dimanche 15 février 2009

Fouquet

Nicolas Fouquet, né à Paris, baptisé le 27 janvier 1615, mort à Pignerol le 3 avril 1680, vicomte de Melun et de Vaux, marquis de Belle-Isle était un homme d'État français. Il est issue d'une riche famille de commerçants devenue influente lors de sa reconversion dans la magistrature. Procureur général du parlement de Paris, surintendant des finances de Louis XIV pendant la minorité de ce dernier, il devient fabuleusement riche et protège de nombreux écrivains, artistes et courtisans.

Nicolas Foucquet est le second fils de François IV Fouquet, homme de confiance du Cardinal de Richelieu, conseiller au parlement de Paris, maître des requêtes de l'hôtel du roi puis conseiller d'État, et associé de la Compagnie des îles d'Amérique, et de Marie de Maupéou, issue d'une grande famille de la robe, femme charitable, estimée, bienfaitrice et considérée comme «mère des pauvres».

La famille Fouquet a fait fortune dans le commerce du drap avant de se reconvertir dans la magistrature. Contrairement aux prétentions de l'époque du clan Fouquet, la famille n'est pas d'extraction noble. Elle porte D'argent à l'écureuil rampant de gueules, avec la devise "Quo non ascendet ?" (" Jusqu'où ne montera-t-il pas ?"). Un "foucquet" est en effet, en patois des régions de l'Ouest (angevin), un écureuil. Comme les Maupéou, les Fouquet sont "une famille exemplaire de la Contre-Réforme", d'une spiritualité très proche de François de Sales et de Jeanne de Chantal. Sur les douze enfants survivants du couple, les six filles deviennent religieuses, tous les garçons sont tonsurés et deux d'entre eux sont évêques.

Dans un même esprit, c'est aux Jésuites du collège de Clermont (aujourd’hui collège Louis Le Grand) que ses parents confient l'éducation de Nicolas. Il reçoit un enseignement prestigieux, l’établissement bénéficiant de la protection du Roi, après de nombreuses années de tourmente.
Passionné de chimie et de pharmacie, le jeune Nicolas aide régulièrement sa mère à la préparation de médicaments pour les pauvres.

Des postes à responsabilité lui sont confiés en province comme trésorier de l’Abbaye Saint-Martin de Tours et il bénéficie du Prieuré de Saint-Julien de Doüy.
Après des études de droit et avoir passé sa licence avec succès, il s’inscrit au tableau des avocats.
Vers 1635, François Fouquet obtient pour son fils une charge au Parlement de Metz puis, Nicolas ayant fait ses preuves, une participation au Conseil Souverain à Nancy lui est octroyée.
En 1638 il devient associé de la Compagnie des Iles d’Amérique et succède ainsi à la part de son père. Il verra s’effondrer ses rêves de fortune quatre ans après, à la mort de Richelieu son protecteur.

Nicolas Fouquet se tourne vers la magistrature et l’administration, il est successivement intendant de justice à Grenoble, puis maître des requêtes, en 1647 à la fin de la guerre de Trente Ans il est nommé intendant de l’armée de Picardie, intendant de la généralité de Paris l’année suivante en 1653, résultat de son ascension professionnelle et sociale (il profita de son passage aux affaires pour augmenter sa fortune dans des proportions colossales), il accède enfin au poste de surintendant des finances.
De sa fortune acquise plus ou moins légalement, il est propriétaire de nombreuses demeures, l’hôtel de Castille, l’hôtel de Narbonne, l’hôtel d’Emery, il fait également bâtir une grande propriété à Saint-Mandé où il donne de très grandes réceptions et y invite la Cour, un avant goût du château de Vaux-le-Vicomte.

Homme à la grande notoriété, celle de mécène entre autre, il s’entoure des artistes de talent les plus en vue, Corneille, Le Brun, Lully, Vatel, Molière, La Fontaine…
Il n’en oublie pas pour autant ses fonctions et renfloue les finances de l’état, après le chaos financier de 1648, en imposant une réévaluation de la livre.
Louis XIV a dépensé inconsidérément, il a besoin d’argent pour entretenir ses fastes et payer ses régiments.
Les dépenses frénétiques du Roi aboutiront à une accalmie de courte durée, en 1654 les caisses de l’état sont de nouveau désastreuses, Nicolas Fouquet, ses fonctions et ses relations aidant (il crée de nouveaux impôts)
ainsi que son mentor le Cardinal de Mazarin devront s’engager sur leur propre fortune pour redresser une nouvelle fois les finances.

