dimanche 4 octobre 2009

"La musique aux Tuileries"


"La musique aux Tuileries" est une peinture réalisée en 1862 par Édouard Manet.
On considère généralement la toile comme le tout premier exemple d'œuvre impressionniste dans l'histoire de l'art. Ce tableau est exposé au National Gallery de Londres.

Deux fois par semaine, la fanfare militaire jouait aux Tuileries des transpositions de morceaux célèbres. Une société cosmopolite s'assemblait. Parmi eux Manet (qui allait peindre aux Tuileries presque tous les jours), Baudelaire et leurs amis. Hommes en habits noirs et femmes en tenue claire d'été, foule compacte, enfants, cerceaux, chaises métalliques et petit chien, le futile s'étale, l'accessoire triomphe. Personne ne prend la pose. L'attention est distraite. Un visage n'a pas plus de poids qu'un objet abandonné. Les parisiens sont rassemblés pour le plaisir. Ils bavardent. Un rythme allègre et dansant, papillotant, plus dissonant qu'harmonieux. Symphonie d'un nouveau monde, brouhaha, stridences, c'est la vie parisienne.

Premier tableau moderne, dit-on, déconcertant pour l'époque tant par son sujet que par sa technique. Il réalise le programme de Baudelaire : dégager l'héroïsme de la vie moderne, archiver l'éphémère, le contingent, le fugitif. Le contemporain fait craquer les vieux moules. Il faut être de son temps, dit Manet, la peinture monumentale doit être en accord avec la société nouvelle. C'est la seule réalité : il faut renoncer aux principes du Beau et du Grand. L'art nouveau est inspiré par le peuple, il néglige les symboles, les idées et la noblesse. Il est panthéiste.
L’univers à la fois huppé et raffiné dans lequel évoluait Manet, propre au Paris du XIXe siècle, est remarquablement rendu par ce tableau, qui dépeint un concert donné au jardin des Tuileries et dans lequel le peintre se plaît à faire figurer un certain nombre des personnes qui lui sont proches. La silhouette de son ami Baudelaire n’est qu’esquissée, juste au-dessus de la première dame habillée en blanc en partant de la gauche. Cette dernière, installée à côté de Mme Offenbach, n’est autre que Mme Lejosne, chez qui Manet a fait la connaissance de Baudelaire. Le peintre s’est lui-même représenté sous les traits du personnage barbu le plus à gauche de la composition. Quant à son frère, Eugène Manet, le tableau le dépeint légèrement incliné vers la gauche, devisant avec une autre femme.

La toile, qui symbolise nettement la rupture faite par le peintre avec sa période réaliste, fait scandale lorsqu'il est exposé en 1863 à la galerie Louis-Martinet, car il montrait la société de son temps et non plus un passé plus ou moins mythique. Les critiques, accusèrent aussi Manet de ne travailler que par esquisses floues et d’ « écorcher les yeux comme la musique des foires fait saigner l’oreille ». C’est bien La Musique aux Tuileries, davantage que Le Déjeuner sur l'herbe, qui semble constituer le premier véritable manifeste du mouvement impressionniste et une des premières marques d'intérêt de la peinture pour la vie urbaine moderne — suivi en cela par Daumier et Degas notamment.

Michel Foucault fait remarquer que cette toile est enfermée dans les verticales et les horizontales. Il n'y a ni horizon ni point de fuite. On a certainement raison de dire que c'est une invention de Manet, même si Goya avait déjà introduit d'inquiétantes clôtures que Manet ne pouvait pas connaître.

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