samedi 12 septembre 2009

La Place des Vosges

C'est une place, conçue sur un plan quasi carré, de 127 sur 140 mètres de côté, bordée d'immeubles d'habitation de deux étages en briques rouges à chaînages de pierre calcaire blanche et toits d'ardoise bleue très pentus, aux fenêtres à petits carreaux, d'une grande unité de présentation. En effet, un édit royal, pris au XVIIe siècle, a imposé l'unité de la composition des bâtiments et la hauteur uniforme, à l'exception du pavillon du roi, au centre du côté sud (le plus élevé de tous) et du pavillon de la reine, qui lui fait face sur le côté nord, qui sont volontairement plus élevés. Les pavillons actuels font quatre travées de largeur, ils sont composés d'un rez-de-chaussée à arcades, de deux étages carrés et de deux étages de comble.L'hôpital Saint-Louis, construit vers la même époque dans ce qui était les faubourgs de Paris et est devenu le 10e arrondissement de Paris, offre de grandes similarités architecturales avec la place des Vosges.

Le centre de la place des Vosges est occupé aujourd'hui par le square Louis XIII, bordé de rangées d'arbres, avec au centre quatre fontaines au milieu de pelouses et une statue équestre de Louis XIII. Cette statue, œuvre de Jean-Pierre Cortot et Louis Dupaty, a été installée en 1825. La première statue datant de 1639 avait été détruite pendant la Révolution ...
Les quatre fontaines alimentées par l'Ourcq, ont aussi été conçues par Jean-Pierre Cortot.

Henri II, blessé par un coup de lance de Montgomery lors du tournoi donné à l'occasion du mariage d'Elisabeth de France avec Philippe II d'Espagne en 1559, sera transporté mourant à l'hôtel des Tournelles. Il y décédera dix jours plus tard. Catherine de Médicis obtiendra de Charles IX la destruction cette forteresse construite en 1388 pour Pierre d'Orgemont, dans le périmètre délimité par les rues actuelles Saint-Antoine, des Tournelles, de Turenne et Saint-Gilles. Le palais rasé avait été la demeure de Jean, duc de Berry, du duc d'Orléans, de Charles VI, du duc de Bedford, de Louis XI et de Louis XII. Ce dernier y décédera.

L'espace libéré accueillera un marché aux chevaux et sera le théâtre du duel entre les mignons d'Henri II et les hommes du duc de Guise. Henri IV ordonnera la construction de la place Royale en 1605. Il la veut vaste et magnifique. L'emplacement était alors occupé par une fabrique de drap. Henri IV voulait fournir aux Parisiens un lieu de promenade et de loisirs, un endroit réservé aux fêtes et aux cérémonies dans une ville où les espaces libres étaient pratiquement limités à la place de Grève.

Choisis par Henri IV, les plus grands architectes, les peintres et les sculpteurs les plus renommés seront mis à contribution. Jacques II Androuet Du Cerceau, Louis Métezeau, Le Vau, Le Brun, Mignard ... entre autres, adopteront un style proche de celui de la Renaissance. Chef d'oeuvre d'équilibre et d'élégance, avec ses 108 mètres de côté, elle est entourée de 36 pavillons sur arcades (9 de chaque côté de la place), comportant deux étages. La hauteur des façades est égale à leur largeur et la hauteur des toitures correspond à la moitié de celle des façades. Les toits bleus en ardoises d'Angers sont fortement pentus et les fenêtres sont encadrées de pierres blanches et de briques rouges.

Alexandre Dumas évoquera cette place dans son roman La Reine Margot. Avant lui, Corneille avait écrit La Place Royale. Les arcades sont à la fois un lieu de promenade et abritent des galeries marchandes, conformément à la volonté d'Henri IV. Les pavillons du roi et de la reine, au nord et au sud, sont plus élevés que les autres. Cette irrégularité symbolise la présence de l'autorité royale et accentue le charme de la place. Un jardin et quatre fontaines réalisées sur des dessins de Jean Ménager occupent le centre de la place. Celle-ci sera fastueusement inaugurée deux ans après l'assassinat d'Henri IV, en 1612, à l'occasion du mariage de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, et de celui de la soeur du roi, la princesse Elisabeth de France avec l'Infant d'Espagne, le futur Philippe IV. La cérémonie donnera lieu à trois jours de festivités au cours desquelles s'illustreront des carrousels de cavaliers. Un feu de 4000 fusées sera tiré du haut des tours de la Bastille.

Un grand nombre de nobles, courtisans, seigneurs, bourgeois, financiers, jésuites et artistes s'empresseront de faire construire leur hôtel particulier à proximité. Cette débauche architecturale sera supervisée par les meilleurs architectes. Mademoiselle de Scudéry, Madame de Sévigné, la future Madame de Maintenon et tout ce que l'époque comptera de lettrés brillants s'installeront autour de la fameuse place et y tiendront salon. Les grands compositeurs, Marc-Antoine Charpentier et les Couperin (François et Louis notamment) s'installeront également dans le quartier et produiront leurs oeuvres dans les églises Saint- Paul et Saint-Gervais. Les comédiens du Marais, futurs membres de la Comédie Française, s'installeront rue Vieille du Temple en 1634 et installeront leur estrade en plein air, au centre de la place Royale.

Richelieu tentera de mettre un terme aux duels entre les nobles sur la place, en faisant ériger en 1639 une statue équestre de Louis XIII qui sera considérée comme un chef-d'oeuvre. La prise de la Bastille marquera la fin du Marais résidentiel, livré dès lors à l'abandon et à la destruction. La statue de Louis XIII sera détruite, à l'instar des autres érigées sous l'Ancien Régime. La place deviendra un champ de manoeuvres pour la garde nationale.

Baptisée place des Fédérés, le 19 août 1792, place de l'Indivisibilité, le 4 juillet 1793, Napoléon lui donnera le nom de place des Vosges, le 26 fructidor an VIII, en hommage au premier département qui s'était acquitté de ses impôts.
La Restauration lui réattribuera son place Royale, le 27 avril 1814, qu'elle abandonnera pour celui de place des Vosges, le 14 mars 1848, et qu'elle récupérera de 1852 à 1870.

La Place des Vosges a une sœur jumelle : de la place Ducale, à Charleville-Mézières.

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