mardi 6 janvier 2009

Benoît XVI contre la théorie du genre ...

C'est par une critique de la théorie du "genre" que Benoît XVI a abordé le sujet lundi devant un parterre de cardinaux et de prélats réunis au Vatican pour son traditionnel discours de fin d'année. "L'ordre de la création" est remis en cause par "ce que l'on désigne communément par le terme 'gender'", a-t-il déploré.
Le pape Benoît XVI a plaidé lundi pour "une écologie de l'Homme" fondée sur le respect de la distinction entre hommes et femmes, prenant avec vigueur le contre-pied de la théorie du "genre" qui risque selon lui de conduire le genre humain à "l'autodestruction".
La théorie du genre, qui a pris naissance aux Etats-Unis dans les années 1970, avant de gagner les sciences sociales en Europe, établit une distinction entre l'appartenance sexuelle et le rôle assigné par la société aux individus selon leur sexe, ainsi qu'entre l'identité biologique et la façon dont elle est vécue par chacun.
Les mouvements LGBT et queer ont été le vecteur de diffusion de cette théorie vivement combattue par l'Eglise catholique.
Le pape a dénoncé "ce que l'on désigne communément par le terme 'gender' qui se traduit en définitive par l'émancipation de l'homme de la création et de son créateur".
Il a souligné que lorsque l'Eglise catholique prend la défense de la Création, oeuvre de Dieu, "elle ne doit pas seulement défendre la terre, l'eau et l'air (...) mais aussi protéger l'homme contre sa propre destruction".
Benoît XVI a consacré à ce thème un large passage de son traditionnel discours de fin d'année devant la Curie, le gouvernement de l'Eglise catholique rassemblée au Vatican pour entendre le bilan qu'il a tiré de l'année 2008.

Cette théorie du genre est dénoncée de longue date par les évêques américains et les commissions spécialisées du Vatican, mais c'est la première fois que Benoît XVI en parle explicitement.
Alors que la préoccupation écologique se généralise à travers le monde, le pape a souligné que "si les forêts tropicales méritent notre protection, l'homme (...) ne la mérite pas moins", a-t-il résumé avant de plaider une fois de plus pour le mariage, "lien de toute la vie entre un homme et une femme"..
"Une écologie de l'homme, justement comprise, est nécessaire", a-t-il estimé, ajoutant que "parler de la nature de l'être humain comme homme et femme et demander que cet ordre de la création soit respecté ne relève pas d'une métaphysique dépassée".
"L'homme veut se faire seul et disposer seul de ce qui le concerne, mais en agissant ainsi il vit contre la vérité, il vit contre son créateur", a-t-il déclaré.
Le pape Benoît XVI a heurté de front les homosexuels avec un discours de fin d'année présentant la confusion des sexes comme une menace aussi grave pour la survie de l'humanité que les changements climatiques.
La nouvelle charge du pape contre ce qu'il présente comme une négation de la sacro-sainte "loi naturelle" a suscité de vives critiques parmi les associations et personnalités homosexuelles, en Italie comme à l'étranger.
Elle a été d'autant plus mal perçue qu'elle intervenait juste après le refus par le Vatican de s'associer à l'appel à la dépénalisation universelle de l'homosexualité lancé le 18 décembre de l'ONU par 66 pays.

"Il s'agit de la énième attaque homophobe de ce pape", a déclaré à l'AFP Gustav Hofer, co-réalisateur du documentaire "Soudain l'hiver dernier" sur la vie d'un couple homosexuel en Italie.
"Le Vatican parle de l'homosexualité ou de la transsexualité comme si c'était un caprice, jamais une souffrance", dénonce-t-il, ajoutant que l'Eglise catholique "réduit l'orientation sexuelle à l'acte sexuel, comme si cela n'avait rien à voir avec l'identité de la personne".
"Nous sommes des gens comme les autres et n'avons pas à être désignés comme des pêcheurs du seul fait d'être transgenre", a estimé Vladimir Luxuria, transsexuel et ancien député communiste.
En Grande-Bretagne, Sharon Ferguson, directrice générale du Mouvement chrétien gay et lesbien, a qualifié les propos du pape de "totalement irresponsables et inacceptables sur le fond comme sur la forme".
"Le pape propage la crainte que les homosexuels menacent la planète. C'est tout simplement aberrant", a estimé Giles Fraser, président d'Inclusive church, un mouvement anglican pro-homosexuel.
"Ces commentaires trahissent un manque d'ouverture face à la complexité de la création", selon l'ancien religieux dominicain Mark Dowd, homosexuel et militant pour le groupe écologique chrétien Operation Noah.

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