lundi 11 janvier 2010

"Persécution" de Patrice Chéreau

Je vais obligatoirement voir les films de Téchiné, d'Almodovar, d'Honoré, de Deneuve, etc ... mais aussi de Chéreau, surtout connu pour "l'homme Blessé" et "La Reine Margot".
Alors que j'étais jeune (!) j'avais été assez troublé par son interprétation de Camille Desmoulins dans "Danton" de Wajda. J'ai toujours été touché par ses interprétations ("Adieu Bonaparte" de Youssef Chahine) et par la puissance de ces scénarios et réalisations, avec entre autre "Mon frère", "Ceux m'aiment prendront le train", "Hôtel de France", "Intimité" et "Gabrielle" ! Je suis donc allé voir "Persécution" dans une petite salle de Rennes car n'oublions pas que "Avatar" est sorti !
Soyons clair, lorsqu'on va voir un Chéreau, on sait d'avance que ce ne sera pas une comédie ... et donc, on ne sort pas de ce film indemne, où alors on est passé complétement à côté.

En soit, ce n'est pas un film d'amour, mais un film contemporain sur l'amour. Une exploration percutante du sentiment amoureux avec des acteurs au sommet, qui servent le texte magnifiquement. C'est une histoire un peu éternelle des gens qui ne savent pas comment faire pour s’aimer tranquillement, et c’est plutôt bien raconté !
On y voit beaucoup Paris, froide, violente, trépidante, agressive même quand on ne s’y attend pas, au détour d’un éclat de rire ou d’un verre au Progrès
Romain Duris est beau et hyper poilu (je sais c'est nul, mais moi, j'aime les poils !!!), Charlotte Gainsbourg a une classe phénoménale, et Jean-Hugues Anglade (qu'on revoit enfin) touchant par tant de folie : "Ils" sont les personnages. C'est bien du cinéma animal, pas du théâtre. Comment se donner a soi et se donner aux autres? Où est la folie et le bon sens, la mauvaise foi et la passion? on est plus proche de Montaigne que de Jane Austen. C'est super fluide, on est prit par chacun des mouvements du film, qui monte crescendo en évènement .
Vous l'aurez compris, j'ai "super bien aimé" le film !

Synopsis :
"Pour ses amis, Daniel est un garçon qui va bien et qui s'en tire toujours.
De tout. Des luttes pour assurer l'ordinaire, des situations périlleuses qui demandent réflexe et sang-froid. Pour cela, il a un talent que d'autres lui envient.
Tant mieux, car depuis quelque temps il lui faut beaucoup de fermeté pour faire face à un type qui le harcèle, un type sorti de nulle part, et qui a l'air de penser que Daniel est un don du ciel et l'homme de sa vie. Le harceler : c'est à dire marcher derrière lui dans la rue, savoir tout de ses horaires, pénétrer sur les chantiers de Daniel. Daniel fait des travaux pour un copain, un appartement qu'il remet en état et il pense qu'il y est seul. Mais dès le début, ils y sont deux.
Daniel travaille, régulièrement, toujours dans des endroits différents, sans chef, ça lui permet de vivre, sans entrave et libre. Il arrête quand il veut, il reprend quand il veut, parfois c'est dur, mais il ne se plaint pas.

Sur ce plan-là, du moins. Daniel s'enflamme pour Sonia, qu'il aime depuis trois ans. Et qui l'aime aussi. C'est ce qu'il parvient difficilement à se dire à certains moments de la journée ...
Sonia lui donne peu de raisons de s'inquiéter, de douter, il y a bien des problèmes d'emploi du temps, mais rien d'outrageant, il y a sa fatigue parce que la société qui l'emploie lui confie toujours plus de choses, mais soudain, quand elle est là, certains jours, en quelques secondes, toute certitude est balayée : l'inquiétude de Daniel reprend le dessus, sa colère, celle qui le pousse à être injuste, à persécuter, à prendre ce visage hostile et détestable, à revenir et revenir encore sur des points sur lesquels ils sont d'accord et depuis longtemps. La douleur qui envahit tout. C'est peut-être ce que Sonia a vu tout de suite et ce qu'elle a aimé. Mais c'est ce qui maintenant dresse un mur infranchissable entre eux."

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