Après avoir fait l’acquisition de la vicomté de Vaux, il y fait bâtir dès 1653 une "maison de plaisance", les travaux colossaux en feront une demeure digne d’un roi.
Les terres en friches sont remplacées par un gigantesque et symétrique jardin à la française paré de cascades, de pièces d’eau et de dentelles de buissons, œuvre d’André Le Nôtre qui deviendra jardinier du Roi,
la vieille demeure fait place à un magnifique et imposant château bâti par un architecte de grande réputation, Louis Le Vau.
A l’intérieur, il fait installer une bibliothèque rayonnée de livres rares et précieux.
Nicolas Fouquet admire les littérateurs, ainsi il protège de célèbres auteurs tels que Molière et La Fontaine.
Après la Paix des Pyrénées, il se brouille avec Mazarin et cherche dès lors à se créer un parti, il achète Belle-Isle pour s’en faire une place de sûreté.

Il trouve un nouvel adversaire en la personne de Colbert (recommandé par Mazarin auprès du Roi) qui s’emploie à sa perte auprès de la royauté et dévoile les irrégularités de sa comptabilité.
L’éclat ostentatoire de la fête que Nicolas Fouquet offre à Louis XIV au somptueux château de Vaux-le-Vicomte pour l’apaiser, n’a pour effet que d’exaspérer l’orgueil royal et de rendre sa disgrâce inévitable.

L’acharnement de Colbert, son enrichissement personnel et ses malversations ont engendrés sa perte.
Quand Mazarin meurt en mars 1661, la faveur de Fouquet semble à son comble : il contrôle le Conseil privé du souverain, qui le charge de créer un Conseil du commerce et lui confie plusieurs missions de diplomatie secrète. Cependant, les critiques incessantes de Colbert à l'encontre de Fouquet finissent par porter leurs fruits : Louis XIV se défie de plus en plus d'un ministre jugé trop ambitieux. Contrairement à la légende, la fête extravagante de Vaux n'est pas la cause de l'arrestation de Fouquet : la décision du renvoi, de l'aveu même du roi, a été prise auparavant, le 4 mai. Elle s'explique principalement par l'impression de Louis XIV d'être joué par Fouquet : après lui avoir promis de revenir à une gestion plus saine de ses finances, le surintendant est retombé dans ses anciennes pratiques.

La résolution du roi se durcit quand Colbert (ci-contre) lui remet les rapports de son cousin, Colbert de Terron, sur les fortifications et l'armement de Belle-Île.

Deux éléments font obstacle à la chute du surintendant : de par sa charge de procureur général, Fouquet n'est justifiable que devant le Parlement, qu'il contrôle. Ensuite, le surintendant jouit de la faveur d'Anne d'Autriche. Colbert y pare méthodiquement : d'abord, il s'arrange pour que Fouquet propose spontanément au roi de vendre sa charge pour lui en remettre le produit. Ensuite, il gagne à la cause anti-Fouquet la duchesse de Chevreuse, vieille amie de la reine-mère. Si Fouquet est informé de ces menées, il n'en comprend pas le danger et au contraire, accumule les maladresses.
Alors que la cour est à Nantes pour les États de Bretagne, le 5 septembre 1661, Louis XIV ordonne à d'Artagnan d'arrêter le surintendant pour malversations. Visiblement surpris, Fouquet offre de faire remettre Belle-Île au roi et parvient à faire prévenir ses proches, qui n'utiliseront pas ce répit pour détruire ses documents les plus compromettants.

Le procès (ci-dessus représenté) durera plus de quatre ans et passionnera l’opinion publique.
Les deux crimes reprochés sont le péculat (détournement de fonds publics par un comptable public) et la lèse-majesté, passibles tous deux de la peine de mort.

Il est condamné au bannissement (la pendaison avait été requise par le procureur), peine que Louis XIV de sa haute autorité aggravera en détention perpétuelle.
Ses amis littéraires, Pellisson, Saint-Evremont, Madame de Sévigné, Mademoiselle de Scudéry publient des libelles pour défendre leur mécène, chose vaine, s’ils ont fait fléchir la Cour de Justice, leurs satires renforcent le jeune Roi dans sa décision, l’appel de La Fontaine à la clémence n’y fera rien, Louis XIV ne cèdera pas.
A la grande satisfaction de Colbert, Nicolas Fouquet est transféré à la forteresse de Pignerol, il est mis au secret absolu et meurt le 3 avril 1680 après 16 ans d’emprisonnement.

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