mercredi 15 avril 2009

L’Allemagne élargit le cercle des anti-Monsanto

Décidément, le maïs transgénique de Monsanto MON810 n’est pas en odeur de sainteté. L’Allemagne a annoncé hier qu’elle suspendait sa culture, rejoignant ainsi six autres pays européens contre l’avis de la Commission européenne.

Lors d’une conférence de presse, la ministre de l’Agriculture allemande, Ilse Aigner, a justifié cette décision par la possibilité que cette semence puisse présenter des dangers pour l’environnement.
"Ce n’est pas une décision politique, a-t-elle argumenté. Elle a été prise dans l’intérêt de l’environnement […] nous avons mené une étude rigoureuse pour peser le pour et le contre." D’après la ministre, cette décision a été motivée par "de nouveaux éléments scientifiques", en l’occurrence "deux nouvelles études" qui avaient amené le Luxembourg à prendre une décision similaire fin mars. Ces études mettent en évidence des incidences de la culture du MON810 sur des organismes non-cibles, non étudiés jusque-là, à savoir les papillons et les coccinelles.

En 2007, l’Allemagne avait déjà suspendu la culture de ce maïs, mais au cours de l’été, après la mise en terre des semences. En 2008, 4 000 hectares ont été cultivés, et pour 2009 des cultures avaient été autorisées sur 3 700 ha, soit environ 0,2 % de la surface de maïs cultivée dans le pays. Qui ne seront donc pas plantés.

"La décision allemande est particulièrement significative, analyse Arnaud Apoteker, chargé de campagne OGM chez Greenpeace, car l’autorisation de cultiver ce maïs est en cours de réévaluation par Bruxelles." Le MON810 est le seul OGM cultivé dans l’UE. Il a été homologué en 1998, pour dix ans. Seule une décision de la Commission, soutenue par une majorité qualifiée d’Etats de l’UE, pourrait mettre fin à la décision allemande. Or, les ministres de l’Environnement ont déjà mis leur veto début mars à une proposition similaire de la Commission visant à contraindre l’Autriche et la Hongrie à revenir sur leurs clauses de sauvegarde. Ce vote avait redonné espoir à la France et la Grèce. En effet, leurs interdictions de cultiver le MON810 doivent être soumises au vote des pays de l’UE prochainement.
"L’ambiance actuelle laisse à penser qu’elles seront maintenues", estime Apoteker. Même si la Commission rechigne désormais à fixer une date, en tout cas avant les élections européennes. Pour éviter un autre camouflet ?

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