samedi 6 juin 2009

"Manhattan"

Scénariste de télévision, Isaac Davis (Woody Allen) est un homme désabusé et angoissé. À 42 ans, sa vie professionnelle le laisse insatisfait. Aussi, passe-t-il le plus clair de son temps à écrire et réécrire son roman. Sa vie privée est plus que chaotique. Sa deuxième épouse (Meryl Streep) qui l’a quitté pour une autre femme, est sur le point de publier son autobiographie où Isaac tient une bonne place. Il fréquente aussi Tracy, une jeune fille de 17 ans (Mariel Hemingway) avec laquelle il ne se voit aucun avenir. La situation se complique lorsque Yale (Michael Murphy), son meilleur ami, lui présente sa maîtresse, Mary (Diane Keaton) dont Isaac ne tarde pas à tomber amoureux…

Plus qu'un grand film (qu'il faut absolument voir en VO) "Manhattan" est LE film culte par excellence !
Si "Manhattan" est entré dans la légende, c'est avant tout (et aussi) parce qu'il est avec le tout aussi génial "Annie Hall", le film le plus abouti de Woody Allen.
On retrouve dans "Manhattan" les thèmes chers au cinéaste : le jazz, les femmes, l’amitié, l’écriture… Le tout à coup de répliques tordantes et finement ciselées, avec fraîcheur, légèreté et mélancolie.
Et par-dessus tout, l’amour qu’il porte à New York. Le film s’ouvre sur les plans de la ville avec l'air magnifique de "Rhapsody in Blue" de George Gershwin. Pour l'occasion, il retrouve pour la cinquième fois Diane Keaton.

Cette histoire de chassé-croisé amoureux, de personnages tenaillés par leurs sentiments contradictoires est devenue culte, et ce statut est en tous points mérité. Dès les premiers plans du film, le ton est donné : Manhattan sera un personnage à part entière. Car ils subliment dans ce jeu de dégradé en noir et blanc la verve "Allen-nienne" qui agite tout le film.

Avec "Manhattan", on touche à la quintessence du cinéma de Woody Allen. Plus que jamais, son sens du dialogue approche le sublime et plusieurs répliques restent aujourd'hui encore parmi les plus célèbres et les plus drôles de son oeuvre et du cinéma. Alors que Woody Allen trouve en Diane Keaton un alter ego génial de la névrose et du désordre amoureux, leurs gesticulations sont contrebalancées par la passion tranquille de la magnifique Tracy, sorte de déesse grecque dont l'innocence rajoute au film une petite touche de gravité amoureuse et de paisible érotisme. Chacun joue sa partition avec une virtuosité inouïe, en équilibre fragile entre humour et émotion. La photo du film, où Manhattan est filmé dans un noir et blanc somptueux, personnifie la ville et chaque plan nous rappelle l'immense réalisateur qu'est Woody Allen.

A la fin du film, alors qu'il liste les choses qui font que la vie vaut d'être vécue, il cite entre autres Groucho Marx, Frank Sinatra, Marlon Brando, etc ...
Il oublie de dire "... et Woody Allen, pour son gai désespoir."

Quelques répliques tirées du film :
"* ...vous en connaissez des gens géniaux ; vous devriez fréquenter des imbéciles, cela vous ferait voir du pays ..." (Isaac à Mary)
"* ...c'est un orage magnétique, vous voulez finir dans un cendrier ? " (toujours Isaac à Mary, tentant d'éviter les éclairs)
Désopilantes aussi les réparties au sujet du cancer, lorsqu'à plusieurs reprises, Issac met en garde contre des choses aussi diverses que la cigarette, les saucisses de Francfort (!!!) et le Valium.

Woody Allen est un GENIE ... mais vous le saviez déjà !

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