samedi 27 juin 2009

Le château de Saint-Cloud

Les Gondi sont une famille de financiers florentins arrivés en France en 1543 à la suite de Catherine de Médicis. Dans les années 1570 – sans doute en 1577 – celle-ci offre à Jérôme de Gondi une maison à Saint-Cloud dénommée « hôtel d'Aulnay ». Autour de cette maison, Jérôme de Gondi fait bâtir un château de plan en « L » bordant une terrasse. La principale façade regarde le sud et l'aile s'achève par un pavillon d'où l'on embrasse une vue sur la Seine.

C'est dans le château de Jérôme de Gondi que, le 1er août 1589, Henri III, qui s'y est installé pour conduire le siège de Paris, tenu par les Ligueurs, est assassiné par le moine Jacques Clément. Henri IV y est reconnu roi.

Après la mort de Jérôme de Gondi en 1604, le château fut vendu en 1618 par son fils Jean-Baptiste II de Gondi à Jean de Bueil, comte de Sancerre. Mais ce dernier meurt peu après, en 1625, et Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, rachète le domaine et y fait faire des embellissements, notamment par Thomas Francine, qui travaille dans les jardins.

A la mort de Jean-François de Gondi en 1654, Philippe-Emmanuel de Gondi en devint propriétaire, puis son neveu Henri de Gondi, duc de Retz, qui vendit la propriété en 1655 à Barthélemy Hervart, financier d'origine allemande, intendant puis surintendant des Finances. Celui-ci agrandit le parc jusqu'à 12 hectares et fit faire à Saint-Cloud des travaux considérables dont on ignore à peu près tout. On sait seulement qu'il fit construire dans le parc une grande cascade, souvent confondue avec celle qui a été conservée, qui date de l'époque ultérieure.

Le 8 octobre 1658, Hervart organisa à Saint-Cloud une fête somptueuse en l'honneur du jeune Louis XIV, de Monsieur, duc d'Anjou, frère du roi, de leur mère Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin. Quelques jours plus tard, le 25 octobre 1658, Monsieur achète le domaine de Saint-Cloud pour 240 000 livres. On pense que cette vente a été imposée par Mazarin, qui contribuait ainsi à la politique de constitution d'un réseau de châteaux royaux dans l'Ouest parisien tout en faisant rendre gorge à un traitant enrichi à l'excès, trop heureux d'éviter ainsi le sort de Nicolas Fouquet.

Monsieur fait bâtir à Saint-Cloud depuis son acquisition jusqu'à sa mort en 1701. Les travaux sont dirigés par son architecte, Antoine Le Pautre, jusqu'à la mort de celui-ci en 1679, puis par son second, Jean Girard, maître maçon plutôt qu'architecte, et peut-être Thomas Gobert. Jules Hardouin-Mansart intervient à la fin du siècle. Le décor intérieur est confié aux peintres Jean Nocret et Pierre Mignard. Le jardin est redessiné par André Le Nôtre et le parc est considérablement agrandi, entre 1659 et 1695, quasiment jusqu'à l'emprise actuelle. Le montant des achats ainsi réalisés atteint 156 000 livres.
C'est au château de Saint-Cloud que meurt en 1670 la première femme de Monsieur, Henriette d'Angleterre, dont Bossuet a prononcé la très célèbre oraison funèbre (« Madame se meurt, Madame est morte. »).

En octobre 1678, de magnifique fêtes y sont données pendant cinq jours en l'honneur de Louis XIV, qui peut ainsi découvrir la somptuosité du château bâti par son frère.
Le 24 octobre 1784, le château de Saint-Cloud est acquis par Louis XVI pour la reine Marie-Antoinette. Celle-ci s'est persuadée que l'air de Saint-Cloud serait bon pour ses enfants. Peu avant sa mort, le duc d'Orléans, Louis-Philippe « le Gros », qui ne va plus à Saint-Cloud depuis son mariage morganatique avec Madame de Montesson, est contraint de céder le domaine au roi pour 6 millions de livres.

Marie-Antoinette fait transformer le château en 1787-1788 par son architecte attitré, Richard Mique. En 1790, Saint-Cloud est le cadre d'une entrevue célèbre entre Marie-Antoinette et Mirabeau.
C'est dans l'orangerie du château, devenu bien national, que se déroula le Coup d'État du 18 brumaire (10 novembre 1799) au cours duquel le Directoire fut supprimé au profit du Consulat .
Le 18 mai 1804, la proclamation de Napoléon Ier comme empereur des Français se déroula à Saint-Cloud. Napoléon en fit sa résidence préférée.

Le 1er décembre 1852, c'est à Saint-Cloud, dans la galerie d'Apollon, que Napoléon III, rééditant le geste de son oncle, se fait investir par les grands corps de l'État de la dignité impériale. Chaque année, au printemps et à l'automne, Napoléon III et Eugénie établissent leur cour à Saint-Cloud. C'est de Saint-Cloud, où il avait déclaré la guerre à la Prusse, que, le 28 juillet 1870, Napoléon III part pour l'armée.

Devenu quartier-général de l'armée allemande, le château est bombardé et incendié par les canons français du fort du Mont-Valérien pendant le siège de Paris le 13 octobre 1870, ses ruines furent rasées en 1891.
La dernière campagne de travaux importante est celle menée par Richard Mique pour Marie-Antoinette en 1787-1788. Il élargit le corps de logis et la moitié adjacente de l'aile gauche et refait les façades côté jardin de ces parties. Il fait démolir l'escalier construit par Hardouin-Mansart et construit un nouvel escalier en pierre pour accéder aux appartements de parade.

En revanche, les occupants ultérieurs de Saint-Cloud Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier et Napoléon III n'y font réaliser que des aménagements limités, essentiellement des travaux de décoration intérieure.

Napoléon Ier fait transfor -mer en salle du trône, le salon de Vénus, décoré par Lemoyne et Nocret. Napoléon III fait démolir l'orangerie en 1862. L'impératrice fait transformer en un salon de style Louis XVI l'ancienne chambre d'Henriette d'Angleterre.
Le domaine national de Saint-Cloud est aujourd'hui affecté au ministère de la culture et donné en gestion au Centre des monuments nationaux. Il est ouvert au public et il est même possible d'y circuler en voiture, moyennant l'acquittement d'une taxe.

Une association souhaite la reconstruction du château. S'inspirant directetement de l'actuelle construction (totalement auto-financée) du Château fort de Guédelon dans l'Yonne, cette association propose de reconstruire également le château de Saint-Cloud dans le cadre d'un parc d'attractions avec entrées payantes, lesquelles servant au financement des travaux.

N'étant pas situé en plein cœur de Paris mais à cinq kilomètres de la capitale, d'une part, se trouvant au milieu d'un espace vert de 460 ha, d'autre part, la reconstruction du château de Saint-Cloud apparaît à beaucoup - notamment pour des raisons urbanistiques - comme un projet plus réaliste que la reconstruction du palais des Tuileries.

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