samedi 5 septembre 2009

Douglas Kennedy revivra sur grand écran ...

L'écrivain américain préféré des Français est adapté pour la seconde fois au cinéma dans un film interprété par Romain Duris et Catherine Deneuve, et réalisé par Éric Lartigau.
Jeudi, plusieurs rues du XVIe arrondissement étaient envahies par une équipe de cinéma. Pour l'heure, des camions techniques sont stationnés rue Raynouard, les loges et la cantine installées boulevard Delessert et le début de la rue de Passy est bouclé pour les besoins d'une scène dramatique qui va se jouer entre Catherine Deneuve et Romain Duris dans le restaurant japonais Matsuri. C'est le producteur Pierre-Ange Le Pogam, l'associé de Luc Besson chez EuropaCorp, qui a acheté en 2006 les droits du deuxième roman de Douglas Kennedy, "L'Homme qui voulait vivre sa vie", publié en 1998.

"Quand j'ai su qu'ils cherchaient un réalisateur, j'ai foncé !" s'exclame Éric Lartigau qui, jusqu'à présent, n'avait réalisé que des comédies comme "Prête-moi ta main" dans laquelle Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg faisaient des étincelles. "Je suis un lecteur assidu de Douglas Kennedy depuis son premier polar, "Cul-de-sac". Pierre-Ange Le Pogam, qui a aimé ma vision cinématographique du roman, m'a laissé carte blanche. J'ai gardé la courbe dramatique mais transposé action et personnages dans la France d'aujourd'hui. Quinze jours avant le tournage, j'ai donné mon scénario à Douglas Kennedy." Le romancier s'est-il senti trahi ? "Cet auteur absolument délicieux savait que l'histoire serait forcément différente. Après l'avoir lu, il m'a confié : “Tout est là et pourtant ce n'est pas mon bouquin.” J'étais super content !"
Un an et demi d'écriture et dix versions du scénario plus tard, voilà donc le Ben Bradford du roman devenu Paul Exben, un avocat d'affaires interprété par Romain Duris. Marié à Sarah (Marina Foïs) et père de deux enfants, ce trentenaire est en apparence comblé. Il est associé à sa grande amie Anne (Catherine Deneuve) dans un gros cabinet d'affaires qui gère comptes et grosses fortunes. Mais ce mariage et cette famille tout droit sortis d'un catalogue Gap ont des failles. Paul s'est fourvoyé en oubliant son rêve de devenir photographe et sa femme le trompe, avec, ironie du sort, un photographe ! Après avoir accidentellement supprimé son rival, il prend la fuite et l'identité de ce dernier… "Un rôle idéal, confie Romain Duris à propos de Paul, parce que c'est un personnage qui va se révéler grâce à un crime…"

Chez Masturi, les figurants s'installent. Les sushis et autres makis défilent sur un tapis roulant. Les techniciens s'affairent. Problème d'éclairage. "Le 18 000 volts est mort", se lamente Laurent Dailland, le chef opérateur. Romain Duris en costard-cravate attend patiemment, en fumant cigarette sur cigarette sur le trottoir : "Il s'agit d'un long plan séquence au cours duquel Anne annonce à Paul qu'elle est malade et qu'elle va mourir."
"Ah bon, il vous a dit que j'allais mourir !" s'exclame une Catherine Deneuve des plus déçues, qui aurait bien voulu garder secret cet élément du film.
Encore dans sa loge caravane où elle écoute de la musique rock à pleins tubes, en picorant du gingembre, elle reste décontractée malgré la tension de la scène à venir. D'un tempérament toujours très curieux et enthousiaste : "Dans la vie je suis une aventureuse, au cinéma une aventurière", souligne-t-elle.

L'actrice n'avait pourtant jamais ouvert ce roman de l'ami américain Douglas Kennedy. "J'attendrai d'avoir fini le tournage pour le lire ! La lecture du scénario et la personnalité d'Éric m'ont suffi. Je suis conquise. Ce qui m'a aussi beaucoup plu, c'est lorsqu'Éric m'a dit que le personnage d'Anne, qui est le mentor de Paul, était très viril. Et, que finalement c'était un rôle d'homme." À juste titre puisque dans l'œuvre de Kennedy, Ben le héros a pour mentor et associé Jack Mayle .
Dès le premier tour de manivelle, le duo formé par Romain Duris et Catherine Deneuve a tout de suite fonctionné. "Je sens le genre de personnalité de Romain, à la fois sensible et nerveux, ajoute l'actrice. Il a, comme moi, une façon de parler très rapide et l'envie de bousculer les choses." Quant au thème central de ce film noir, sous haute tension psychologique - reconstruire son existence malgré tout -, elle confie : "On ne refait pas sa vie, on la continue autrement, sinon on se suicide !" ...

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