lundi 23 février 2009

La fin de Rachida Dati ...



Considérée il y a un peu plus d'un an comme la protégée de Sarkozy, la soeur de Cécilia, la beurette favorite des Français, Rachida Dati est passée, aujourd'hui, au statut de fille-mère. En décidant de l'envoyer à Bruxelles, Sarkozy signifie que l'heure de la disgrâce a sonné : éditeurs et journalistes font passer le message.
Déboulonner les statues qu‘ils ont contribué à ériger, c'est le jeu favori des médias. Il y a un peu plus d’un an, le seul charme de Rachida Dati suffisait à excuser toutes les manifestations de ses insuffisances. Le livre d’entretiens («Je vous fais juges», Ed. Grasset) que la garde des Sceaux avait publié avec le journaliste Claude Askolovitch en était la démonstration. Pour la ministre, il s'agissait de contester les "ragots" qui couraient alors sur son compte.

Lors de la promo du livre, Claude Askolovitch s'était souvent fait l’avocat de Rachida : "Elle fait des conneries, comme tout un chacun, mais on lui réclame des justifications comme on n’en demande à personne – sur ses diplômes comme sur ses tailleurs Dior". Le livre, plutôt empathique à l’égard de la ministre, ne pouvait laisser indifférent le président de la République et son épouse d’alors, Cécilia, dont Rachida Dati disait qu’elle était sa "sœur".
Le vent a tourné, Sarkozy estime que sa ministre a atteint son seuil d’incompétence et surtout que le charme n’opère plus. Exil à Bruxelles, donc. Et plus question pour les éditeurs et les journalistes de servir la soupe à la Garde des Sceaux. Le livre "Belle amie" des journalistes M. Darmon et Y. Derai est une exécution en règle: il faut désormais tuer le soldat Dati !
Sur ordre ?

Yves Derai ne cache pas sa proximité avec Cécilia ex-Sarkozy. Il fut l’un des rares journalistes à interviewer la femme du président. Et l’ex-meilleure amie de Rachida en veut beaucoup à sa copine de l’avoir si vite oubliée. Darmon, de son côté, est le journaliste "embedded" de France 2 à l’Elysée et fréquente quotidiennement les proches du président. De quoi nourrir quelques doutes sur la genèse d’un tel projet et l’ambition d’un tel ouvrage.
Alors, certes, le livre abonde d’informations sur la proximité de Rachida et Cécilia, l’insistance de Rachida Dati à fréquenter les gens qui "comptent", usant de ses rencontres privées pour mettre sur pied un solide réseau parisien.
Beaucoup d’anecdotes aussi qui en disent long sur les méthodes Dati. Pendant des années, Rachida a ainsi envoyé des lettres à de très nombreuses personnalités "patrons, hommes et femmes, de gauche comme de droite, artistes, écrivains ou journalistes ont reçu de longues missives flatteuses et attendrissantes. Jusqu’au chanteur Alain Souchon …".
Certains passages ne laissent pas place au doute quant à l’identité de leurs inspirateurs. Les auteurs se font clairement les relais des impressions des sarkozystes historiques : "elle ne travaillait pas, c’était une donnée avec laquelle nous devions composer" commente l'un deux.

L’arrivée de Carla marque le début de la fin pour Rachida Dati. Et un nouveau chapitre du livre intitulé "aux noms du père" où les auteurs tentent d’identifier le père de la petite Zohra. Piste privilégiée des deux journalistes : Rachida Dati aurait succombé aux charmes d’un certain Ali Al Marri, procureur général du Qatar. Dans un de ses confidentiels, cette semaine, Le Figaro expliquait que l’intéressé démentait formellement être le père de la fille de Rachida Dati.
"L'affirmation selon laquelle je serais le père de l'enfant de Madame Rachida Dati est une pure contre-vérité. Mes avocats ont instruction de prendre toutes les mesures qui s'imposent", écrit-il dans une lettre adressée à l'ambassadeur du Qatar à Paris. Un démenti qui laisse sceptique Yves Derai : "Le procureur général du Qatar n’a pas envoyé de communiqué à la presse où il dément ces informations. C’est une brève du Figaro qui explique que l’ambassadeur du Qatar à Paris aurait reçu un démenti. Au Figaro, personne n’a su me dire si cette lettre existe".

