dimanche 22 février 2009

Bannir l'alcool pour prévenir le risque de cancer ...

Dis-moi ce que tu manges et je te dirai... si tu risques davantage d'avoir un cancer. Dans une brochure destinée aux professionnels de santé, et mise en ligne le 17 février, l'Institut national du cancer (INCa) et la direction générale de la santé dressent l'état des connaissances sur les liens entre nutrition et cancer, et listent les facteurs de risque et de protection. "Avec les mesures de prévention que nous présentons, nous pouvons sauver des milliers de vie chaque année", affirme le professeur Dominique Maraninchi, président de l'INCa.
Depuis 2004, malgré les progrès en matière de diagnostic et de traitement, les cancers sont devenus la cause la plus fréquente de décès en France : en 2005, 146 000 personnes sont mortes du fait d'un cancer et 320 000 nouveaux cas ont été identifiés. Parmi les différents facteurs pouvant intervenir dans la survenue d'un cancer, l'alimentation joue un rôle désormais bien établi, soit pour favoriser le risque, soit pour s'en protéger. Le succès du livre Anticancer, de David Servan-Schreiber, est là pour témoigner de l'intérêt du public pour ce sujet.

L'INCa s'est appuyé sur l'expertise du réseau NACRe (National Alimentation Cancer Recherche) et sur le rapport élaboré en 2007 par le Fonds mondial de recherche contre le cancer (FMRC) et l'Institut américain pour la recherche sur le cancer. S'inscrivant dans le cadre du Programme national nutrition-santé (PNNS), la brochure dresse l'inventaire des facteurs nutritionnels et des modes de vie sur lesquels il est possible d'agir, tant individuellement que collectivement.

Vive les fruits, les légumes et l'allaitement. La consommation quotidienne d'au moins 5 fruits et légumes variés (au minimum 400 g/jour, sans privilégier un aliment plutôt qu'un autre) et d'aliments riches en fibres diminuent le risque de cancer. Pour éliminer les résidus de pesticides, il faut laver et, éventuellement, peler les fruits et légumes. Pour prévenir le cancer, l'allaitement maternel (si possible exclusif jusqu'à 6 mois) bénéficient à la mère et à l'enfant.

Zéro alcool. L'INCa l'avait déjà formulé dans une expertise collective : il est impossible de définir un niveau de consommation d'alcool qui n'ait pas d'effet sur la santé (Le Monde du 7 janvier 2008). La brochure précise : "L'augmentation de risque est significative dès une consommation moyenne d'un verre par jour." D'où la recommandation : "La consommation d'alcool est déconseillée, quel que soit le type de boisson alcoolisée (vin, bière, spiritueux, etc.)." Il n'est plus question de tolérer deux verres par jour pour les femmes et trois pour les hommes.

Dans l'organisme, le métabolisme de l'éthanol donne des produits provoquant des mutations de l'ADN. "L'important est de ne pas consommer d'alcool, quel qu'il soit, tous les jours. La prévention peut néanmoins rester agréable et s'accommoder d'une consommation festive occasionnelle", précise le professeur Maraninchi.

Pas de kilos superflus. L'objectif est de maintenir un poids normal (indice de masse corporelle - IMC - compris entre 18,5 et 25 kg/m2). Afin de prévenir le surpoids et l'obésité, l'INCa nous recommande de pratiquer, au moins cinq jours par semaine, au moins trente minutes d'activité physique d'intensité modérée (marche rapide) ou trois jours par semaine d'activité d'intensité élevée (jogging), en limitant la sédentarité (ordinateur, télévision, etc.). Une augmentation de l'IMC de 5 points correspond à une hausse du risque de cancer allant de 8 % (sein) à 55 % (oesophage).

Limiter les viandes rouges et les charcuteries. "La consommation de viandes rouges et de charcuteries est associée à une augmentation du risque de cancer colorectal", indique l'INCa. "Le risque de cancer colorectal est augmenté de 29 % par portion de 100 g de viandes rouges consommée par jour et de 21 % par portion de 50 g de charcuteries quotidienne."

Il convient donc de limiter à moins de 500 grammes par semaine la consommation de viandes rouges et de compléter l'apport de protéines en alternant viandes blanches, poissons, oeufs et légumineuses. De plus, mieux vaut limiter la consommation de charcuteries, en particulier celles très grasses ou très salées.

Attention au sel. "La consommation de sel et d'aliments salés augmente le risque de cancer de l'estomac", prévient l'INCa. En France la moyenne des apports journaliers en sel est estimée à 8,5 g/jour, sachant que deux tiers des hommes et un quart des femmes ont des apports dépassant 8 g/j. L'Organisation mondiale de la santé recommande de limiter à un maximum de 5 g/jour les apports quotidiens de sel.

Haro sur les compléments alimentaires à base de bêta-carotène. Présent dans de nombreux fruits et légumes (carottes, choux verts, épinards, abricots...), le bêta-carotène a des propriétés antioxydantes. Bien que les besoins nutritionnels soient facilement couverts par une alimentation "variée et équilibrée", de nombreux compléments alimentaires sont actuellement proposés. "A fortes doses (20 à 30 mg/jour), l'utilisation (de ces compléments) n'a pas d'effet protecteur sur le risque de divers cancers." A l'inverse, leur consommation à de telles doses par des personnes exposées à des cancérogènes comme le tabac "augmente significativement le risque de cancer du poumon".

Sur le Web : www.e-cancer.fr

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