dimanche 28 juin 2009

La peugeot 504 coupé et cabriolet


Imposante voiture présentée en septembre 1968 (à l'origine, elle devait être présenté en mai ...), la berline 504 représente les valeurs traditionnelles de sérieux et de robustesse de la marque. Si elle remplace la 404, dont son moteur est dérivé, la 504 présente un gabarit plus important que sa devancière, tandis que la cylindrée passe de 1600 à 1800 cm3. Qu'on ne s'y trompe pas, ces 200 cm3 traduisent beaucoup plus qu'il n'y parait. C'est un changement de catégorie.

Fidèle à sa politique de déclinaison de gamme, Peugeot ne tarde pas à dévoiler, au salon de Genève de 1969, ses versions les plus luxueuses. En cabriolet comme en coupé, la 504 connaît une véritable métamorphose esthétique. A l’image de leurs homologues dérivés de la 404, mais plus encore que ces derniers, ces modèles n'ont plus rien de commun avec les formes de la berline — contrairement aux cabriolets 203 et 403.

Avec le cabriolet, la 504 se métamorphose et le décor change du tout au tout. La prude fille de Sochaux apparaît sous les traits d'une séduisante italienne, qui s’inscrit dans la lignée des réalisations de Pininfarina pour Peugeot. Remarquable synthèse de sobriété et d’élégance, le cabriolet apparaît comme l’un des plus séduisants de la production sochalienne.
Le mois d'août 1983 met un terme à la production du cabriolet, qui disparaît du catalogue avec l’ensemble de la gamme 504.

Avec le cabriolet 504, nous sommes loin de l'esprit du roadster anglais. Confortable, le cabriolet 504 est aussi très élégant. La pureté du trait et l'absence de concession à la mode permet à son design de résister au temps et de conserver sa modernité. Pininfarina s'est surpassé dans le classicisme pour son fidèle client francomtois. On ne relève aucune note agressive dans ces lignes sages. On remarque particulièrement la symétrie entre les parties avant et arrière. Seuls les feux arrière disposés en biais apportent une note de fantaisie.

Le cabriolet reprend la structure de la berline. L'empat- tement a toutefois été réduit de 19 centimètres et la voie arrière élargie de 5 centimètres. Bien que plus court de treize centimètres, le cabriolet 504 affiche sensiblement le même poids que la berline, ce qui n'est pas surprenant s'agissant d’une voiture de carrossier — les carrosseries sont fabriquées à Turin. Il bénéficie d’un généreux coffre à bagages d'une capacité supérieure à 300 dm3. Quant à la capote, elle se révèle d’un maniement aisé, une qualité rare à l’époque pour les capotes manuelles.

La faiblesse principale du cabriolet 504 tient à sa grande sensibilité à la corrosion. Celle-ci trouve sa source à la fois dans la mauvaise conception du système d'écoulement des eaux et dans la médiocre protection des tôles qui n'ont bénéficié que tardivement du traitement anticorrosion. Avant tout achat, Il convient de procéder à une inspection en règle de tous les corps creux et parties basses de la carrosserie (jupes, bas de caisse, bas des ailes et planchers). La partie frontale du capot est également vulnérable en raison d'une gouttière interne où l'eau stagne. De même, se méfier des ourlets et replis de tôle comme les bordures d'ailes. Tous les points de pénétration possible de l'eau doivent être vérifiés, tels que les joints de pare-brise et de lunette arrière, ainsi que les pieds de portes. L'eau s'accumule également dans une partie creuse du plancher située sous le sac à capote.

Le cabriolet 504 offre le privilège de quatre vraies places confortables. Il est même l’un des rares en Europe à proposer cet avantage. C’est une voiture confortable et bourgeoise née pour le voyage et s’adressant à des couples installés dotés d’une progéniture.
L’intérieur se révèle moins chaleureux que celui du coupé et quelques bruits aérodynamiques sont à mettre au compte de la capote. Bien dessinés, les sièges offrent une bonne assise et l’on bénéficie d’une généreuse habitabilité à l‘avant. Plus limitées, les places arrière peuvent néanmoins accueillir deux passagers adultes dans de bonnes conditions.

