dimanche 22 février 2009

Emmanuel Pahud

Un accoutrement excentrique, un pull-over désuet, telle est l’image associée à de nombreux flûtistes depuis des décennies. Le Suisse Emmanuel Pahud renvoie pour sa part une image bien différente. Sur les couvertures de ses CD, il arbore un style lisse et élégant, il semble être à tout instant une gravure de mode tirée des premières pages des magazines. Mais il dévoile au fil de la conversation une personnalité réfléchie, introvertie. Sa fascination pour la flûte remonte à l’âge de cinq ans, lorsqu’il vit un jeune voisin répéter à Rome le concerto pour flûte n°1 de Mozart. Il n’aurait pas pourtant cru qu’elle deviendrait partie intégrante de son existence, il la considère aujourd’hui comme le « prolongement de sa respiration. »

Né à Genève le 27 janvier 1970, de parents français et suisse, Emmanuel Pahud commence ses études musicales dès l'âge de 6 ans à Rome, les poursuit à Bruxelles et obtient, en 1990, son Premier Prix au Conservatoire National Supérieur de Paris. Il se perfectionne ensuite auprès d'Aurèle Nicolet, également suisse, dont il dit : « il était sévère, mais drôle. » A 22 ans, il prend la place auparavant occupée par son maître, flûte solo à l’Orchestre Philharmonique de Berlin, dirigé à l’époque par Claudio Abbado.
« Cette expérience à l’orchestre de la Philharmonie de Berlin a énormément compté, » se souvient-il. Dans le même temps, il se consacre aussi à sa passion pour la musique de chambre et enseigne au Conservatoire de Genève. Mais les nombreux engagements et déplacements finissent par devenir pesants. Il n’a plus de temps pour sa famille et donne sa démission à effet immédiat en 2000. « C’était une période difficile, avec de nombreux problèmes, notamment familiaux. » Cependant, il fait son retour à l’Orchestre Philharmonique de Berlin en avril 2002 ; il n’avait pas été remplacé.



« Rattle, déclare-t-il, est exactement le type de chef d’orchestre que j’ai toujours apprécié. Il exploite toutes les facettes d’un musicien, il enchaîne le plus naturellement du monde Rameau, Haydn et Ligeti. Chaque programme est en quelque sorte un voyage d’exploration. » Car Pahud accorde une importance toute particulière à son caractère protéiforme. « Je veux découvrir la flûte des quatre coins du globe, en particulier ses débuts. » Avec Abbado, il a présenté une interprétation nonchalante des concertos pour flûte de Mozart, avec les solistes baroques, il a joué Telemann et Bach. Des œuvres rares telles que les concertos pour flûte d’Ibert et de Khatchaturian font partie de son répertoire.

Mais c’est pour le jazz qu’il a une affection toute particulière, c’est la musique qu’il préfère écouter pendant son temps libre. « Pour préparer Into the Blue, je me suis procuré des disques pour écouter le jeu des flûtistes de jazz. Je dois y être attentif pour éviter d’avoir un jeu trop classique, avec un vibrato trop rapide, un son trop perçant. En effet, le jeu des flûtistes de jazz est plus dépouillé que celui des musiciens classiques parce qu’ils sont souvent aussi saxophonistes et clarinettistes. » Peut-être pourrait-il mieux jouer qu’un spécialiste du jazz « un morceau déjà écrit. Mais je ne peux fournir une bonne interprétation qu’à partir du moment où je me libère de la partition. C’est alors que commence l’art, et que le jazz et le classique se rencontrent. »
Dans le cadre de la prochaine sortie de son enregistrement de l'intégrale des sonates pour flûte de Bach (EMI), il va réaliser une tournée avec Trevor Pinnock aux Etats-Unis, au Japon, en Asie du Sud-Est et en Europe.

Emmanuel Pahud joue avec les orchestres les plus prestigieux : Philharmonie de Berlin, London Philharmonic, Tonhalle de Zürich, Bayerischer Rundfunk, Mariinski, Minnesota Symphony, Camerata Salzbourg, Deutsche Kammerphilharmonie, Washington National Symphony, NHK Symphony, Scottisch Chamber Orchestras... Il a collaboré avec des chefs aussi prestigieux que Claudio Abbado, Simon Rattle, David Zinman, Lorin Maazel, Valery Gergiev, John Eliot Gardiner, Daniel Harding, Paavo Järvi, Mstislav Rostropovich and Itzhak Perlman...



En 2008-2009, il jouera avec le Cincinnati Symphony, le BBC National Orchestra of Wales et les Mahler et Franz Liszt Chamber Orchestras.
Parmi ses autres projets de saison, il enregistrera avec le Rotterdam Symphony Orchestra sous la direction de Yannick Nezet-Seguin et il se produira dans le concerto d'Elliot Carter avec la Philharmonie de Berlin sous la direction de Daniel Barenboim.
Il continuera d'interpréter les concertos de Matthias Pintscher, Michael Jarrell et Marc-André Dalbavie qui ont tous été enregistrés pour EMI.
En 1996, Emmanuel Pahud a signé un contrat d'exclusivité avec EMI couvrant les répertoires du concerto, du récital et de la musique de chambre. Il a enregistré de nombreux disques qui ont tous été acclamés par la presse spécialisée en France, en Allemagne et au Japon.

Pahud donne plus de 150 concerts par an, dont environ la moitié avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Il ne reste alors plus beaucoup de temps pour autre chose. Mais dès qu’il a un moment, il part pour Genève où habitent ses deux jeunes fils et leur mère.

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