samedi 7 février 2009

Armel Le Cleac'h



Armel Le Cleac'h (Brit Air), benjamin des 11 rescapés du 6e Vendée Globe, a coupé la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne samedi à 09 h 41 après moins de 90 jours de mer, damant le pion à ses aînés après une fin de course éprouvante. Le skipper est arrivé avec un bateau à bout de souffle samedi après 89 jours, 20 heures 35 minutes et 45 secondes de course - au classement officiel 89 jours, 9 heures 39 minutes et 35 secondes avec la bonification - soit cinq jours, six heures et trente minutes après le vainqueur Michel Desjoyeaux.

En raison du jeu des bonifications, Armel Le Cleac'h ne saura cependant s'il conserve sa place de deuxième qu'à l'arrivée de Marc Guillemot, attendu entre mardi et mercredi. Car si le skipper breton a obtenu 11 heures pour s'être rendu au secours de Jean Le Cam (VM Matériaux) début janvier, son suiveur Marc Guillemot (Safran) a, quant à lui, récupéré 82 heures après avoir été dérouté par la direction de course mi-décembre pour venir à l'aide de Yann Eliès (Generali). Restent 71 heures. Si Marc Guillemot arrive au-delà de ce délai, ce qui est probable, Armel Le Cleac'h pourra savourer cette deuxième place bien méritée après une remontée de l'Atlantique éprouvante qui a mis à mal son bateau. "Une fin de Vendée Globe dantesque !" comme il le disait lui-même vendredi lors d'une vacation avec son équipe.



En un peu plus de 89 jours et 20 heures, le skipper de Brit Air s'empare de la deuxième place de la course, pour son plus grand bonheur. «Sincèrement, je ne m'étais pas fixé d'objectif sportif, de classement précis car la route est tellement longue... Partant pour un premier tour du monde sans expérience, je m'étais dit : je vais faire ma course, bien gérer mon bateau et naviguer propre pour finir. Je me disais juste : j'aimerais bien que la place ne soit pas trop mal. Et c'est le cas. Elle va être superbe si ça se termine bien…», expliquait-il vendredi. Tout s'est bien terminé pour celui que ses adversaires surnomment Le Chacal même si la dernière semaine de mer aura peut-être été la plus difficile.



Une tempête dans le golfe de Gascogne a ainsi mis à mal la casquette de son monocoque (prolongement du roof qui protège l'espace de manœuvre dans le cockpit) et fait sortir de son logement e chariot de têtière de grand-voile.
Plus de peur que de mal cependant pour le skipper de Brit Air qui a su se sortir sans trop de dégâts de cette dernière dépression et qui ramène au port un bateau en «bon état.» «Il commence à y avoir quelques petits bobos mais les principales pièces du bateau sont en bon état. Après, il y a des petits soucis», indiquait-il encore vendredi. Vainqueur de la Solitaire du Figaro en 2003, le Morlaisien aura réussi une course parfaite.



Au contact des meilleurs durant la descente de l'Atlantique, il a su ensuite géré son matériel au mieux dans les mers du Sud qu'il découvrait cette année. «J'ai eu une première phase d'adaptation dans l'Indien. J'ai découvert des conditions de mer et de vent qu'on allait rencontrer pendant un mois. Au début, on est un peu surpris même si je m'y étais préparé. Quand on y est plongé, on se dit que cela ne va pas être une partie de plaisir. Mais je me suis adapté à la gestion du bateau dans ces conditions-là. Je suis resté sur une certaine logique un peu conservatrice au niveau de la vitesse. J'ai privilégié la préservation du matériel. Au final, cela a été positif car on faisait partie de ceux qui étaient encore présents au cap Horn», se réjouit-il.

