Corporation) jusque-là spécialisé dans la production de modèles populaires sans grande identité, lassé d'être méprisé et jugé incapable de sortir de l'ombre des "Big Three" de Detroit, souhaite frapper un grand coup.

Née en 1954, cette société qui regroupe de nombreuses vieilles marques essoufflées (Nash, Hudson, Rambler) a connu une histoire pour le moins agitée et des fins de mois souvent difficiles.

Tout cela est fini ! Le rajeunissement complet de la gamme diffusée sous le seul label AMC, puis quelques beaux succès sportifs avec une Javelin avec laquelle Mark Donehue se joua des Mustang et autres Camaro, et enfin la fusion avec Jeep en 1970, font naître de nouvelles ambitions. Après avoir lancé sur le marché une première "compacte", la Gremlin dont lignes anguleuses et agressives ne font pas l'unanimité, AMC décide d'aller encore plus loin et de jouer à fond la carte de la différence. Un choix dicté par le vice-président de la firme, Richard Teague qui cumule ces hautes fonctions avec celle de directeur du style et du bureau d'études. Il va ainsi offrir une totale liberté de création à ses collaborateurs avec pour seule contrainte... l'obligation de concevoir une voiture différente de tout ce que l'on connaît alors !



L'idée de départ (en février 1971) est de créer une petite voiture maniable dont les dimensions intérieures offriraient à ses occupants un nouveau plaisir de rouler et un confort supérieur à la moyenne. En bref, il s'agit de donner envie aux Américains de rouler dans une petite voiture sans qu'il en éprouve de la honte et encore moins la crainte de déchoir de leur condition sociale. Pour ce projet ambitieux, de nombreux dessins inédits (dont plusieurs études de véhicule monocorps) sont élaborés avant qu'une silhouette de berline classique ne soit retenue. Une ligne classique mais certainement pas conventionnelle. De dimension européenne avec ses 4,35 mètres de long, la Pacer se distingue par sa largeur inusitée (près de deux mètres) et par son vaste dôme vitré à l'arrière. Imposante mais finalement plutôt fine avec son petit capot plongeant (elle devait recevoir initialement un moteur à piston rotatif Wankel de faible dimension), elle tient davantage de la capsule spatiale que de l'automobile.



Première automobile conçue pour et autor de ses passagers, spacieuse et confortable, la Pacer se veut aussi astucieuse : vaste capacité et facilité de chargement avec un hayon arrière (un concept rarissime aux USA alors) et une portière gauche plus longue de 10 cm pour faciliter l'accès aux places arrière. Toutefois, le mieux est souvent l'ennemi du bien. Ainsi, cette longue portière interdit le stationnement sur le côté droit de la chaussée sous peine de griffer le bitume avec ce bel acier ! Il en ira de même pour le hayon qui va lui conférer un aspect de petite utilitaire qui fera le bonheur des "ménagères de moins de cinquante ans", usage allant à l'opposé de sa vocation première de véhicule de luxe. Une image aggravé par des motorisations désuètes, sans brio et surtout très gourmande à l'heure des chocs pétroliers et des premières mesures antipollution. Le succès initial (100 000 exemplaires vendus en un an) enregistré après la présentation en 1975 ne sera qu'un feu de paille. Deux ans plus tard, les ventes chutent de près de 50 % et le lancement d'un break à la ligne plus conventionnelle ne peut rien pour inverser la tendance. Alors que la Pacer agonise aux USA, elle connaît un succès inattendu en France grâce au dynamisme de l'importateur "Jean-Charles Automobile".

Implanté dans le XVIe arrondissement de Paris, spécialiste de longue date de "l'Américaine", il touche immédiatement une clientèle avide d'originalité. Une campagne publicitaire "coquine" vantant les courbes de la Pacer, le concours de stars tels Brigitte Bardot ou Coluche lui valent un succès foudroyant. Près de 3000 Pacer sont vendues en France à une époque où le paysage automobile sombre dans la laideur et la banalité. Un succès de mode éphémère par nature, qui en faisant de la Pacer la plus française des américaines, lui accordera un morceau d'éternité.

PRODUCTION
278 344 exemplaires, de 1975 à 1980

POSSEDER UNE PACER
Vendues à près de 3000 exemplaires en France, les Pacer sont difficiles à dénicher et pratiquement introuvables en bon état. Elles se font tout aussi rares dans les pays limitrophes et même aux États Unis, où elles ne connurent qu'une faible diffusion. Si le hasard, met sur votre chemin un "nid de Pacer", préférez sans hésitation les versions à moteur V8 offrant un meilleur agrément de conduite ainsi qu'un niveau de finition plus élevé. Si les moteurs (ils sont dérivés des mécaniques de Jeep !) ainsi que les transmissions peuvent se prévaloir d'une robustesse exemplaire, il n'en va pas de même pour la carrosserie. Comme toutes ses contemporaines, la Pacer se montre très sensible à la corrosion, et certains éléments extérieurs sont devenus difficiles à trouver. Enfin, malgré sa relative petite taille, cette Américaine affiche un sérieux appétit en carburant...

SA COTE
Il faut compter de 14 000 F (18 000 F/V8) pour une version réclamant une importante remise en état à 30 000 F (40 000 F/V8) pour un modèle en affichant une bonne présentation et une mécanique prête à rouler.

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