jeudi 8 janvier 2009

Le Krakatoa


Le Krakatoa, ou Krakatau en indonésien, est un volcan gris — volcan de type explosif — de la ceinture de feu du Pacifique. Il forme un archipel de quatre îles principales dans le détroit de la Sonde en Indonésie, entre Sumatra et Java. Sa géographie a été bouleversée au moins à deux reprises, au cours des deux grandes éruptions des années 416 ou 535 et 1883. Malgré ces événements, l'archipel accueille une vie animale et végétale riche, notamment grâce au climat tropical dont il bénéficie. L'archipel fait partie du parc national d'Ujung Kulon classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le volcan est surtout connu pour son explosion du 27 août 1883, une des plus violentes de mémoire d'homme, qui tua plusieurs dizaines de milliers de personnes et engendra un tsunami dont les vagues furent alors perceptibles jusqu'en Europe. Cette catastrophe a grandement inspiré la littérature, le cinéma, la télévision et la musique.
Au XXe siècle, le volcan donne naissance à une nouvelle île, l'Anak Krakatau ou " enfant du Krakatoa", offrant un terrain d'études à de nombreux scientifiques. Le site du volcan est toujours actif mais le risque d'un nouvel évènement de grande ampleur semble relativement limité.

Jusqu'à cette journée fatidique, Krakatoa est une île qui mesure neuf kilomètres de long sur cinq kilomètres de large. Elle est couverte d'une végétation luxuriante typique des régions tropicales humides, mais déjà une activité sismique intense se fait sentir dans la région du volcan, jusqu'en Australie.
Dormant depuis 1681, Perboewatan se réveille le 20 mai 1883 en émettant des panaches de vapeur et de cendres jusqu'à six kilomètres de haut et un son audible jusqu'à Batavia, l'ancienne Jakarta. L'activité décroît pendant quelques semaines, mais, le 19 juin, de nouvelles explosions se produisent, puis le 20 juillet un nouveau cône se forme selon toute vraisemblance entre Perboewatan et Danan. Le 11 août, l'activité gagne encore en intensité avec des panaches s'élevant en pas moins de onze points distincts. Les bateaux continuent pourtant à emprunter le détroit de la Sonde : celui qui passe le 14 août navigue dans l'obscurité pendant quatre heures, tellement les émissions de cendres sont épaisses.

L'"apocalypse" commence le 26 août 1883 à 13 heures locales (UTC+7) : une violente explosion est entendue à plus de cinquante kilomètres du volcan, suivie d'une autre, encore plus forte vers 14 heures, puis d'une série de détonations sans cesse plus violentes jusque vers 17 heures. L'explosion de 14 heures est accompagnée d'abondantes projections de cendres propulsées jusqu'à plus de vingt-sept kilomètres de hauteur et dont une autre partie retombe, recouvrant tout dans un rayon de 160 kilomètres autour du Krakatoa, plongeant la région dans une nuit totale.

À 10 heures 02 minutes, le 27 août, survient enfin une explosion effroyable ; le bruit le plus fort entendu par des oreilles humaines est audible dans toutes les Indes néerlandaises bien sûr, mais aussi à Alice Springs dans le centre de l'Australie et à l'île de Rodrigues dans le sud-ouest de l'océan Indien, situées respectivement à 3 500 et à 4 800 kilomètres du Krakatoa. Le bruit de l'explosion est entendu sur environ un douzième de la surface de la terre, ce qui en ferait le phénomène sonore le plus important de l'histoire humaine. À 160 kilomètres de distance, il atteint encore 180 décibels. L'éruption plinienne atteint le niveau 6 sur l'échelle d'explosivité volcanique, développe une énergie correspondant à 13 000 Little Boy et expulse entre 10 et 20 km3 de matière dans l'air. Quelques vitrines éclatent, des becs de gaz s'éteignent.