"Ne l'envoyez pas au front, elle est nulle", avait imploré Edouard Balladur auprès de l'Elysée. À Matignon, la chose a vite paru entendue. Malgré la présence constante à ses côtés de Roger Karoutchi, le ministre chargé des relations avec le Parlement, qui est là pour la "coacher", Rachida Dati ne peut assumer seule un débat. À deux reprises, lors de réunions avec des parlementaires, François Fillon, agacé, a posé sa main sur le bras de sa ministre pour interrompre le flot de ses affirmations cassantes et démentir ce qu'elle venait d'affirmer." Rachida Dati, nulle ? Pour les adversaires de sa réforme de la carte judiciaire, aucun doute. Ils dénoncent l'autoritarisme et l'absence totale de concertation de la ministre.
Lors d'une visite à Agen, elle en a donné malheureusement une nouvelle illustration : "De mémoire de magistrat, on n'a jamais vu ça", écrivait La dépêche.

Pour la venue de leur ministre Rachida Dati, avocats, magistrats du siège ont été priés d'aller voir ailleurs s'ils y sont. Les audiences du matin ont été déplacées au tribunal d'instance rue Diderot. (...) Le Syndicat de la magistrature boycotta les réunions, dénoncant "une opération de communication", "l'absence totale de concertation", "une politique pénale tournée vers la répression" (...) "Il y a un précédent historique, c'est Marie-Antoinette, qui avait peur du peuple", s'était écrié Me Alain Miranda. Même disposition d'esprit de la part de la jeune garde représentée par Me Laurent Bruneau : "Tous les gardes des Sceaux qui sont venus ici ont reçu les avocats. C'est du mépris de sa part. La justice sans avocat, ça ne marche pas. Son attitude est intolérable". Pour mémoire, une des perles de la réforme de la carte judiciaire : après avoir, depuis des semaines, garanti que le tribunal des Sables d'Olonnes passerait au travers du kärcher rachidesque, voilà que tout à coup est annoncée la programmation de sa suppression. Le député-maire de la ville, Louis Guédon, UMP s'il-vous-plaît, s'insurge et présente un argument décisif : "une absurdité, quand on sait que le tribunal est flambant neuf puisqu'on vient d'y effectuer pour 6 millions d'euros de travaux !"

Ses décisions à l'emporte-pièces et son caporalisme passent d'autant plus mal qu'elle sacrifie à la mode "bling-bling glamour showbiz" du nouveau régime. Le reportage photo qui avait été publié par "Paris Match" est emblématique de cette dérive. Pas un voyage présidentiel à l'étranger sans que l'inévitable Dati n'en soit, pas une réception sans parade en robe couture : Forte de cette liberté, Dati en profite pour s'adonner avec volupté aux mondanités. Un article de Mediapart révélait ainsi le 26 mars 08, les folles dépenses de la ministre Rachida Dati : "Selon plusieurs éléments comptables et témoignages recueillis par Mediapart, le ministère de la Justice assiste depuis l’arrivée de Rachida Dati à sa tête à un dérapage budgétaire d’ampleur concernant les "frais de réception du garde des Sceaux". C'est une ligne comptable parfaitement officielle avec laquelle il est très difficile de tricher depuis la disparition des fonds secrets en 2001.