Et tandis que les favoris cassaient les uns après les autres (Dick, Eliès, Peyron, Jourdain, Le Cam, Riou), Le Cléac'h, lui, traçait sa route vers l'arrivée. Qui veut voyager loin, ménage sa monture, indique le célèbre proverbe. Le jeune trentenaire (31 ans) en a fait sa devise et est récompensé de sa tactique et de ses efforts avec cette deuxième place aux allures de victoire tant Michel Desjoyeaux évoluait sur cette course sur une autre planète.

«Certains avaient le potentiel pour l'inquiéter, mais ils ont abandonné. En imprimant un rythme très élevé, Michel a fait craquer les autres. Sa course a été quasi parfaite», estime-t-il dans Ouest-France avant de mettre en avant sa propre performance que certains, du fait des nombreux abandons, seraient tentés de minimiser. «Ma deuxième place n'est pas inespérée, elle est plutôt méritée car cette place j'ai été la chercher.» Et personne, désormais, ne pourra la lui reprendre…

À 31 ans, le jeune Breton termine avec brio son premier tour du monde après avoir été vainqueur en 2003 de la Solitaire du Figaro et en 2004, avec Nicolas Troussel, de la Transat AG2R. Surnommé "Le Chacal" pour sa ténacité, il a prouvé lors de cette course autour du monde en monocoque à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance, une grande maîtrise du début à la fin, restant toujours près des leaders tout en ménageant au maximum son bateau. Derrière lui, Marc Guillemot (Safran) et Samantha Davies (Roxy) sont toujours au coude à coude au milieu de l'Atlantique Nord.


A 30 ans, Armel Le Cléac’h impressionne : fort d’un palmarès déjà bien garni, il dispose d’une réputation établie de gagneur et de battant. Rigoureux, méthodique, ce Saint-Politain d’origine n’en est pas moins posé et souriant : des qualités qui lui ont permis de s’imposer dans le monde de la voile et de devenir l’un des skippers les plus respectés du circuit.
Mais la voile, à l’origine, c’est une histoire de famille. Baigné dès son enfance dans les courants de la baie de Morlaix, Armel s’est très rapidement passionné pour cette discipline, au point de se lancer dans la compétition, en Optimist, dès l’âge de 9 ans. Et là, tout s’enchaîne : intégrant rapidement l’équipe du Finistère, il se fait un nom et passe au 420 puis au Figaro.



Il choisit de devenir skipper professionnel en 1999, après sa victoire au « Challenge Espoir Crédit Agricole » et se voit confier un Figaro Bénéteau et le budget pour participer à deux saisons sur ce circuit. « J’aurais pu également continuer mes études, mais j’avais de bons résultats sportifs et j’ai décidé de me consacrer entièrement à la compétition. Je voulais aller au bout de mon objectif : remporter la Solitaire du Figaro » confiait-il à l’époque. Déterminé et lucide, le navigateur ne regrettera pas son choix, finissant second au général et premier bizuth de cette course en 2000. « Cela a représenté un véritable virage pour moi » avoue-t-il.
Il ne lui faut alors pas longtemps pour réaliser son grand rêve : il gagne la Solitaire du Figaro et est sacré Champion de France de la Course au large en solitaire en 2003. Puis, un an plus tard, il remporte, avec son compère Nicolas Troussel, la 7ème édition de la Lorient-St Barth. Ces résultats exceptionnels lui valent d’être contacté par Alain Gautier pour le remplacer sur le trimaran « Foncia » jusqu’à fin 2005.



Aujourd’hui, Armel s’apprête à voguer vers de nouveau défis. Poussé vers le large par le sponsoring de Brit Air, il annonce, avec le calme et la détermination qui lui sont propres, qu’il compte bien être au rendez-vous des courses majeures de 2006, 2007 et 2008. Nul doute que le dynamisme et le soutien apportés par Brit Air vont lui permettre de mettre le cap vers de belles et nombreuses victoires, en faisant honneur aux valeurs qu’il partage avec Brit Air : performance, technologie, esprit d’équipe, aventure, environnement, rigueur et ténacité !

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