Des vagues colossales — peut-être aussi hautes qu'un cocotier — déferlent à plusieurs reprises les 26 et 27 août sur les côtes de Java et de Sumatra. Dans les régions basses bordant le détroit de la Sonde, tout est balayé, détruit, tordu, emporté. À Merak, une vague de quarante-six mètres déferle sur la ville ; quand elle se retire, rien n'indique que l'endroit ait été habité. À Teluk Betung, grand port de la région de Sumatra, l'eau monte de vingt-deux mètres, nivelant tout. Une oscillation anormale des eaux est enregistrée par les marégraphes jusque dans le golfe de Gascogne et dans la Manche à 18 000 kilomètres du lieu de la catastrophe. Elle a probablement été causée par une onde de choc aérienne résultant de l'explosion, car elle s'est produite trop tôt pour être un reliquat du tsunami.

Ces ondes de choc ont circulé plusieurs fois autour du globe et sont encore détectables à l'aide de barographes cinq jours plus tard.
Vers midi, une pluie de cendres chaudes s'abat autour de Ketimbang à Sumatra et un millier de personnes sont tuées par ces simples retombées, sans compter les victimes des tsunamis successifs. Cet évènement unique serait dû, selon Verbeek et d'autres historiens et scientifiques, à une déflagration latérale ou à une nuée ardente au raz de l'eau similaire à celles de la montagne Pelée en 1902 et du mont Saint Helens en 1980, si bien que le nord-ouest de Ketimbang est épargné grâce à la protection jouée par l'île de Sebesi.
De plus faibles éruptions se déroulent jusqu'à mi-octobre. Verbeek dément les témoignages selon lesquels le volcan aurait été actif des mois après l'explosion principale, en les mettant sur le compte des vapeurs provenant de roches encore chaudes, des glissements de terrain causés par une mousson particulièrement intense et des hallucinations provoquées par des phénomènes électriques. Au final, aucune nouvelle éruption ne se produit avant 1913 et l'île de Krakatoa a presque entièrement disparu, laissant uniquement le cône éventré de Rakata au sud.

L'enfant du Krakatoa

Verbeek, dans son rapport sur l'éruption, prédit que toute nouvelle activité se manifestera dans la zone comprise entre les anciens cônes de Perboewatan et Danan. Cette prédiction s'avère juste puisqu'en 1927 des signes d'éruption sous-marine surtseyenne sont observés par un réseau de scientifiques à cet endroit, tandis que la population est mise à l'abri craignant la retombée des blocs qui sont propulsés à 1 200 mètres d'altitude. Quelques jours plus tard, une nouvelle île volcanique, Anak Krakatau ("l'enfant de Krakatoa"), émerge de 9 mètres au-dessus de la surface. Initialement, les éruptions sont constituées de ponces et de cendres, et l'île, ainsi que deux bancs, sont rapidement érodés ; mais finalement Anak Krakatau gagne rapidement sur la mer en raison de la quantité et de la vitesse d'émission des matériaux pour se stabiliser en août 1930.
Depuis, près de quarante éruptions se sont succédé, la dernière étant en cours depuis le 27 octobre 2007, et ont progressivement fait grandir l'île à un rythme moyen de cinquante centimètres par mois. Le premier cône atteint 67 mètres d'altitude en 1933 et 138 mètres en 1950 mais, à cause de l'érosion, il s'ouvre à plusieurs reprises à la mer entre ces deux dates. Par la suite, un second cône commence à apparaître, au fond du lac ainsi formé à l'intérieur du cratère, correspondant à un remplacement progressif des émissions de cendres par des coulées de lave qui finissent par combler le lac et rendre plus résistants les flancs du volcan à l'érosion. En 1960, le nouveau cône atteint 30 mètres, puis 160 mètres en 1968 et 181 mètres en 1977. Aujourd'hui, haut de plus de 300 mètres pour trois à quatre kilomètres de diamètre, Anak Krakatau offre d'exceptionnels sujets d'études aux volcanologues et aux botanistes. Actuellement, l'accès est officiellement interdit aux civils sur un rayon de trois kilomètres autour de l'île.

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