dimanche 21 juin 2009

Déforestation: des dégâts à long terme pour une prospérité éphémère

Couper la forêt vierge pour améliorer le niveau de vie des populations vivant au bord de la forêt amazonienne au Brésil est une stratégie de court terme. La période de prospérité qui accompagne l’avancée de la ‘frontière’ est suivie par une période de déclin et un retour au point de départ pour les habitants de la région, expliquent Ana Rodrigues et ses collègues dans la revue Science publiée aujourd’hui.
Récemment, la demande accrue de maïs et de soja a accéléré la déforestation de la forêt amazonienne au Brésil. Ainsi, d'août 2007 à juillet 2008 près de 12.000 km2 ont été détruits, soit 4 fois plus que l'année précédente. Depuis l’an 2000, cette forêt primaire a perdu 155.000 km2, rappelle Ana Rodrigues (Cefe CNRS, France/ Université de Cambridge, GB / Institut supérieur technique de Lisbonne, Portugal).

Utilisant l’indicateur de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les chercheurs ont comparé le bien-être des populations de 286 communes vivant autour du bassin amazonien, avant et après la déforestation. Cette région du Brésil est l’une des plus pauvres et des moins développées du pays : cultiver la terre ou élever du bétail en gagnant sur la forêt est donc parfois considéré comme un moyen de développement pour ces populations.
De fait, au moment où la forêt est entamée, lorsque la frontière avec le monde vierge avance sous l’action de l’homme, l’IDH des habitants s’améliore et rejoint la moyenne nationale. L’arrivée de migrants, dont certains ont accès à des ressources financières importantes, ne suffit pas à expliquer ce boom, selon les chercheurs. C’est bien l’exploitation de la forêt qui fournit des richesses supplémentaires.

Cependant ce boom est transitoire et retombe lorsque la frontière se fige de nouveau. Au cours de l’après-déforestation l’IDH revient à son point initial, montre l’étude. Ce déclin est lié à l’épuisement des ressources naturelles (le bois) tirées de la forêt, ainsi qu’à l’épuisement des sols dégradés par l’élevage, analysent les chercheurs. Depuis les années 90, 75% des surfaces prises sur la forêt amazonienne ont été transformées en pâture et un tiers de ces pâtures a été abandonné.

Le nouveau dispositif liant la lutte contre l’effet de serre à la protection des forêts, mis en place dans le cadre des négociations internationales sur le climat, devrait aider les Etats à limiter ce gâchis. La Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation de la forêt (REDD) prévoit de rémunérer les pays qui préservent leurs forêts, sachant que sa destruction contribue pour une part importante (plus de 15%) aux émissions de gaz à effet de serre.

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