samedi 1 août 2009

La plus grande fleur du monde s'épanouit à Brest...


Au Conservatoire botanique de Brest, pour la deuxième fois depuis 2003, une inflorescence géante d'arum titan de deux mètres de hauteur s'est ouverte dimanche, comme prévu, pour la plus grande joie des spécialistes et des visiteurs. La plante est magnifique, comme le montrent les images qui, heureusement, ne transmettent pas le parfum, au goût de viande avariée...
Les botanistes du conservatoire surveillaient de près la pousse de leur arum titan, Amorphophallus titanum, et avaient prévu la floraison entre le 26 et le 28 juin. Pronostic excellent... La plus célèbre pensionnaire du Conservatoire botanique de Brest, arrivée sous forme de graine en 1993 et bichonnée dans une serre à 30°C, a ouvert son invraisemblable inflorescence dimanche 28 juin dans l'après-midi.

Cette étrange plante a été découverte à Sumatra au dix-neuvième siècle et, depuis, ne cesse d'étonner. Tous les ans, elle produit une unique feuille pouvant dépasser cinq mètres de hauteur et accumule des réserves pour, à un rythme de quelques années, émettre en environ trois semaines une spectaculaire inflorescence, c'est-à-dire un ensemble de fleurs simples, composant une structure énorme qui peut atteindre 2,70 mètres de hauteur.
C'est le record pour une inflorescence mais pas pour une fleur simple, lequel est détenu par Rafflesia arnoldii, une rafflésiacée d'un mètre de diamètre pour 7 kilogrammes.

La plante du Conservatoire avait déjà fleuri une fois, en juillet 2003, produisant une inflorescence de plus de 1,50 m, un spectacle qui avait attiré 6.000 personnes. Cette année, lorsque les botanistes ont vu une pousse sortir du tubercule de 38 kg, ils savaient donc à quoi s'en tenir et ont pu prédire avec précision le moment où l'inflorescence allait s'épanouir. Car le phénomène est étonnamment rapide. En trois jours, tout est fini.

Mais durant ce temps, la plante ne passe pas inaperçue. La température à l'intérieur de l'inflorescence augmente brutalement, pour atteindre plusieurs dizaines de degrés, tandis qu'une corolle pourpre se déploie. L'odeur se fait alors pestilentielle et rappelle fortement la chair en décomposition, ce qui explique son nom indonésien de fleur de cadavre. Cette fragrance repoussante n'est pas du tout un hasard, tout comme la poussée de chaleur. L'arum titan fabrique ainsi un diffuseur de parfum géant attirant certains insectes qui, justement, se nourrissent de charognes et qui s'occuperont involontairement de la pollinisation. La stratégie est d'ailleurs similaire à celle des rafflésiacées et l'étonnante taille de ces fleurs est comprise comme une solution pour assurer une puissante diffusion de l'appât olfactif durant une période brève.

Ces images sont précieuses car l'espèce est mal connue et aussi en danger. Sur ses terres d'origine, à Sumatra, l'arum titan se fait en effet de plus en plus rare, menacée surtout par la déforestation mais aussi par des cueillettes sauvages car la plante peut se vendre assez cher sur certains marchés asiatiques, selon le Conservatoire.

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