vendredi 9 janvier 2009

Barack Obama pourra-t-il ?

"Oui, nous pouvons !"
A dix jours de sa prise de fonctions, le monde entier tourne les yeux vers le 44e président des Etats-Unis et croise les doigts pour que son slogan de campagne devienne réalité : "Oui, il peut" ... sortir son pays de la récession et le reste de la planète avec. Les plans de relance anglais, français, espagnol, brésilien, japonais ou même chinois auront sans nul doute un effet. L'effondrement du prix du pétrole de 100 dollars en six mois apporte un gain de pouvoir d'achat considérable pour les ménages et contribuera aussi sérieusement à redynamiser la consommation. Mais il reste que l'économie américaine demeure un des moteurs de l'économie mondiale et que tout se joue là-bas, aussi bien l'ambiance sur les marchés financiers globaux avec leurs vastes conséquences que, finalement, le moral général. Ceux qui décrivent pour s'en réjouir le déclin américain feraient bien de méditer la période.

Sauveur, Barack Obama doit l'être. Il a été bien élu, il est déterminé, il est pragmatique, il a une très bonne équipe. Toutes les conditions sont réunies pour qu'il soit au rendez-vous de l'histoire. Mais il faut bien mesurer que ce qu'il a à faire pour redresser l'économie de son pays est cyclopéen. D'abord à cause de l'ampleur du drame. La chute de 20 % en moyenne du prix de l'immobilier depuis trois ans et les pertes en Bourses représentent en tant que telles un appauvrissement inédit des ménages américains qui les conduit à cesser d'emprunter et qu'à l'inverse, pour la première fois depuis des lustres, ils commencent à rembourser, donc à épargner. Au total, le resserrement de ceinture du ménage américain représente par rapport à la période antérieure un manque de dépense d'environ 10 % du PIB. C'est autant que Barack Obama devra compenser par son plan de relance, faute de quoi la croissance restera négative, la récession durera. Cela représente des sommes titanesques, 1.500 milliards de dollars. Or le déficit public américain, avant ce plan, est déjà monté à plus de 8 % du PIB. On s'installe donc dans des niveaux stratosphériques que les économies ne fréquentent pas, sauf en temps de guerre.

Mais en parallèle, de ce renflouement herculéen de l'économie américaine par l'Etat, Barack Obama doit accomplir une tâche encore plus ardue : réinstaller un mode de croissance durable. Car ce qui est en crise depuis les subprimes est précisément cette croissance américaine par endettement infini des ménages privés. L'Etat peut s'y substituer dans l'urgence, il le doit, mais le remède ne peut durer éternellement. Au contraire, il doit au plus vite cesser ! Sauf à imaginer que les Etats-Unis deviennent l'URSS, la croissance ne peut se fonder sur l'endettement public en lieu et place de l'endettement privé. Obama doit inventer un nouveau modèle de dynamisme.
La difficulté est que sans endettement l'économie américaine a tendance à stagner. Les Etats-Unis sont l'inverse de la Chine à cet égard, qui produit et épargne. Toute la question de la reprise va se jouer là : un rebond fort est malheureusement peu probable en l'état. Car les forces de stagnation sont installées : le chômage touchera 9 % da la population active, le déficit abyssal des comptes publics va faire redouter aux ménages une hausse des impôts, ce qui va accroître leur tendance à l'épargne, le prix de l'immobilier semble devoir continuer à piquer du nez (- 15 % dans l'année qui vient), ce qui enracine le mal : l'appauvrissement des ménages.

La stratégie que doit emprunter Obama est assez bien tracée : copier le modèle européen. Si le ménage de Kansas City s'endettait, c'est parce que le salaire médian a baissé de 2.000 dollars depuis dix ans. Il faut dès lors installer une remontée et une stabilisation des revenus des ménages au travers d'un système de sécurité sociale (santé et retraite).
Mais ça ne suffira pas. Pour retrouver la croissance durable antérieure de 4 %, le nouveau président devra ensuite dépasser le modèle européen en relançant une production à fort potentiel de productivité dans son pays. L'Amérique ne fabriquait plus, elle doit retrouver une compétitivité. Tâche homérique qui doit surtout éviter le protectionnisme, lequel mettrait le feu à la planète.

Notre président ... à tous a beaucoup de travail !

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