jeudi 22 octobre 2009

L'Alfa Romeo Giulia

L'Alfa Romeo Giulia est une berline sportive produite par Alfa Romeo entre 1962 et 1977.
Alfa fut le premier fabricant à mettre un moteur puissant dans un véhicule de production courante. La Giulia pesait environ 1.000 kg. Elle était équipée d'un moteur 1,6 litre à 75 kW avec une transmission manuelle à 5 rapports.
Sa vitesse maximale était de 170 km/h, ce qui était une vraie référence au début des années 1960 et cette voiture est restée une des plus rapides et sûres à la fin des années 1970.
Elle atteignait les 100 km/h départ arrêté en environ 12 secondes.

Son style était très simple mais très détaillé. Le moteur, l'habitacle et le coffre étaient carrés tous les trois. Cependant, la calandre, les lignes du toit et les détails du capot et du coffre unifiaient le design. Cette voiture disposait surtout d'un coefficient de pénétration dans l'air (Cx) particulièrement bas, bien inférieur par exemple à celui d'une Porsche 911 de la même époque. Le Centre Style Alfa Roméo disait que son design avait été taillé par le vent.

L'Alfa Roméo Giulia a été créée pour assurer le remplacement de l'Alfa Romeo Giulietta, la Giulia reprenait d'ailleurs le même schéma mécanique mais sur une base technique entièrement nouvelle.
Belle, puissante et bourrée de caractère, la Giulia incarne à merveille les "Chevaux de feu" d'Alfa Romeo. Féline et sensuelle, à l'image de la magnifique sonorité de son double arbre, c'est une latine chaleureuse doublée d'un tempérament de sauvageonne. Au cours d'une brillante carrière de seize années, la Giulia connaîtra de nombreuses variantes.

En grandissant, Juliette est devenue Julie. Extrapolation de la Giulietta, la Giulia est présentée à la presse sur la piste de Monza en juin 1962 - tout un symbole. L'augmentation de la cylindrée (1570 cm3) fait passer le nouveau cheval de bataille d'Alfa Romeo dans la catégorie des 1,5 /1,6 litre, nouvelle classe moyenne européenne qui illustre l'élévation du niveau de vie.
A l'instar de sa devancière, la Giulia ne présente en rien le caractère d'une familiale pour père tranquille.
Sa vraie personnalité est celle d'une voiture de sport à quatre portes. Rapportées à la cylindrée, les performances se révèlent exceptionnelles pour une berline de l'époque. Il est vrai que le prix n'est pas ordinaire non plus. Surclassant les Fiat 125 et Peugeot 404 Injection, supérieure à la Lancia 1800 plus chère, elle ne trouve qu'une vraie rivale dans sa catégorie. Il s'agit de la BMW 1600 TI au potentiel très voisin, mais dont l'existence sera éphémère.

Il faut se souvenir que la marque bavaroise ne possède pas, dans les années soixante, une image aussi sportive que celle d'Alfa Romeo. Ce n'est qu'à partir de la série 2002 que les BMW dépasseront la Giulia en performances, mais ces voitures se situent alors dans la classe supérieure des deux litres. Par rapport aux modèles de Munich, la Giulia s'avère plus séduisante et plus sensuelle. Elle illustre parfaitement l'idée des " Chevaux de feu ", l'excellent slogan publicitaire tiré du beau film soviétique réalisé en 1962 par le cinéaste arménien Serge Paradjanov.

Dans les années soixante et soixante -dix, le statut sociologi -que de la Giulia paraît proche de celui des BMW d'aujour -d'hui. Sa clientèle se recrute notamment chez les jeunes CSP + (cadres, chefs d'entreprise et professions libérales) soucieux de se donner, grâce à sa brillante personnalité, une image dynamique.
Produite dans la nouvelle usine d'Arese, la Giulia connaîtra un succès qui se prolongera pendant seize ans, sans modifications notables si l'on excepte un partiel mais regrettable lifting en 1974.