On retrouve dans l’habitacle le même parti pris de sobriété que celui de la berline. L'ensemble apparaît banal et il faudra attendre longtemps pour constater de significatifs progrès dans ce domaine. Si on remarque la présence de lève-vitres électriques en série, peu courants à l’époque, il manque un compte-tours au tableau de bord. D'inspiration typiquement Peugeot, la finition de ce dernier, en particulier son fond à l’aspect métallique, sent l'économie. Ce qui paraît surprenant vu le caractère hors série de ces modèles et leur prix élevé.
La version 2 litres lancée au salon de Paris de 1970 voit l'apparition d'un compte-tours au tableau de bord.
Un nouvel intérieur marron et beige remplace l'ancien de couleur noire sur le millésime 1975.

Au salon de 1979, l’habitacle reçoit un traitement vraiment digne du design de la voiture, avec des boiseries à base d'essences nobles.
Une refonte du tableau de bord intervient en 1982. Orné désormais de deux grands cadrans abritant le tachymètre et le compte-tours, l'ensemble a beaucoup d'allure. Mais il est bien tard !

Le cabriolet 504 est un modèle spécifique doté d'un comportement routier qui lui est propre. La tenue de route apparaît comme l’un des points forts de la voiture, d’une remarquable homogénéité. Les éloges vont à la tenue de cap, ainsi qu’au comportement en courbes où le cabriolet s’inscrit parfaitement dans la trajectoire qu’on lui assigne.

On en vient naturellement à souhaiter une motorisation plus en rapport avec ses capacités routières. Même la version V6 paraît en dessous des limites d’exploitation, ce qui contribue à renforcer le sentiment de sécurité au volant. Il convient néanmoins de faire preuve de vigilance sur sol mouillé, où les roues motrices peuvent amorcer des mouvements de décrochage, qui seraient plus aisément contrôlables avec une direction moins démultipliée.

Le prix d'un cabriolet 504 dépend beaucoup de l'état de sa carrosserie, compte tenu du problème de corrosion. Pour un exemplaire en très bon état du modèle quatre cylindres, la cote s’établit à 12 000 €. Il faudra mettre au moins 2000 € de plus pour acquérir le rare V6 (977 exemplaires produits), malgré son appétit glouton (carburateurs et boîte à quatre vitesses).Le cabriolet 504 offre l’avantage d’être utilisable au quotidien, à l’image d’une voiture moderne — qu’il est d’ailleurs. Le soumettre à un tel usage ne présente aucune difficulté, comme le prouvent certains membres de « L’Amicale 504 CC » qui ne possèdent pas d’autre véhicule « moderne » aux yeux des assureurs. A condition d’être scrupuleusement entretenu, il dépassera largement les 200 000 kilomètres au compteur.

En produisant le cabriolet 504 dans une période bouleversée, Peugeot a eu le mérite de persister dans une voie que d’autres jugeaient condamnée. Le cabriolet était alors appelé à disparaître du marché, la plupart des grands constructeurs y renonçant. Le premier mérite de la voiture est donc d’exister.

Elégant et confortable, le cabriolet 504 affiche une personnalité bourgeoise dénuée de caractère sportif. « Aurait pu mieux faire », telle serait l’appréciation que l’on pourrait porter sur le modèle, justifiée par une mécanique trop proche de la berline. C’est une trentaine de chevaux qui manque au deux litres injection pour porter la lourde carrosserie. Pourquoi avoir puni le cabriolet en le privant du V6 à partir du millésime 1978 ? Certes la période n’était pas favorable aux décapotables. On rêvera toujours d’un cabriolet boosté par le moteur turbo de la 505…

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