Pour l’année 2007, le budget prévisionnel de cette enveloppe que gère la Direction de l’administration générale et de l’équipement (DAGE) s’élevait à 210 000 euros. Moins d’un quart de cette somme avait été dépensé entre janvier et mai par Pascal Clément, le prédécesseur de Rachida Dati à la Chancellerie. Mais dès l’arrivée au ministère de l’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, les dépenses ont grimpé de manière vertigineuse pour finalement atteindre les 270 000 euros en décembre 2007. Soit un dépassement de 30% par rapport au plafond prévu. Parmi ces dépenses somptuaires figurait notamment l’organisation, le 21 juin 2007, d’une Fête de la musique dans les jardins de la Chancellerie et d’une "garden party", le 13 juillet 2008. Pour ces deux événements, les seuls frais de bouche (sans compter le personnel ou l’installation des tentes) ont, respectivement, coûté 26 832,49 et 57 467,51 euros. D’autres dépenses ont aussi fait tousser certains hauts fonctionnaires du ministère : des notes de repas (1 730 euros le 10 décembre, au restaurant le Pasco) ou d’hôtel (3 903 euros laissés à l’hôtel Tilsitt, à Paris, le 17 octobre).



Rachida Dati, qui aime à inviter au ministère des représentants du showbiz ou des patrons du CAC 40, a en effet multiplié les réceptions ces dernières semaines. «C’est le ballet incessant des traiteurs. Ça n’arrête pas !», observe un haut magistrat qui, soumis au devoir de réserve, a requis l’anonymat pour s’exprimer.
Et de douze ! En la personne de Mathieu Hérondart, qui a quitté son poste de directeur adjoint du cabinet de la ministre le 30 mai 2008, Rachida a perdu le douzième de ses collaborateurs : quelle hécatombe ! Le 16 mai, c'était Pierre Boussaroque, son conseiller diplomatique, qui l'avait quittée. "une demande a été transmise par le ministère de la Justice au quai d’Orsay pour lui trouver un successeur, écrit "Bakchich.info". Mais aucun diplomate ne s’est manifesté. "Personne ne veut y aller", soupire un pilier de la maison…" Pourquoi donc ? Citons "Libération" : "Colérique", "capricieuse" et "caractérielle" sont les adjectifs les plus employés chez les déçus de Dati. "Mais attention, ce n’est pas là le vrai problème.

On peut travailler avec des gens caractériels, ce qui est le cas de beaucoup d’hommes et de femmes politiques, à condition qu’ils soient compétents, qu’ils aient du fond et une vraie connaissance des dossiers", assassine un partant. Selon cet ex du cabinet, le seul véritable reproche à faire à la ministre serait "sa vision émotive et superficielle de la fonction. Le fait que sa principale préoccupation soit son image dans les médias."

En somme, et ne comptez pas sur nous pour pleurer sur son sort, Dati reçoit aujourd'hui un mérité retour de bâton. Même Sarkozy semble la lâcher "En apprenant que Sarkozy avait constitué une "task force" de 7 ministres qu'il réunit, en principe, tous les jeudis, Rachida Dati a piqué une crise : elle est allée jouer les pleureuses à l'Élysée, le 21 mai, et a demandé à être intégrée à ce groupe de choc. Argument principal : son absence de cette nouvelle instance l'affaiblit car cela accrédite l'idée qu'elle a perdu la confiance du grand chef...

Ses pleurs, en tout cas, n'ont pas porté pour le moment, puisque la garde des Sceaux n'a toujours pas été invitée à l'Élysée avec ses 7 collègues". Reste qu'au-delà de ces péripéties, Attila Dati est toujours en charge du portefeuille de la Justice et mène une politique pénale répressive désastreuse, en parfaite porte-flingue du populiste de l'Élysée.

En attendant confirmation ou pas, "Belle-Amie" a déjà rempli une partie de son objectif : faire officiellement entendre aux intéressés leaders d’opinion que Rachida Dati ne fait plus partie de la garde rapprochée du président. Mission accomplie : Le Figaro proposait ces derniers jours un article sur "la discrétion de Rachida Dati", expliquant que certains "la sentaient déjà partie".

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