Ce destin heureux, la voiture le doit pour une bonne part à sa pièce maîtresse, le légendaire double arbre Alfa en aluminium. Cumulant toutes les qualités que l'on peut espérer d'un quatre cylindres, ce chef d'œuvre mécanique mérite tous les dithyrambes. Donnant à la Giulia des performances très supérieures aux voitures de sa catégorie, et même aux deux litres, il est puissant, pointu et étonnamment souple à la fois. Toujours avec une merveilleuse onctuosité et dans l'inimitable sonorité fauve et ouatée de son échappement…

Cette mécanique fait de la Giulia une voiture polyvalente, utilisable aussi bien en conduite sportive qu'en usage familial. De plus, il est doué d'un remarquable sens de l'économie, grâce en partie à la cinquième vitesse, privilège rare à cette époque et réservé à des voitures de catégorie supérieure.
Mais la Giulia, c'est aussi une extraordinaire silhouette. Son originalité a surpris au moment de son lancement et d'aucuns ne l'ont pas comprise. Œuvre du Centro Stile Alfa Romeo et dotée d'un excellent Cx, elle prouve que les grands carrossiers ne sont pas les seuls à inventer des formes audacieuses. La face avant expressive donne à la Giulia un air farouche et décidé, tandis que l'ample poupe cubique, aux vertus aérodynamiques, présente beaucoup de caractère. Elle sera d'ailleurs reprise sur la Tubolare de Zagato.

Baptisée TI, la première Giulia est encore équipée de freins à tambours qui cèderont rapidement la place à des disques. A l'intérieur, les designers italiens s'en sont donnés à cœur joie, et le tableau de bord de couleur blanc et noir constitue une étonnante pièce d'art décoratif. Représentatif de l'esthétique de son époque et extrêmement daté, il surprend aujourd'hui par son caractère insolite, qui évoque les salons des arts ménagers des sixties. Le levier de vitesses se trouve au volant, lui-même bicolore et en forme de V.

Présentée en avril 1963, soit moins d'un an après le lancement de la Giulia, la TI Super illustre la vitalité de la firme milanaise. Version de la TI destinée à la compétition - avec pour objectif de concurrencer la redoutable Ford Cortina Lotus -, sa production est limitée aux 500 exemplaires nécessaires à l'homologation. L'élévation du taux de compression et deux carburateurs double corps apportent 20 ch supplémentaires, mais une longue liste d'options permet de la préparer pour la course. Dépouillée du superflu, elle gagne cent kilos. S'étant illustrée dans de nombreuses compétitions, elle constitue aujourd'hui la version la plus rare et la plus recherchée de la dynastie Giulia.

Poursuivant sa carrière jusqu'en 1967, la TI bénéficie de quelques améliorations issues de la TI Super. La Giulia Super, dont l'appellation évoluera en Giulia 1600 Super à partir de 1969, et en Giulia Super 1,6 en 1972, est présentée au Salon de Genève de 1965. Elle constitue sans doute la meilleure des Giulia, car la mieux équipée et la plus homogène. Son moteur à deux carburateurs double corps est plus puissant que celui de la TI et plus souple que celui de la TI Super. Elle offre un nouvel intérieur au luxe discret et de bon goût. Passons rapidement sur la Giulia 1600 S, modèle économique produit pendant deux ans (1969-1970) et destiné au marché italien, dont la puissance est ramenée à 95 ch avec un seul carburateur.

Pour répondre aux besoins du marché transalpin fortement taxé, Alfa Romeo se doit de maintenir au catalogue une version équipée du moteur de 1,3 litre. Ainsi à partir de 1964, la Giulia 1300 prend la suite de la Giulietta. Outre sa puissance de 78 ch et sa boîte à quatre vitesses, son aménagement intérieur traité à l'économie et son décor simplifié la singularise de la version 1600. Elle poursuivra sa carrière jusqu'en 1971 comme modèle de bas de gamme, mais entre-temps seront apparues, en 1966, la 1300 TI, puis en 1970, la 1300 Super. Dotées de la boîte à cinq vitesses et de quelques chevaux supplémentaires, elles bénéficieront aussi d'un équipement plus riche.

Sous prétexte de moderniser la Giulia, Alfa Romeo va abâtardir son design avec la Nuova Super, qui prend la relève en 1974 en versions 1600 et 1300. C'est avec ce plumage décevant que la génération Giulia s'éteint en 1977, après qu'environ 550 000 voitures ont été produites, tous types confondus. Elle ne sera jamais remplacée dans le cœur des Alfistes, car la nouvelle Giulietta lancée en 1978 ne convaincra pas. Avant de disparaître, la Nuova Super aura donné à la Giulia sa version diesel ! Les 55 ch SAE tirés du Perkins de 1760 cm3 propulse difficilement la voiture à 138 km/h, le comble de l'indignité pour une Giulia ! Mais le modèle ne sera jamais exporté.

1 commentaire:

Martial ELIE a dit…

Bonjour,

Article très vif et fort bien documenté par son auteur.

C'est bien une automobile mythique pour son époque avec cette énergie italienne et légendaire.

Mes salutations les meilleures.

Martial ELIE, alfiste par passion.